Synonymes du Nouveau Testament

98.
Βαπτισμός, βάπτισμα
Baptême

Tout comme βαπτιστής et βαπτιστήριον, ces deux mots appartiennent exclusivement à la langue ecclésiastique, on ne les trouve ni dans la Septante, ni dans le grec classique, mais uniquement dans le N.T. Ils descendent directement de βαπτίζειν, forme tardive de βάπτειν, dont le grec classique a rarement usé ; deux fois chez Platon (Euthyd. 227 d ; Symp. 176 b), où βεβαπτισμένος signifie bien lavé avec du vin ; le uvidus de Horace (Carm. 2.19.18).

Tout d’abord une remarque sur les mots différant par la terminaison μα ou μος, comme par exemple κήρυγμα et κηρυγμός, δίωγμα et διωγμός, δῆγμα et δηγμός, et une foule d’autres semblables. Il est rare que le N.T. utilise les deux formes, et c’est en général celle en μα qui prévaut. Ainsi ἀπαύγασμα (Hébreux 1.3), mais pas ἀπαυγασμός ; σέβασμα (Actes 17.23), mais pas σεβασμός ; βδέλυγμα (Matthieu 24.15), mais pas βδελυγμός ; ῥῆγμα (Luc 6.49), mais pas ῥηγμός ; περικάθαρμα (1 Corinthiens 4.13), mais pas περικαθαρμός. Moins communément la forme en μος l’emporte : ἁρπαγμός (Philippiens 3.6), mais pas ἅρπαγμα ; ἀπαρτισμός (Luc 14.28), mais pas ἀπάρτισμα ; καταρτισμός (Éphésiens 4.12), mais pas κατάρτισμα ; ἁγιασμός (Romains 6.19), mais pas ἁγίασμα. Très rarement les deux formes coexistent : μίασμα (2 Pierre 2.20) et μιασμός (2 Pierre 2.10), or c’est précisément notre cas avec βάπτισμα et βαπτισμός. Il existe parfois une troisième forme, mais qui ne se trouve pas dans le N.T. ; ainsi à côté de σέβασμα et σεβασμός, il y a σέβασις ; à côté de ἀπάρτισμα et ἀπαρτισμός, il y a ἀπάρτισις ; à côté de πλεόνασμα et πλεονασμός, il y a πλεόνασις ; à côté de ἅρπαγμα et ἀπαρτισμός, il y a ἅρπασις ; de même à côté de βάπτισμα et βαπτισμός, nous trouvons βάπτισις, dans Josèphe (Ant. 18.5.2). Il n’est pas difficile d’attribuer à chacune de ces formes leur signification première, même si l’usage s’en éloigne parfois beaucoup. La terminaison μος tend à donner au mot un mode passif, comme dans πλεονασμος, βασανισμός, ἁγιασμός dans le N.T. et d’autres. Ainsi βάπτισις désigne l’acte du baptême en lui-même, contemplé dans son déroulement ; βαπτισμός c’est le baptême envisagé comme terminé, quelqu’un vient d’être baptisé ; βάπτισμα ne se réfère plus à l’acte du baptême mais à son résultat permanent : quelqu’un est désormais un baptisé ; c’est pourquoi c’est cette dernière forme abstraite que l’Église a choisi pour parler du baptême en général. Pour en savoir plus sur les passifs en μα, voyez l’essai sur πλήρωμα de l’évêque Lightfoot, On the Colossians, pp. 323-339.

Par βαπτισμός dans le N.T. nous devons entendre n’importe quelle cérémonie de lustration ordonnée par Dieu (Hébreux 9.10), ou inventée par les hommes (Marc 7.4,8), mais dépourvue d’importance doctrinale ; tandis que βάπτισμα désigne le baptême au sens chrétien du mot (Romains 6.4 ; 1 Pierre 3.21 ; Éphésiens 4.5), mais sans pour autant exclure le baptême de Jean (Luc 7.29 ; Actes 10.37 ; 19.3). Ce distinguo a été préservé par les écrivains grecs ecclésiastiques. Josèphe appelle le baptême de Jean βαπτισμός (Ant. 18.5.2). Il est vrai qu’en latin ecclésiastique baptismus et baptisma désignent tous les deux le baptême chrétien ; Tertullien utilise l’un comme l’autre, tandis que baptismus domine chez Augustin, mais il n’en va pas de même avec le Grec des pères, qui de manière générale reste plus fidèle aux nuances du N.T.

Toutes les explications de Hébreux 6.2 (βαπτισμῶν διδαχῆς) qui ne tiennent pas compte de cette distinction échouent à saisir le véritable sens du passage ; sans parler d’ailleurs du pluriel βαπτισμῶν qui demeure inexplicable s’il s’agissait du baptême chrétien. Par contre si par βαπτισμοί nous comprenons l’ensemble des baptêmes que les chrétiens ont été amenés à rejeter ou à prendre avant leur entrée dans l’Église, la doctrine des baptêmes doit consister dans l’enseignement aux nouveaux convertis de l’abolition des cérémonies juives de l’A.T., et du caractère simplement préparatoire du baptême de Jean. Tous ces βαπτισμοί consistaient bien en effet en lustrations, en purifications ; mais sans qu’ils usurpent en quoi que ce soit un titre qui était réservé au seul βάπτισμα chrétien, le λουτρὸν παλιγγενεσίας, privilège exclusif de l’Église de Jésus-Christ.

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