« Qu’est-ce que la vérité ? » Mon Dieu, que je comprends bien cette parole de Pilate ! Et, tu le sais, bien des fois je te l’ai jadis adressée. Tu m’as répondu. J’ai serré ta réponse dans mon cœur ; elle a satisfait mon esprit, réjoui mon âme, calmé ma conscience ; et cependant, Seigneur, tu le sais aussi, parfois je te redis encore : « Qu’est-ce que la vérité ? » Pourquoi ne puis-je pas voir et toucher la vérité ? Pourquoi toujours un voile plus ou moins épais entre toi et moi, ô mon Dieu, pourquoi ne pas te montrer face à face ? Pourquoi me laisser, par moment, dans les angoisses du doute ? Pourquoi me martyriser quand une vue claire et puissante me rendrait si heureux et si saint ? Pourquoi ? Chose étrange ! Je suis convaincu de mon salut et je doute de l’éternité ! Je crois fermement à l’Évangile et je doute d’un avenir ! Il y a chez moi lumière et ténèbres, foi et incrédulité, et même sanctification et péché. Après avoir répété avec Pilate : « Qu’est-ce que la vérité ? » je dis avec ce père de famille : « Je crois, Seigneur, subviens à mon incrédulité ! ». Mystères de mon être, que ne puis-je vous pénétrer ! que ne puis-je me connaître à fond ! Et toi, mon Dieu, que ne puis-je te contempler des yeux de ma chair. Mon Dieu, arrache ce glaive de mon cœur. Oui, je sens que c’est là mon écharde, je donnerais tout pour en être délivré ! Eh bien ! Seigneur, je ne me lasserai pas de te le demander : fais-moi connaître la vérité ! Quoi qu’il puisse m’en coûter, fais-moi connaître la vérité ! Quelle qu’elle puisse être, fais-moi connaître la vérité ; mon Dieu, mon Père, je ne te demande qu’une chose : la vérité !