LA SÉDUCTION DU DEVIN BALAAM ET SES PROPHÉTIES

Balak, roi de Moab, vit tout ce que le peuple d’Israël avait fait subir aux Amoréens. Bien que satisfaits de voir leur ennemis anéantis, les Moabites furent effrayés de voir un peuple aussi nombreux et puissant à leur frontière. Et ils furent même saisis de terreur.

Pourtant, semble-t-il, le peuple d’Israël était déjà installé dans le campement qui s’étendait de Beth-Jeschimoth jusqu’à Abel-Sittim à distance du Jourdain. La véracité de l’installation du peuple dans ce campement nous est d’ailleurs confirmée par la première vision de Balaam. Mais, le territoire amoréen conquis par l’armée d’Israël était peut-être occupé par des sentinelles afin qu’il soit sous bonne garde et éviter ainsi le retour de peuples envahisseurs, ou justement des Moabites qui en avaient été dépossédé (voir carte).

Alors, redoutant que le peuple d’Israël fasse subir le même sort aux Moabites qu’aux Amoréens, Balak se réunit avec des anciens du peuple Madianite pour leur évoquer ce risque imminent et de convenir d’une stratégie commune pour arrêter l’offensive des Israélites. En fait, les Madianites étaient des tribus nomades qui habitaient la région depuis des siècles et dont les rois avaient été des vassaux de Sihon roi des Amoréens avant que l’armée d’Israël ne l’anéantisse. Pour cette raison, beaucoup d’entre eux s’étaient réfugiés dans le territoire Moabite, ou à proximité, en partageant la même peur du peuple d’Israël qui était leur ennemi commun.

Mais au lieu d’essayer de négocier un accord de paix avec leurs « cousins » israélites, Balak décida d’utiliser les moyens surnaturels d’un sorcier pour anéantir le peuple de DIEU, et lui permettre ainsi de reprendre le pays que les Amoréens avaient conquis au préalable aux Moabites. Les anciens Madianites n’étaient pas étrangers à cette décision de Balak du fait qu’ils étaient des commerçants nomades depuis très longtemps, et qu’ils avaient certainement entendu parler du pouvoir de Balaam dans leurs voyages. Ainsi, ils eurent probablement l’idée de recourir au pouvoir de Balaam qui était un sorcier reconnu (plutôt qu’un devin à cause de sa mission).

Or, Balaam se trouvait à Pethor situé à proximité de l’Euphrate en Mésopotamie. Ce parcours démesuré, de près de 1200 kms (aller + retour, voir cartes), prouve que les Madianites étaient indispensables sur les pistes du désert souvent fréquentées par eux, et qu’ils savaient où se trouvait Balaam bien connu dans tout l’orient pour ses pouvoirs.

Balak lui envoya donc des messagers qui étaient des anciens de Moab et de Madian. Ils apportèrent à Balaam des présents à la mesure de la rémunération de ses pouvoirs, bien que ce ne soit qu’un acompte pour qu’il vienne sur place et qu’il réussisse à maudire « ce peuple sortit d’Egypte ». Dès qu’ils furent arrivés, ils lui transmirent les paroles de Balak pour qu’il connaisse le but de sa future mission :

« Voici, un peuple est sorti d’Égypte, il couvre la surface de la terre, et il habite vis-à-vis de moi. Viens, je te prie, maudis-moi ce peuple, car il est plus puissant que moi ; peut-être ainsi pourrai-je le battre et le chasserai-je du pays, car je sais que celui que tu bénis est béni, et que celui que tu maudis est maudit. »

Alors, Balaam fit patienter les messagers Moabites de Balak pendant une nuit afin de connaître l’avis de L’ÉTERNEL DIEU dans cette affaire. Le fait que le texte biblique ne fasse mention que des anciens Moabites restés chez Balaam, prouve que les anciens Madianites n’étaient venus qu’en éclaireurs dans cette mission et qu’elle s’arrêta là.

Que Balaam ait fait patienter les anciens Moabites pendant une nuit, en attendant l’avis de L’ÉTERNEL DIEU, ne prouve pas qu’il fût un de Ses prophètes. Car, Balaam ne refusa pas les présents offerts pour le salaire d’un devin ou d’un sorcier mandaté pour détruire le peuple élu de DIEU. En fait, Balaam voulait sans doute montrer qu’il avait une facile relation avec L’ÉTERNEL DIEU…

Effectivement, L’ÉTERNEL DIEU parla à Balaam pendant la nuit. Ceci ne signifie pas que Balaam l’ait consulté dans une prière mais plutôt que L’ÉTERNEL s’adressa à lui par une vision ou un songe étant donné qu’IL le fit pendant la nuit. Car, L’ÉTERNEL a parlé par des songes à d’autres personnages qui n’étaient pas forcement Ses prophètes, mais toujours pour des motifs précis. C’est la raison pour laquelle IL posa cette question à Balaam :

« Qui sont ces hommes que tu as chez toi ? »

En fait, si Balaam avait demandé à L’ÉTERNEL l’autorisation de suivre ces hommes envoyés par Balak pour maudire un peuple sortit d’Égypte, et plus puissant que lui, L’ÉTERNEL n’aurait pas demandé à Balaam ce que faisaient ces hommes chez lui. C’est bien la preuve que Balaam ne s’était pas adressé à L’ÉTERNEL pour Lui demander Son avis à ce sujet.

Alors Balaam, sans doute bouleversé par la question de L’ÉTERNEL, lui avoua quelle mission lui avaient proposée ces messagers Moabites s’il les suivait. Et L’ÉTERNEL ordonna à Balaam de ne pas suivre ces hommes et de ne pas maudire « ce peuple » parce qu’il était béni, c’est-à-dire qu’il LUI était consacré.

Effrayé par cet ordre divin, Balaam se leva dès le matin pour ordonner aux anciens Moabites de retourner dans leur pays car L’ÉTERNEL avait refusé qu’il parte avec eux. Alors, ils retournèrent immédiatement auprès du roi Balak dans le pays de Moab pour lui annoncer le refus de Balaam (voir carte). De toute façon Balaam garda les présents que Balak lui avait faits apporter. Car, ne venait-il pas de lui transmettre le message de L’ÉTERNEL !

Alors Balak, roi de Moab, pensant que c’était à cause de l’incompétence des hommes qu’il avait envoyé à Balaam que cette mission n’avait pas abouti comme il le souhaitait, décida de lui envoyer des hommes plus considérés et en plus grand nombre. Et cette fois, il ne s’agissait pas d’anciens ou de chefs ou d’officiers (selon la traduction), mais de princes pour former en quelque sorte une délégation officielle imposante plus représentative !

Après ce nouveau et long voyage, les princes Moabites arrivèrent auprès de Balaam. Ils lui firent des promesses d’honneur et de richesses autant qu’il pourrait en désirer, s’il venait avec eux pour maudire ce peuple. Et ils le supplièrent de surmonter tout obstacle qui pourrait l’empêcher de répondre favorablement à la demande de Balak roi de Moab.

Mais Balaam répondit aux princes Moabites :

« Même si Balak me donnait sa maison pleine d’argent et d’or, je ne pourrais absolument rien faire qui enfreigne l’ordre de l’Éternel, mon Dieu. Mais maintenant, restez donc ici cette nuit et je saurai ce que l’Éternel me dira encore. »

Quel combat dans le cœur de Balaam dans ses paroles qui révèlent deux personnes en lui. Car, il savait très bien que L’ÉTERNEL, son DIEU, lui avait déjà ordonné de ne pas suivre les hommes envoyés par le roi de Moab pour maudire le peuple qu’IL avait béni. Et cet ordre divin était définitif.

La première partie des paroles de Balaam à ces « princes » Moabites semble prouver sa confiance et sa crainte envers L’ÉTERNEL DIEU en disant qu’il ne pourrait rien faire contre Son ordre, même si on lui offrait des richesses sans limites. Mais après avoir dévoilé une sincérité apparente, la personne du devin intéressé par les gains se révéla par la seconde partie de ses paroles :

« Mais maintenant, restez donc ici cette nuit et je saurai ce que l’Éternel me dira encore. »

Il s’agit plutôt des propos d’un homme dont le cœur combat entre la crainte de DIEU et son penchant de devin intéressé. Car qu’attendait donc Balaam de ce que pouvait lui annoncer DIEU s’IL lui parlait à nouveau ? Allait-IL changer d’avis et autoriser Balaam à suivre ces hommes pour aller maudire le peuple d’Israël qui LUI était consacré ? Bien entendu, cela est impossible étant donné que DIEU ne change pas, qu’IL est Fidèle, Parfait, Juste, et qu’IL ne peut pas se renier Lui-même, contrairement aux êtres humains.

Et malgré le fait que l’ordre de L’ÉTERNEL fût précis, strict et définitif, les derniers propos de Balaam laissaient envisager à ces messagers moabites qu’une porte restait encore ouverte si L’ÉTERNEL changeait d’avis !

Alors, sans que Balaam ne lui expose quoi que ce soit à cause de son incrédulité, L’ÉTERNEL vint lui parler pendant la nuit :

« Puisque ces hommes sont venus pour t’appeler, lève-toi, accompagnes-les. Mais tu feras ce que je te dirai. »

L’ÉTERNEL n’avait pas changé d’avis, bien entendu. Mais voyant l’aveuglement de Balaam pour l’appât du gain, IL l’autorisa à partir avec les princes Moabites afin de l’utiliser pour accomplir Sa volonté et non pas celle d’un devin sans scrupules. Et étant donné que Balaam en était resté à la même position qu’il avait eu la première fois, en attendant une réponse favorable de L’ÉTERNEL lui permettant d’assouvir son avidité de gains, il en oublia même qu’IL ne lui autoriserait jamais de maudire le peuple d’Israël. Et l’appât des richesses qui lui étaient réservées lui faisait facilement oublier qu’il devra faire uniquement ce que L’ÉTERNEL lui ordonnera.

Alors, se croyant libre de faire ce qu’il voudrait, Balaam se leva au matin, sella son ânesse, et partit avec les princes Moabites.

Finalement, l’ordre de L’ÉTERNEL à Balaam, puis la liberté qu’IL lui laissa, et enfin son envie de vouloir jouir d’appât mirobolants, nous rappellent le jardin d’Éden et la ruse de Satan malgré l’ordre de L’ÉTERNEL DIEU à Adam seul, et à Ève à travers lui :

« …mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras, c’est certain. »

« Dieu a-t-il vraiment dit… vous connaitrez le bien et le mal. »

« La femme vit que l’arbre était porteur de fruits bons à manger… »

La séduction aveugle tout être humain, quel qu’il soit, lorsqu’il veut vivre sans DIEU ou qu’il fait semblant de LUI obéir, comme le fit et le fait toujours Satan. Et la séduction des richesses terrestres peut faire oublier l’existence de L’ÉTERNEL DIEU et Sa Parole à l’être humain quel qu’il soit, et l’entraîner ainsi dans de nombreux tourments s’il ne cherche pas les richesses célestes plutôt que les terrestres.

Mais L’ÉTERNEL connaît tous les cœurs et IL les sonde. IL donne à chacun les moyens de pouvoir se repentir pour être sauvé, comme IL le fit pour Balaam en lui ordonnant de ne faire que Sa volonté.

Pourtant Balaam avait déjà commencé à sortir du « chemin » que DIEU lui avait tracé. Car en demandant aux princes Moabites de rester une nuit en attendant ce que L’ÉTERNEL pourrait lui annoncer à nouveau, Balaam espérait qu’IL ait changé d’avis et que ce soit finalement sa propre volonté intérieure qui s’accomplisse. Et il n’entendit que l’autorisation de L’ÉTERNEL lui permettant de partir, mais sans réfléchir à Son ordre de faire uniquement Sa volonté.

Car L’ÉTERNEL voulait l’utiliser pour Sa gloire. Et en autorisant Balaam de partir avec les princes Moabites, L’ÉTERNEL se réservait la possibilité d’en tirer toute Sa gloire au travers de lui, à condition qu’il résiste à la tentation qu’il allait affronter. En l’avertissant qu’il devra faire uniquement Sa volonté, L’ÉTERNEL voulait lui faire comprendre qu’il pourrait être appelé à abandonner le salaire alléchant que lui proposait Balak et ainsi d’être pardonné de son envie du gain pour détruire le peuple de DIEU.

Mais le cœur de Balaam avait d’autres dispositions. Car, malgré le fait qu’il ait promis son obéissance à L’ÉTERNEL, il pensait déjà au moyen d’obtenir des gains supplémentaires en se prétendant être le grand messager de DIEU.

Alors se croyant libre de faire ce qu’il voulait, Balaam se leva au matin, sella son ânesse, et partit avec les princes Moabites. Mais L’ÉTERNEL, qui connaissait son cœur, enflamma Sa colère en lui envoyant Son ange pour lui résister et lui faire subir des épreuves pendant le trajet. En effet, cet ange armé d’une épée, mais invisible aux yeux de Balaam et ses serviteurs, fût aperçu par l’ânesse qui voulut s’en détourner en passant par les champs. Alors, Balaam frappa l’ânesse avec son bâton. Puis, plus loin, l’ange apparut encore à l’ânesse dans un sentier délimité par des murs de chaque côté entre les vignes. Pour l’éviter, l’ânesse se serra contre un mur et pressa un pied de Balaam qui la frappa à nouveau. Plus loin encore, l’ange se plaça dans un sentier étroit sur lequel il n’y avait aucun espace qui permette à l’ânesse de l’éviter. Voyant l’ange, elle s’abattit sous Balaam. Alors, Balaam déchaîna sa colère sur elle en la frappant une nouvelle fois avec son bâton.

Face à la colère de Balaam, L’ÉTERNEL fit parler l’ânesse pour qu’il comprenne sa cruauté envers elle alors qu’il y avait une bonne raison si elle avait agi ainsi, et aucune raison pour qu’il frappe celle qui lui était toujours restée fidèle. Puis L’ÉTERNEL ouvrit les yeux de Balaam afin qu’il voit l’ange qui obstruait le chemin avec son épée nue à la main. Effrayé, Balaam se prosterna le visage contre terre devant l’ange de L’ÉTERNEL.

L’ange lui demanda pourquoi il avait frappé trois fois son ânesse. L’ange lui expliqua qu’il lui avait résisté pour l’empêcher de continuer sur le sentier de « perdition » qu’il avait décidé de prendre. Il lui révéla, aussi, qu’il ne l’avait pas tué grâce à l’ânesse qui s’était détourné de lui trois fois, et qu’à elle seule il aurait laissé la vie parce qu’elle lui avait obéit.

Balaam se repentit de son péché. Mais de quel péché se repentait-il en disant à l’ange divin qu’il ne savait pas qu’il fut posté devant lui sur le chemin et qu’il était prêt à faire demi-tour s’il l’exigeait ? Était-ce la peur d’être tué par l’ange divin ou était-ce d’obéir à L’ÉTERNEL en le servant comme Son prophète et en abandonnant ses intérêts financiers personnels et son honneur de devin célèbre ? En fait, Balaam proposait plutôt à L’ÉTERNEL de s’abstenir de ce voyage dont il comprenait maintenant le danger !

Alors, l’ange de L’ÉTERNEL dit à Balaam :

« Va avec ces hommes ! Et cependant, la parole que je te dicterai, celle-là seule tu la diras. »

En consultant L’ÉTERNEL DIEU une seconde fois, en espérant qu’IL change d’avis, et en partant de chez lui avec les princes Moabites, Balaam LUI avait obéi en apparence mais avec la pensée opportuniste d’en tirer profit et non pas pour prononcer les messages qu’IL lui donnera en étant Son prophète. Car, l’autorisation de l’ange divin de partir avec ces princes, n’était permise à Balaam que s’il glorifiait L’ÉTERNEL DIEU en révélant à Balak les Paroles qu’IL lui transmettra.