Nous avons déjà signalé précédemment (§ 82 et 86) deux faits qui sont bien propres à nous montrer l’importance et la sainteté du lien qui unit les parents et les enfants : Dieu s’appelle le père de son peuple, et le cinquième commandement occupe dans le Décalogue une place qui le rapproche singulièrement des commandements qui règlent nos devoirs envers Dieu, tant il est vrai que dans la théocratie toute autorité, même celle des parents, découle de celle de Dieu. Une même bénédiction est prononcée sur les enfants qui honorent leurs parents et sur les hommes qui font la volonté de Dieu (Exode 20.12 ; Deutéronome 4.40 ; 6.2). Les mêmes peines sont dénoncées aux enfants qui se révoltent contre leurs parents et aux hommes qui se révoltent contre Dieu (Exode 21.15,17 ; Lévitique 20.9). Cependant, les parents ne doivent pas oublier que Dieu est le maître suprême de leurs propres enfants : voyez le sacrifice d’Isaac (§ 23) et le rachat de chaque fils aînée. En effet, bien que la tribu de Lévi (§ 93) eût été prise à la place des premiers-nés du peuple entier, ceux-ci n’en devaient pas moins être apportés dans le sanctuaire quand ils avaient atteint l’âge d’un mois, et ils étaient rachetés au prix de cinq sicles d’argent (Nombres 18.16 ; Exode 13.15). Il résulte de Luc 2.22 et sq., que l’on pouvait faire coïncider cette présentation de l’enfant avec le sacrifice de purification que la mère devait offrir au quarantième jour.
e – Le premier-né seul était racheté, mais il tenait en quelque sorte la place de tous les enfants qui devaient suivre.
C’est à cause de cette universelle souveraineté de Dieu dans la théocratie, que les droits des parents étaient beaucoup moins absolus chez les Israélites que chez les Romains, par exemple, où le père avait sur ses enfants le droit de vie et de mort, tandis que l’Israélite qui avait un fils pervers, devait le mener à l’autorité (Deutéronome 21.18, § 99). Puis, la loi impose aussi des devoirs aux parents. Ils doivent donner à leurs enfants une éducation sanctifiée par la crainte et l’amour de Dieu. Pas de prescriptions spéciales à cet égard, mais l’A. T. ne se lasse pas de recommander aux parents de graver dans le cœur des enfants les grands faits de l’histoire du peuple et les commandements de Dieu (Deutéronome 4.9 ; 6.6,20 ; 11.19 ; 32.46 ; Genèse 18.19 ; Psaumes 78.3-6 ; 44.2). La fête de Pâques devait servir tout particulièrement à conserver vivante et fraîche chez le peuple la mémoire des grandes délivrances passées. Nous voyons par Exode 12.26 ; 13.8, que ce jour-là, les pères ne devaient pas manquer d’expliquer à leurs enfants le sens des cérémonies qui s’accomplissaient sous leurs yeux. Même recommandation, Exode 13.14, à l’occasion du rachat des premiers-nés. Ceci peut expliquer le rôle capital que la mnémonique a joué plus tard dans les écoles juives. Mais, puisque nous parlons d’écoles, hâtons-nous d’ajouter que le Pentateuque ne connaît absolument pas ce que nous appelons des leçons de religion. La seule chose qui s’en rapproche quelque peu, c’est la lecture de la loi qui se faisait à la fête des tabernacles de l’année sabbatique en présence du peuple réuni au complet, y compris les petits enfants, טף (Deutéronome 31.11-13). On peut supposer que la dispersion des Lévites parmi toutes les tribus avait pour but de conserver partout la connaissance de la loi ; mais le Pentateuque n’en dit rien. D’après une tradition rabbinique, la tribu de Siméon se serait occupée spécialement de l’instruction primaire, et celle de Lévi de l’enseignement, supérieur ; mais on ne sait trop quelle valeur ajouter à ce renseignement.
Le passage cité en dernier lieu nous montre que les enfants prenaient part aux pèlerinages et aux fêtes solennelles. Voyez aussi Deutéronome 16.11-14. Toutefois Exode 23.17 ; Deutéronome 16.16, tout en prescrivant à tous les mâles de chaque famille de se joindre aux pèlerinages, ne disent rien de l’âge auquel ils doivent commencer d’y prendre part. Il se peut que la tradition rabbinique, qui parle de la douzième année comme de celle où le jeune Israélite commençait à devoir observer la loi, soit très antique. Mais rien dans la Bible ne la confirme, antérieurement à Luc 2.42 et à Josèphe, qui raconte dans ses Ant. 5.10, 4, que Samuel avait douze ans quand Dieu l’appela à devenir prophète.
Indiquons encore comme deux moyens dont Dieu s’est servi pour conserver chez les Hébreux le souvenir des événements mémorables de leur histoire, le chant (2 Samuel 1.18 ; Psaumes 60.1 ; Deutéronome 31.19) et les monuments commémoratifs, ou les noms donnés à certains lieux. (Josué 4.6, 21 ; Genèse 21.32 ; 26.19 ; 33.20 ; 31.46 ; 35.7, 20 ; 50.11)