« La prospérité sera votre partage, habitants de Méthymne, si vous honorez une tête de Bacchus faite de bois. »
On voit en effet dans la plupart des villes, des sacrifices et des fêtes instituées en l’honneur, non seulement de statues de bois, mais même de statues de pierre, d’airain et d’or : et ce n’est pas seulement Bacchus, mais la plupart des dieux d’Hésiode, qui ne sont que des images de bois ; car on peut compter sur la terre où vivent tous les êtres animés, jusqu’à trente mille souverains des hommes, et non pas des souverains immortels, mais des dieux de pierre et de bois. Et certes si tous ces dieux étaient témoins de toutes les bonnes et mauvaises actions des hommes, jamais l’extravagance n’aurait été jusqu’à vous atteindre, pénétrant ainsi jusque dans l’Olympe, séjour des dieux, que l’on dit inaccessible à tout danger. Si telle est la sécurité qui y règne, il devrait être aussi inaccessible à l’extravagance, et jamais on n’aurait dû voir un habitant de l’Olympe pousser la démence jusqu’à faire un dieu d’un tronc d’olivier, que les habitants de Méthymne avaient tiré dans un filet de pêcheur. Il était tellement embarrassé dans les mailles, que malgré qu’ils replongeassent deux ou trois fois ou même davantage le filet dans le même endroit, ils furent obligés de traîner le tronc de bois jusque dans la mer de Libye ; c’est que sans doute ils ne le secouèrent pas à terre ; car il ne serait certes pas resté attaché aux mailles du filet. Mais que faisait donc au fond de la mer, dira quelqu’un, ce tronc d’arbre terminé par la forme d’une tête (chose vraiment prodigieuse, divin Apollon !). Ce qu’il y faisait ? il y était gisant immobile, jusqu’à ce que des insensés (car je ne les appellerai pas des dieux) le trouvassent, et, le prenant pour un présent, non pas de Jupiter, mais de Neptune, le transportassent dans leur ville, se réjouissant comme d’une bonne fortune, de ce qui en était vraiment une très funeste, puisque ce tronc devait allumer l’incendie dans la ville. Mais il semble que ce n’était pas assez des maux qui la dévoraient intérieurement, il fallait qu’un fléau envoyé en quelque sorte de Delphes même mît le comble à la vengeance des dieux. »
Tels sont les griefs d’Œnomaüs. Maintenant revenons encore à cette philosophie des oracles, telle que nous la trouvons dans les écrits de notre acharné délateur. Examinons les réponses de la Pythie par rapport au destin. Cette nouvelle discussion, plus encore peut-être que tout ce que nous avons dit jusqu’ici, vous convaincra qu’il n’y avait absolument rien de divin dans les oracles les plus renommés.