Psaume composé pour les fidèles exilés à Babylone. Il contient une prière désolée pour que l'Église soit entièrement rétablie ; que non seulement elle retourne à son premier état, mais que le Royaume de Dieu fleurisse plus que jamais. En conclusion, une fois que le peuple a discerné à travers ses épreuves ses propres faiblesses, il se fortifie par sa foi en l'éternité et en la puissance infinie de Dieu. La fin est citée dans l'épître aux Hébreux, chapitre 1.10-12.
— 1 — | |
2 | Seigneur entends ma requête, Oh que rien, que rien n’arrête Mon cri d’aller jusqu’à Toi ; |
3 | Ne te cache pas de moi. Ma douleur est sans pareille, Tourne vers moi ton oreille Pour m’écouter quand je crie, Ne tarde pas, je t’en prie. |
— 2 — | |
4 | Car ma vie est consumée Et disparaît en fumée ; Comme un tison me voici Sec et brûlé, cœur transi Dont la force est retranchée |
5 | Ainsi quʼune herbe fauchée ; Ne pensant plus, tant jʼendure, À prendre ma nourriture. |
— 3 — | |
6 | Mes os et ma peau se tiennent, Mes douleurs sont quotidiennes, Obligeant ma triste voix À se plaindre tant de fois ; |
7 | Comme un héron dans les sables, Jʼerre en lieux inhabitables, Je ressemble à la chouette Qui fait au bois sa retraite. |
— 4 — | |
8 | Comme durant mon veuvage Le passereau sous lʼombrage Dʼun toit, couve ses ennuis, Ainsi je passe les nuits. |
9 | Chaque adversaire mʼoutrage, Ils vont plus loin dans leur rage : Car mon nom est une injure Que lʼon jette à la figure. |
(Pause) — 5 — | |
10 | Au lieu de pain, la poussière Est ma ration coutumière, Je mélange en mes douleurs Mon breuvage avec mes pleurs. |
11 | À cause de ta colère Qui me souleva de terre ; Et quand jʼatteignis la cime, Tu me jetas dans lʼabîme. |
— 6 — | |
12 | Mes jours passent comme un ombre Qui sʼen va, obscure et sombre ; Je suis fané, desséché Comme un pré quʼon a fauché. |
13 | Mais ton règne est immuable, Et ta gloire inaltérable ; On te rendra témoignage Éternel Dieu, dʼâge en âge. |
— 7 — | |
14 | Tu te lèveras encore, Démontrant quand on tʼimplore, Pitié et compassion À ta cité de Sion. Il est temps que tu bénisses, Il est temps que tu guérisses, Que pour Sion pardonnée Lʼépreuve soit terminée. |
— 8 — | |
15 | Nous en aimons jusquʼaux pierres, Nous la voyons en poussière ; Le chagrin brise les cœurs De tes humbles serviteurs. |
16 | Lʼhomme tremblera de crainte Devant ta majesté sainte ; Toute terrestre puissance Craindra ta magnificence. |
— 9 — | |
17 | Car la ville anéantie Le Seigneur lʼa rebâtie ; Dans sa gloire il a paru Quand il nous a secourus. |
18 | Les complaintes ordinaires De ses pauvres solitaires Nʼont pas été méprisées, Leur prière est exaucée. |
(Pause) — 10 — | |
19 | Une si grande entreprise Par écrit doit être mise, Pour que le peuple à venir En garde le souvenir ; Lʼhumanité rachetée Comme de nouveau créée Sʼunira dans la louange Dʼun miracle aussi étrange. |
— 11 — | |
20 | Car le Seigneur débonnaire Du haut de son sanctuaire, Depuis le plus haut des cieux Vers nous a baissé les yeux ; |
21 | Ecoutant la voix plaintive De sa famille captive Dont la mort semblait certaine, Il vient la tirer de peine. |
— 12 — | |
22 | Pour que toute notre histoire Proclame à jamais sa gloire Et que tu puisses chanter, Jérusalem, sa bonté |
23 | Quand toutes les assemblées, Des nations rassemblées Tout règne et toute existence Lui rendront obéissance. |
(Pause) — 13 — | |
24 | Jʼai perdu toute énergie En plein combat de la vie ; Il a raccourci mes jours. |
25 | Jʼai dit : Ô Dieu, mon secours, Ne mʼabats point sans ressource Au beau milieu de ma course, Toi dont la force absolue Dʼâge en âge continue. |
— 14 — | |
26 | Cʼest Toi qui fondas la terre, Les cieux où tes mains posèrent Les corps quʼon y voit placés, Et tout cela doit passer ! |
27 | Mais quand à Toi tu demeures, Pendant quʼarrivent les heures Où les cieux vielliront comme Sʼusent les habits dʼun homme. |
— 15 — | |
Comme un manteau que lʼon porte, Tu les changeras en sorte Quʼeux et tout lʼéclat quʼils ont Entièrement changeront. | |
28 | Mais quand à Toi, Dieu suprême, Tu restes toujours le même, Et ta constante durée À jamais est assurée. |
— 16 — | |
29 | Cʼest donc par ta seule grâce Que lʼon pourra voir la race De tes serviteurs rester À son poste et subsister ; Et leur sainte descendance Affermie en ta présence Recevra la paix durable Et le bonheur véritable. |