Prends donc la férule, si tu veux m’en croire, et traite-les comme des enfants, ces insensés, si tu ne peux les amener à mettre de côté leurs sottes questions, et à te consulter sur des choses dignes d’un Dieu. En effet, qu’est-ce qu’une réponse comme celle que tu fis à Antiochus de Paros qui, après avoir dissipé sa fortune dans des bagatelles politiques, vint, dans sa douleur, consulter ton oracle ?
« Antiochus, va dans l’île célèbre de Thasos, et fixes-y ton séjour. »
Un conseil comme celui-ci lui eût été plus avantageux,
« Antiochus, reviens à toi et ne te laisse point abattre par la mauvaise fortune. »
Quelle réponse fis-tu aussi aux députés des Crétois ?
« Vous qui habitez Phestos, Tarras, et Dios battue par les flots, offrez à Phébus le sacrifice expiatoire de Pythos. Menez une vie pure, et que dans la Crète, votre patrie, on n’honore plus comme autrefois Jupiter et le dieu de la richesse. »
N’eût-il pas mieux valu leur répondre :
« Vous que possède l’amour des richesses, une aveugle fureur, et un faste orgueilleux, expiez vos folies par des sacrifices convenables ; vivez saintement, cultivez la sagesse, cherchant le bonheur non point dans vos lois anciennes, mais dans les lois divines. »
Car toi-même tu as plus besoin que la Crète d’expiations, toi qui as imaginé les expiations d’Orphée et d’Épiménide.