Mon Dieu, combien mon obéissance est incomplète, lente, misérable ; je t’obéis, mais sans cœur ; par acquit de conscience, pour me libérer du devoir. Je t’obéis, mais sans promptitude ; il faut que ton Esprit vienne et revienne me faire sentir mes retards. Je t’obéis, mais dans les grandes occasions, tandis que dans les petites, celles de tous les instants, je me crois moins coupable en faisant ma volonté propre. Et combien de fois je pense racheter ma négligence du jour, par mon obéissance renvoyée au lendemain ! Combien de fois je me tiens compte du projet, comme de l’action ! combien de fois même je répudie l’action pour former un nouveau projet ! Oui, Seigneur, je suis ingénieux pour satisfaire et justifier ma paresse, et si je portais la même habileté à faire ta volonté qu’à faire celle de Satan, ah ! sans doute, à cette heure, j’aurais à te rendre grâces au lieu de m’humilier. Oh ! Seigneur, donne-moi cette obéissance prompte, joyeuse, que j’ai parfois entrevue et goûtée ; donne-moi cette obéissance qui naît de l’amour, qui est heureuse non moins que complète ; mon Dieu, donne-moi d’être, à l’exemple de tes anges, toujours prêt à voler à ton premier signe. Jésus lui-même ne t’a-t-il pas obéi, même jusqu’à la mort de la croix ? et sur cette croix n’a-t-il pas encore trouvé dans son cœur la prière et le pardon ? Que je suis loin de là ! Mais je ne veux pas retourner mes yeux sur moi-même ; je veux les tenir fixés sur la sainte obéissance de Jésus-Christ, sur la constante activité des apôtres. Je veux vivre de leur vie ; donne-moi l’Esprit-Saint qui les animait, et que mon existence s’écoule désormais tout entière dans une obéissance joyeuse à ta sainte volonté.