Mon Dieu, je suis las de moi-même, las de m’étudier, las de contempler le triste tableau de mes misères spirituelles. Hélas ! te le dirai-je ? je suis las de te les exposer ! Je l’ai fait si souvent, et si souvent en vain ! Je crains, en te les exposant de nouveau, de n’obtenir qu’une nouvelle responsabilité ! Oh ! détourne mes regards fatigués, de moi-même ; porte-les sur des choses meilleures ; sur toi, Seigneur, mon Créateur et mon Père ; sur toi qui m’as tiré du néant et qui m’aimes encore malgré toutes mes ingratitudes. Porte mes pensées sur ce Jésus, ton Fils, devenu mon frère, pour m’arracher à l’éternelle condamnation et me porter dans l’éternelle félicité. Oh ! que j’apprenne à aimer Celui qui m’a tant aimé, qui, de Maître, pour moi, s’est fait serviteur, et qui, dans ce moment même, intercède en ma faveur à tes côtés. Transporte-moi, par la foi, dans ce prochain avenir de gloire, de lumière, d’amour, de sainteté où je n’aurai plus à combattre contre le péché, mais où je vivrai dans une obéissance rendue facile et douce. Montre-moi, Seigneur, ces milliers d’anges qui volent à tes ordres ; fais-moi entendre ces harpes d’or, ces chants séraphiques, sous les voûtes célestes, résonnant dans les profondeurs de l’éternité ; que j’aille d’avance, sur les ailes de la foi, de monde en monde, étudier l’univers, contempler ta gloire, adorer ta sagesse, bénir ton amour ! Quelles joies inattendues, ineffables dans ce monde nouveau ; quelles extases dans la contemplation de ta face, réfléchie dans toutes tes œuvres désormais dévoilées. Oh ! quand te connaîtrai-je comme tu me connais ! Mon Dieu, en attendant cette nouvelle patrie, console-moi dans l’exil ; donne-moi de répandre, à ton exemple, la consolation et l’amour dans le cœur de tant d’autres exilés qui ne te connaissent pas encore. Que je les aime, les instruise et les emmène avec moi dans cette patrie qu’ils ignorent ; et que nous arrivions ensemble nombreux, aimants et sanctifiés.