Si la foi est l’unité principielle du bien et de la vie spirituelle, l’amour en est l’unité consommatrice, mais l’amour procédant de la foi, comme toute autre vertu, produit incessamment par elle, ou, en d’autres termes, par la grâce divine acceptée par le sujet. Et comme nous avons établi que la foi sincère, vivante et salutaire produit nécessairement la charité, nous pouvons affirmer en retour qu’il ne peut y avoir d’amour saint, juste et vrai, que celui qui découle de la foi vivante en la grâce divine. S’il n’est pas possible de supposer un autre accomplissement parfait de la loi que l’amour, il n’est pas possible non plus de chercher ni de supposer sur une autre voie que celle de la foi en Christ un accomplissement parfait de la morale. Ce n’est qu’en Christ que l’homme peut aimer Dieu, puisque, comme nous l’avons établi, Dieu ne s’offre à l’homme qu’en son Fils : il s’est montré parfaitement en lui, mais en lui seulement (Jean 14.1-10). L’amour de Dieu, par conséquent, tel qu’il s’est produit avant lui ou se produit à côté de lui, ne saurait être qu’une forme incomplète ou dénaturée de l’amour de Dieu.
C’est donc l’amour de Dieu en Christ qui est l’unité consommatrice de toutes les actualisations du bien, celle vers laquelle toutes doivent converger, celle à laquelle toutes doivent tôt ou tard aboutir.
Nous indiquerons d’abord la nature de l’amour pour Dieu en Christ, pour établir ensuite le rapport de l’amour à la loi, et enfin le rapport de l’amour pour Dieu à la fin de l’homme.