Nos adversaires font malicieusement cette objection : « Oui, disent-ils, le ciel est le trône de Dieu, et la terre son marchepied ; mais il a été dit que le ciel et la terre passeraient : Or, s’ils périssent, il faudra donc que Dieu, dont ils sont la demeure, périsse avec eux. Il n’est donc pas vrai de dire que Dieu est au-dessus de toutes choses. » Ceux qui parlent ainsi, comprennent-ils ce que signifient ces mots, que le ciel est le trône de Dieu et la terre son marchepied ? Savent-ils ce que c’est que Dieu ? Ils le savent si peu, qu’ils lui donnent les habitudes de l’homme, le font asseoir comme un simple mortel, et croient qu’il peut être contenu par quelque chose, tandis que c’est lui qui contient tout. Ils ne savent pas davantage ce que veut dire que le ciel et la terre passeront ; mais saint Paul le savait, quand il a dit : La figure de ce monde passe. Nous pouvons aussi leur proposer les paroles de David sur ce sujet. Il dit dans le psaume cent et unième que, lors même que la figure de ce monde viendrait à cesser d’être, Dieu et ses élus n’en existeraient pas moins. Voilà quelles sont ses paroles : « Au commencement vous avez fondé la terre, et les cieux sont l’ouvrage de vos mains. Les cieux périront, et vous survivrez ; comme un vêtement ils vieilliront ; vous les changerez comme un manteau, et ils seront changés. Mais vous, éternellement le même, vos années ne s’abrégeront point ; les enfants de vos serviteurs habiteront en vous, et leur race s’affermira en votre présence. » Le prophète explique ainsi clairement ce qui doit périr et ce qui doit survivre, c’est-à-dire Dieu et les siens. Isaïe parle dans le même sens ; voici ce qu’il dit : « Élevez vos yeux vers le ciel, ramenez-les ensuite sur la terre : les cieux se dissiperont comme la fumée ; la terre sera détruite comme un vêtement, ses habitants périront avec elle. Le salut que j’ai promis est éternel, et une justice subsiste à jamais. »