Le peuple se compose de douze tribus. מטות, Matthôt, est le nom qui leur est donné au point de vue généalogique et géographique ; שבטים, Schebatim, de שבט, Schévèt, sceptre, au point de vue politique ; corporations. — Quelquefois ces deux noms sont employés indifféremment l’un pour l’autre. Mais ce qui n’est pas indifférent, c’est le nombre de douze. La disparition, la destruction d’une tribu est un malheur qu’il faut éviter à tout prix, Juges 21.17. Les prophètes et le N. T. (Actes 26.7 ; Apocalypse 7.4 et sq.) parlent souvent encore des douze tribus, qui répondent aux douze apôtres.
Il y en aurait même eu treize, à cause du dédoublement de celle de Joseph (Genèse 48.5) ; mais Lévi n’ayant pas reçu de territoire, il y a des cas où il ne compte pas, et quand il compte, Joseph seul est mentionné à la place de ses deux fils. Dans Ezéchiel ch. 48, les douze tribus sont indiquées à trois reprises. Les deux premières fois (v. 1 à 7 et 23 à 28), Manassé et Ephraïm sont nommés et Lévi est passé sous silence, parce qu’il s’agit du partage du pays ; mais dans les derniers versets du chapitre, où il s’agit des douze portes de Jérusalem qui doivent porter le nom des douze tribus, Lévi reprend sa place et Joseph n’en occupe qu’unei.
i – Tel est aussi le cas dans Gen. ch. 49 et Deut. ch. 33, bénédictions de Jacob et de Moïse.
L’ensemble des douze tribus forme le royaume de prêtres, dont nous avons déjà parlé à propos de Exode 19.6, et Coré a raison jusqu’à un certain point quand il dit que l’assemblée tout entière est sainte et que Jéhovah est au milieu d’elle (Nombres 16.3). Cependant, de fait et à cause de son indignité (Exode 19.21), le peuple ne peut pas s’approcher directement de l’Éternel. Il a besoin d’être en quelque sorte couvert, pour n’avoir pas à souffrir de la proximité de l’Éternel. Ainsi, tout Israélite de vingt ansj et au-dessus devait, lors du dénombrement, payer un demi-sicle comme copher כפר, proprement « couverture », argent expiatoire (Exode 30.11-16) ; le riche ne payait pas plus et le pauvre pas moins, car tous sont égaux devant l’Éternel. Il y a toute une série d’institutions qui reposent sur cette nécessité où se trouve le peuple d’être couvert de devant son Dieu. La plus importante c’est le sacerdoce.
j – C’était à vingt ans que l’Israélite commençait à faire partie de l’armée de L’Éternel.
Du temps des patriarches, le père était tout naturellement le prêtre de sa famille (Job 1.5), et le prince, celui de sa tribu (Melchisédec, Jéthro, Exode 2.16 ; 3.1). Moïse trouva déjà des prêtres fonctionnant parmi le peuple (Exode 19.22). Etaient-ce des Rubénites appelés à cet honneur parce que Ruben était l’aîné des douze fils de Jacobk ? Etait-ce cette élite d’anciens, dont parle Exode 24.11 ? C’est-ce qu’il serait difficile de décider. Mais une chose assez remarquable c’est que, dans l’affaire de Coré, ce sont des chefs de l’assemblée, des princes, et particulièrement des chefs de la tribu de Ruben, qui viennent réclamer, en faveur du peuple dont ils se disent les représentantsl, un sacerdoce établi sur une base plus large.
k – La tradition juive le pense, et la traduction luthérienne de Genèse 49.3 : « le premier dans le sacrifice, » favorise cette manière de voir. Mais cette traduction est fausse.
l – Nombres 16.2, queriim, קריאים.
La théocratie ne tint pas compte de ces droits, qui reposaient uniquement sur des relations naturelles. Israël tout entier n’était devenu un peuple saint que par suite du libre choix qu’en avait fait l’Éternel ; il convenait que le sacerdoce aussi fût conféré par un effet de la libre grâce de Dieu. Il n’y a que ceux que Dieu a lui-même appelés et qu’il s’est sanctifiés, qui osent s’approcher de Lui comme les représentants de leurs frères (Nombres 6.7 ; Hébreux 5.4). Il va bien sans dire que les représentants du peuple doivent être choisis parmi le peuple ; — on ne peut pas tenir la place de personnes qui vous sont étrangères ; — mais Aaron et ses fils furent choisis sans que rien y obligeât l’Éternel (Exode 28.1 ; 1 Samuel 2.28). C’est un don qui leur fut fait, Nombres 18.7. Ce n’est qu’après l’élection d’Aaron que la tribu de Lévi, dans l’affaire du veau d’or, déploya son zèle pour l’Éternel et attira sur elle la bénédiction (Exode 32.29) en vertu de laquelle elle fut appelée à jouer dans le culte le rôle d’intermédiaire entre l’Éternel et le reste du peuple.
[Deutéronome 32.9, est positif à cet égard : « Tes tummims et tes urims sont à l’homme que tu t’es consacré », c’est-à-dire à Aaron, et ce n’est qu’après cela qu’il est fait mention de la tribu de Lévi. Deutéronome 10.8, n’invalide aucunement cette manière de voir ; voyez v. 1 à 5 et 10. Philon se trompe donc quand il dit dans sa « Vie de Moïse, » 3, 19, que c’est la belle conduite des Lévites lors de l’affaire du veau d’or, qui a engagé l’Éternel à appeler au sacerdoce le lévite Aaron.]