Πόλεμος et μάχη se rencontrent souvent ensemble (Hom., Il., 1.177 ; v.891 ; Plato, Tim. 19 e ; Job 38.23 ; Jacques 4.1) ; de même πολεμεῖν et μάχεσθαι. Il y a la même différence entre eux qu’entre les deux mots « guerre » et « bataille » ; ὁ πόλεμος Πελοποννησιακός la guerre du Péloponnèse ; ἡ ἐν Μαραθῶνι μάχη, la bataille de Marathon. Considérant ces mots à la lumière de cette antithèse, à savoir que πόλεμος embrasse tout le cours des hostilités, tandis que μάχη ne désigne que le choc lui-même, à main armée, des forces ennemies, disons que Périclès, tout en dissuadant les Athéniens de prêter l’oreille aux demandes des Spartiates, admet pourtant que ceux-ci, avec leurs alliés, pouvaient tenir tête à tous les autres Grecs ensemble dans une seule bataille, mais il nie qu’ils conservassent la même supériorité dans une guerre, c’est à dire contre ceux qui auraient leurs préparatifs de défense disposés d’une autre manière : μάχῃ μὲν γὰρ μιᾷ πρὸς ἅπαντας Ἕλληνας δυνατοὶ Πελοποννήσιοι καὶ οἱ ξύμμαχοι ἀντισχεῖν, πολεμεῖν δὲ μὴ πρὸς ὁμοίαν ἀντιπαρασκευὴν ἀδύνατοιb, Thucyd., I, 141.
b – Les Péloponnésiens et leurs alliés sont en état de résister, en un seul combat, à tous les Grecs ; mais ils sont incapables de soutenir la guerre contre un peuple organisé différemment
Mais si πόλεμος et πολεμεῖν retiennent leur signification première et n’en reçoivent pas de secondaire il en est tout autrement de μάχη et de μάχεσθαι. Ces vocables représentent continuellement des conflits qu’on ne vide nullement les armes à la main. Il y a des μάχαι de toutes sortes : ἐρωτικαί (Xenoph., Hiero 1.35) ; νομικαί (Tite 3.9 ; cf. 2 Timothée 2.23) ; λογομαχίαι (1 Timothée 6.4) ; σκιαμαχίαι : comparez aussi Jean 6.52 ; 2 Timothée 2.24 ; Proverbes 26.20-21.
Eustathe, en commentant Homère (Il. 1.177), exprime bien ces différences : τὸ πόλεμοί τε μάχαι τε ἢ ἐκ παραλλήλου δηλοῖ τὸ αὐτό ἢ καὶ διαφορά τις ἔστι ταῖς λέξεσιν εἴγε μάχεται μέν τις καὶ λόγοις ὡς καὶ ἡ λογομαχία δηλοῖ καὶ αὐτὸς δὲ ὁ ποιητὴς μετ᾽ ὀλίγα φησί μαχεσσαμένω ἐπέεσσι καὶ ἄλλως δὲ μάχη μέν αὐτὴ ἡ τῶν ἀνδρῶν συνεισβολή. ὁ δὲ πόλεμος καὶ ἐπὶ παρατάξεων καὶ μαχίμου καιροῦ λέγεται. Tittman (De Synon. in N. T. p. 66) : « Conveniunt in eo quod dimicationem, contentionem, pugnam dénotant, sed πόλεμος et πολεμεῖν de pugna quæ manibus fit proprie dicuntur, μάχη autem et μάχεσθαι de quacumque contentione, etiam animorum, etiamsi non ad verbera et cædes pervenerit. In illis igitur ipsa pugna cogitatur, in his sufficit cogitare de contentione quam pugna plerumque sequitur ».