Toutes les institutions théocratiques en général sont des signes et des gages de la position particulière dans laquelle Israël se trouve placé vis-à-vis de Dieu par suite de l’alliance. Exode 31.13,16-17 le disent expressément en parlant du Sabbat. Mais c’est la circoncision qui est à proprement parlerq le signe de l’alliance. Elle est un symbole permanent des obligations du peuple envers Dieu, comme aussi de ses prérogatives. Ce n’étaient pas seulement les Israélites qui devaient être circoncis, mais aussi, comme nous l’avons vu § 82, les esclaves nés ou achetés, et reçus dans la maison comme des membres de la famille (Genèse 17.12-27 ; Exode 12.44-48). On l’administrait le huitième jour, alors que, d’après Lévitique 12.2, la mère et l’enfant qu’elle nourrissait cessaient d’être considérés comme impurs.
q – Genèse 17.11,13. Alliance dans leur chair.
[De même ce n’était qu’au bout d’une semaine que les animaux pouvaient être offerts en sacrifice ; Exode 22.30 ; Lévitique 22.27. Voyez plus tard § 123. — cette explication nous paraît plus naturelle que celle de Kurtz, qui dit que le 8e jour est le 1er après la première semaine et que cela indique que la circoncision ouvre une nouvelle période de la vie.– Les Arabes ne circoncisent leurs fils qu’à l’âge de 13 ans, qui est celui où Ismaël fut circoncis (Genèse 17.25).]
Quand on parle de la circoncision, il importe d’en bien distinguer l’origine historique et l’importance religieuse. Il se peut fort bien qu’elle ait existé déjà chez diverses peuplades avant d’avoir été introduite dans la famille d’Abraham ; Gen. ch. 17 en parle comme d’une chose connue. Mais il ne s’ensuit point qu’il faille avoir recours au paganisme pour expliquer le sens de cette cérémonie dans l’A. T.r
r – Comme le fait par ex. Baur dans la Gazelle de Tubingue. 1832, 1er cahier.
Au reste, rien de moins clair que l’origine historique de la circoncision chez les peuples païens. Il est peu probable qu’un usage aussi répandu se soit propagé à partir d’un point unique. Diodore l’a trouvé chez les Troglodytes, et récemment on l’a signalé chez les Polynésiens. Une chose à peu près certaine, c’est que la circoncision a été pratiquée dès les plus anciens temps chez quelques peuples non japhétiques de l’Asie et de l’Afrique. Il se peut fort bien qu’Hérodote ait raison, lorsqu’il en attribue l’invention aux Egyptiens, d’où elle se serait répandue chez les habitants de l’Ethiopie et de la Colchide (Hér. 2.104 et 36). C’est d’après Hérodote que parlent Diodore (Biblioth. 1.28), et Josèphe (Antiq. 8.10, 3 et Contra Apocalypse 1.22). L’A. T. ne fournit aucun renseignement certain sur la circoncision en Egypte. Josué 5.9, n’entend point la circoncision ou plutôt le prépuce, par cet opprobre d’Egypte qui est roulé de dessus le peuple. Voici le sens de ce passage : Ce que les Egyptiens répètent, que votre Dieu ne vous a fait sortir de leur pays que pour vous détruire dans le désert, est maintenant manifestement faux, puisque voici le signe de l’alliance qui est rétablis. Jérémie 9.25, qu’il faut traduire : « Je visite tous les circoncis qui sont incirconcis » (de cœur), « à savoir l’Egypte, Juda, Edom, les Ammonites, Moab, etc., » semble témoigner en faveur de l’usage de la circoncision en Egypte, mais aussi chez bien d’autres peuples voisins. Pour les Edomites, qui descendaient d’Abraham, on peut supposer que dans le principe ils ont pratiqué la circoncision ; mais ils l’auront probablement négligée plus tard, puisque d’après Jos. Antiq. 13.9, 1, Hyrcan a dû avoir recours à la force pour la leur faire acceptert. Quant à la manière dont elle s’est introduite chez les Ammonites et les Moabites, on n’en sait absolument rien. Lot s’est séparé d’Abraham avant Gen. ch. 17u. Mais pour en revenir à Jér. ch. 9, il se pourrait fort bien, à cause du jeu de mots du v. 25, ערלים (les Gentils) ערלא–לב (les Israélites), qu’il n’y soit aucunement question de circoncision chez tous ces peuples païens, et qu’il faille prendre מול au v. 24 dans un sens plus large, et y voir non pas la circoncision, mais tel ou tel usage superstitieux, comme par exemple celui en vertu duquel on se rasait les tempes en l’honneur du dieu Orotal (Hérodote 3.8), usage qui du reste est expressément mentionné dans ce passage et que condamne Lévitique 19.27. — D’un autre coté, on n’a pas davantage le droit de conclure de Ézéchiel 31.18 ; 32.19, que les Egyptiens ne pratiquaient pas la circoncision, car le mot Arel, ערל, être incirconcis, paraît y avoir aussi une signification moins précise. Philon, dans un écrit spécial sur cet objet, dit qu’en Egypte la circoncision était surtout l’affaire des prêtres ; et Origène, qu’eux seuls s’y soumettaient. Il est possible que les prêtres fussent obligés de se faire circoncire et que la chose fût facultative pour le reste du peuple. En résumé, il se peut qu’il y ait parenté entre la circoncision des Israélites et celle des Egyptiens, mais la chose ne se laisse pas prouver.
s – Comparez pour le sens du mot opprobre. Sophonie 2.8, et pour la pensée, Exode 32.12 ; Nombres 14.13 ; Deutéronome 9.28.
t – Voyez aussi Antiq. 13.11, 3.
u – Judith 14.10, raconte la circoncision d’un Ammonite, mais seulement après sa conversion au judaïsme.
En revanche, je condamne absolument toute tentative de faire provenir la circoncision juive du culte cananéen de Saturne. Gen. ch. 34 montre qu’elle n’était point usitée chez les habitants primitifs de la Terre Sainte. Il ne suit point non plus du mythev d’après lequel Saturne, pour détourner la colère paternelle, se serait circoncis, lui et ses compagnons, — que cette cérémonie ait été pratiquée par les Phéniciens comme une sorte de consécration à Saturne. — On a soutenu récemment avec beaucoup d’assurance que la circoncision n’était qu’une forme adoucie de la castration, — avec beaucoup d’assurance, mais sans aucun fondement. On a dit que la castration était dans certaines contrées de l’Asie pratiquée en l’honneur de la divinité ; mais d’après Deutéronome 23.2, elle exclut positivement de l’assemblée de l’Éternel.
v – Rapporté par le faux Sanchoniaton.