Μόχθος se rencontre trois fois dans le N.T., chaque fois voisin de κόπος (2 Corinthiens 11.27 ; 1 Thessaloniciens 2.9 ; 2 Thessaloniciens 3.8). Il n’y a aucun doute qu’il soit en rapport étroit avec μόγις, lui-même venant du datif pluriel μόγοις, lequel perdant une lettre devient un adverbe.
Ce mot, qui ne se trouve ni chez Homère ni chez Platon, convient pour désigner tout travail sous le soleil auquel sont condamnés les enfants pécheurs d’Adam. Certains ont prétendu que μόχθος manquait d’exprimer l’infinie variété des peines et des contrariétés qui ne manque pas d’accompagner les travaux d’ici-bas, aussi bien que les autres mots de la liste ; mais ce n’est pas exact : voyez par exemple des expressions comme πολύμοχθος Ἄρης d’Euripide (Phœn. 791), et bien d’autres pourraient être citées.
Trois des quatre cas où πονος apparaît dans le N.T. appartiennent à l’Apocalypse (Apocalypse 16.10-11 ; 21.4), l’autre dans Colossiens 4.13, où πόνος est presque certainement la vraie leçon, en dépit de quatre variantes bien comptées : πόθος, κόπος, ζῆλος, ἀγών. Πόνος parle d’un travail requérant la force entière de l’homme pour arriver au résultat. Chez Homère la guerre est le πόνος non des mortels seulement, mais aussi des guerriers immortels, d’Arès en personne ; πόνος ἀνδρῶν comme Theognis (985) l’appelle, joint à δῆρις (Il. 17. 158) et à πόλεμος (17. 718). Πόνοι est encore le mot consacré pour les travaux d’Hercule ; μόχθοι est plus rare (Sophocles, Trach. 1080, 1150). Πόνος chez Platon est joint à ἀγὼν ἔσχατος (Phœdr. 247 b), à νόσος (244 d), à κίνδυνος (2 Alcid. 142 b), à ζημία (Rep. 2.365 b) ; dans la Septante à ὀδύνη (1 Rois 15.23), à μάστιξ (Jérémie 6.7), à πληγή (2 Chroniques 9.28). L’esclavage cruel des enfants d’Israël en Égypte est également nommé leur πόνος (Exode 2.11). Il ne faut donc pas s’étonner si le πόνος ne trouvera aucune place dans la cité céleste (Apocalypse 21.4).
Κόπος est d’emploi plus fréquent encore : vingt fois dans le N.T., où il traduit non pas tant la force que dépense l’homme, que la lassitude qu’il ressent après un travail épuisant. Il n’est pas inutile de remarquer le fréquent emploi de κόπος et du verbe κοπιάῶ, pour caractériser ce que devraient être les travaux du ministère évangélique ; ce fait envoie un sérieux avertissement à ceux qui s’y engagent (Jean 4.38 ; Actes 20.35 ; Colossiens 1.29 ; 2 Corinthiens 6.5 ; 1 Thessaloniciens 3.5, etc.).
En conclusion travail, peine, fatigue sont les trois mots qui reproduisent l’effet de plusieurs mots grecs, μόχθος, πόνος, κόπος, au sujet de ce que nous avons à faire en cette vie.