Sonnets Chrétiens


Livre Troisième — Sonnet XVI

Sur le Pharisien et le Publicain

La foudre, en sa fureur, brise et réduit en cendre
Des cèdres hauts et durs les sommets sourcilleux.
Mais du bas serpolet, et de l’hysope tendre,
La tête est à couvert de ses coups périlleux.

Ainsi dans ce tableau, pécheur, tu dois comprendre,
Que Dieu dans son courroux terrasse l’orgueilleux ;
Mais que l’humble, qui sait dans le néant descendre,
Ressent de sa pitié les effets merveilleux.

Pharisien, tu péris ! tu péris, hypocrite !
Et l’heureux publicain par les larmes évite
L’épouvantable arrêt du malheur éternel.

Oui, Seigneur, il n’est rien qu’à l’humble tu n’accordes :
S’il est, de sa nature, un pauvre criminel,
Ses mérites, grand Dieu, sont tes miséricordes.


9 : Il était comme un malade qui montrait ses membres sains, mais qui cachait ses plaies. Que Dieu couvre tes plaies, et que ce ne soit pas toi-même. Car si tu les couvres, le Médecin ne les guérira pas. (St. Augustin) 10 : Il était son juge à lui-même, afin que Dieu lui fût favorable. Il s’accusait et se condamnait lui-même, afin que Dieu le justifiât. (St. Augustin) 14 : C’est une pensée de St. Augustin, et de St. Bernard après lui.

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant