Somme théologique

Somme théologique — La prima pars

112. LA MISSION DES ANGES

  1. Certains anges sont-ils envoyés pour un ministère ?
  2. Tous sont-ils envoyés ?
  3. Les anges envoyés en ministère demeurent-ils auprès de Dieu ?
  4. À quel ordre d'anges appartiennent ceux qui sont envoyés ?

1. Certains anges sont-ils envoyés pour un ministère ?

Objections

1. Toute mission envoie à un lieu déterminé. Mais les opérations intellectuelles ne requièrent pas un lieu déterminé, puisque l'intelligence fait abstraction du lieu et du temps. Étant donné que les actions des anges sont intellectuelles, il ne semble pas qu'ils doivent être envoyés pour les accomplir.

2. Le ciel empyrée est le lieu qui convient à la dignité des anges. S'ils nous sont envoyés en mission de ministère, il semble que leur dignité y perde ; et cela ne convient pas.

3. Une occupation extérieure est un obstacle à la contemplation de la sagesse. Ce qui fait dire à l'Ecclésiastique (Ecclésiastique 38.24) : « Celui qui restreint son activité acquerra la sagesse. » Donc, si quelques anges sont envoyés pour accomplir des ministères extérieurs, il semble que cela paralyse leur contemplation. Mais toute leur béatitude consiste en la contemplation de Dieu. S'ils étaient envoyés, leur béatitude diminuerait. Et cela ne convient pas.

4. Servir est un signe d'infériorité. Aussi est-il dit en S. Luc (Luc 22.27) : « Qui est plus grand, celui qui demeure à table, ou celui qui sert ? N'est-ce pas celui qui demeure à table ? » Les anges nous sont supérieurs par nature. Ils ne doivent donc pas être envoyés à notre service.

En sens contraire, Dieu dit dans l'Exode (Exode 23.20) : « Voici que j'enverrai mon ange qui te précédera. »

Réponse

De ce que nous avons dit, il résulte évidemment que Dieu peut envoyer quelques anges pour accomplir un ministère. Comme nous disions à propos de la mission des Personnes divines, on appelle envoyé celui qui, de quelque manière, procède d'un autre, de telle sorte qu'il commence à être là où il n'était pas auparavant, ou bien là où il se trouvait auparavant, mais d'une autre manière. Le Fils ou l'Esprit Saint est dit être envoyé en tant qu'il procède du Père par son origine ; et il commence à être d'une nouvelle manière, c'est-à-dire par la grâce ou par la nature qu'il assume, là où il se trouvait auparavant par la présence de sa Déité. C'est en effet le propre de Dieu d'être présent partout. Car, étant l'agent universel, sa puissance atteint tous les êtres ; il existe donc en toutes choses, comme on l'a vu précédemment.

Mais la puissance de l'ange, puisqu'il est un agent particulier, n'atteint pas tout l'univers ; il atteint certaines choses sans en atteindre d'autres. Et voilà pourquoi il est à tel endroit sans être dans un autre. Or il est manifeste, selon ce que nous avons dite, que la créature corporelle est régie par les anges. Donc, puisque certaines choses doivent être accomplies par tel ange au sujet de telle créature corporelle, cet ange est à nouveau mis en relation par sa puissance avec tel corps, et c'est ainsi qu'il commence à se trouver à nouveau dans tel endroit. Tout cela procède du commandement divin. C'est donc par Dieu, comme nous l'avons dit plus haut, que l'ange est envoyé. — Mais l'action, que l'ange envoyé exerce, procède de Dieu comme de son principe premier, par l'ordre et l'autorité de qui les anges opèrent ; et cette action s'achève en Dieu comme en sa fin ultime. Et l'ange fait cela en tant que ministre. Car le ministre est comme un instrument intelligent : l'instrument est mû par un autre, et son action est ordonnée à une fin autre que lui-même. C'est pour cela qu'on appelle ministères les actions des anges, et qu'on dit ceux-ci envoyés en ministères.

Solutions

1. Une action peut être dite intellectuelle de deux manières. Premièrement, en ce sens qu'elle existe dans l'intelligence elle-même, comme la contemplation ; une telle opération ne requiert pas un lieu spécial. Au contraire, S. Augustin peut dire : « Même nous, quand nous goûtons par l'Esprit quelque chose d'éternel, nous ne sommes plus en ce monde. » Secondement, une action peut être dite intellectuelle parce qu'elle est réglée et commandée par telle intelligence ; et ainsi, il est clair que les opérations intellectuelles ont parfois un lieu déterminé.

2. Le ciel empyrée est attribué à la dignité des anges en vertu d'une certaine convenance, car il convient que le lieu corporel le plus élevé soit attribué à ces êtres dont la nature est au-dessus de tous les corps. Mais l'ange ne reçoit pas une dignité nouvelle du fait d'être dans le ciel empyrée ; c'est pourquoi, quand il n'y est plus en acte, rien n'est enlevé à sa dignité, pas plus qu'à la dignité du roi quand il ne siège pas en fait sur le trône royal.

3. Chez nous, une opération extérieure trouble la pureté de notre contemplation, parce que nous nous livrons à cette action avec nos forces sensibles, dont les actes, quand nous y prêtons attention, paralysent les actes de notre puissance intellectuelle. Mais l'ange dirige ses actes extérieurs par sa seule opération intellectuelle. Ces actes n'empêchent donc en rien la contemplation, car si une action est la règle et la raison de l'autre, celle-ci n'empêche pas la première, mais elle l'aide à se réaliser. C'est pourquoi S. Grégoire dite que « les anges qui vont au dehors ne sont pas privés des joies de la contemplation intérieures ».

4. Les anges, dans leurs actions extérieures, servent principalement Dieu, et secondairement nous-mêmes ; non pas que nous leur soyons supérieurs d'une façon absolue, mais parce que tout homme ou tout ange, en tant qu'il adhère à Dieu, devient spirituellement un avec Dieu, et comme tel est supérieur à toute créature. S. Paul dit aux Philippiens (Philippiens 2.3) : « Estimez les autres supérieurs à vous-mêmes. »


2. Tous les anges sont-ils envoyés en ministère ?

Objections

1. Il est dit dans la lettre aux Hébreux (Hébreux 1.14) : « Tous sont des esprits chargés d'un ministère, envoyés en service. »

2. Parmi les ordres des anges, le plus élevé est celui des Séraphins, nous l'avons montré. Mais un Séraphin fut envoyé pour purifier les lèvres du prophète Isaïe (Esaïe 6.6). Donc à plus forte raison les anges inférieurs sont envoyés.

3. Les Personnes divines dépassent infiniment tous les ordres des anges. Or elles sont envoyées. Donc bien plus encore les anges même les plus élevés.

4. Si les anges supérieurs n'étaient pas envoyés à un ministère extérieur, ce serait seulement parce qu'ils exerceraient les ministères divins par l'intermédiaire des anges inférieurs. Mais, puisque tous les anges sont inégaux, on l'a dit, chaque ange, sauf le dernier d'entre eux, a un ange qui lui est inférieur. Donc seul le dernier des anges serait envoyé dans le ministère. Ceci est contraire à ce que dit Daniel (Daniel 7.10) : « Des milliers de milliers le servaient. »

En sens contraire, S. Grégoire, commentant une sentence de Denys déclare : « Les armées célestes les plus élevées n'exercent aucunement un ministère extérieurs. »

Réponse

Comme nous l'avons montré, il est conforme à l'ordre de la providence divine que, non seulement chez les anges mais même dans tout l'univers, les êtres inférieurs soient gouvernés par les êtres supérieurs. Dans les choses corporelles, il y a quelquefois, par suite d'une volonté divine, une dérogation à cette règle, pour réaliser un plan supérieur, c'est-à-dire en vue d'une manifestation de grâce. Que l'aveugle de naissance ait recouvré la vue, que Lazare ait été ressuscité, cela fut accompli directement par Dieu, sans aucune intervention des corps célestes. Les anges bons et mauvais peuvent réaliser quelque chose dans les êtres corporels en dehors de l'action des corps célestes, par exemple en condensant les nuages pour faire pleuvoir, ou en faisant d'autres choses de ce genre. Par ailleurs, il n'est pas douteux que Dieu puisse révéler des choses aux hommes sans passer par l'intermédiaire des anges, et que les anges supérieurs puissent le faire sans passer par l'intermédiaire d'anges inférieurs. Cette considération a fait dire à certains que, selon la loi commune, les êtres supérieurs ne sont pas envoyés, mais seulement les inférieurs ; les êtres supérieurs ne seraient envoyés qu'exceptionnellement, par une décision divine.

Cette opinion ne paraît pas raisonnable, parce que c'est le degré de leur grâce qui constitue les anges dans leur ordre. Or l'ordre de la grâce ne connaît pas d'ordre supérieur auquel il pourrait être soumis, comme l'ordre de la nature est soumis à l'ordre de la grâce. — Remarquons en outre que l'ordre de la nature, dans l'accomplissement des miracles, est l'objet d'une exception en vue de confirmer la foi. Or il ne servirait à rien de faire une exception pour l'ordre angélique, puisque cela échapperait à notre connaissance. D'ailleurs, il n'y a rien de si grand parmi les ministères divins, qui ne puisse être accompli par les ordres inférieurs. S. Grégoire dit que les anges qui annoncent les plus grandes choses sont appelés archanges. C'est pour cela que l'archange Gabriel fut envoyé à la Vierge Marie, ce qui fut le plus élevé de tous les ministères divins. Il faut donc dire absolument avec Denys que « les anges supérieurs ne sont jamais envoyés pour un ministère extérieur ».

Solutions

1. Parmi les missions des Personnes divines, il en est de visibles, qui ont pour objet des créatures corporelles, il en est d'invisibles, dont l'effet est spirituel. De même pour les missions des anges ; il en est d'extérieures qui comportent un ministère à l'égard des choses corporelles, et, tous les anges ne sont pas envoyés pour de pareilles missions. Mais il en est d'intérieures, dont les effets sont spirituels, par exemple si un ange en éclaire un autre ; et de cette manière tous les anges sont envoyés. On pourrait dire aussi que S. Paul, dans le texte cité, veut prouver que le Christ est supérieur aux anges qui avaient apporté l'ancienne Loi ; et ainsi il montre l'excellence de la nouvelle Loi par rapport à l'ancienne. Ce texte ne viserait donc que le ministère des anges qui ont apporté la Loi.

2. Selon Denys, l’ange qui fut envoyé pour purifier les lèvres du prophète fut un ange inférieur. On l'appellerait Séraphin, autrement dit brûlant, d'une manière impropre, parce qu'il était venu pour enflammer les lèvres du prophète. On pourrait dire aussi que les anges supérieurs communiquent leurs dons propres, desquels ils tirent leur nom, par la médiation d'anges inférieurs. C'est ainsi qu'on dirait qu'un Séraphin a purifié par le feu les lèvres du prophète, non parce qu'il l'aurait fait lui-même directement, mais parce qu'un ange inférieur l'aurait fait par un pouvoir reçu de lui. On dit de même que le pape absout quelqu'un, même s'il donne l'absolution par l'intermédiaire d'un autre.

3. Les Personnes divines ne sont pas envoyées en ministère ; c'est improprement qu'on dit qu'elles sont envoyées, comme nous venons de le dire.

4. Parmi les ministères divins il y a de multiples degrés. Rien n'empêche donc que des anges inégaux soient envoyés directement pour ces divers ministères, les anges supérieurs étant envoyés aux ministères plus élevés, les inférieurs aux ministères moins élevés.


3. Les anges envoyés en ministère demeurent-ils auprès de Dieu ?

Objections

1. S. Grégoire a dit : « Les anges sont envoyés et demeurent auprès de Dieu ; car, bien que l'esprit angélique soit circonscrit, l'Esprit suprême qui est Dieu n'est pas circonscrit ».

2. L'ange de Tobie fut envoyé en mission. Il dit pourtant (Tob 12.15) : « je suis l'ange Raphaël, un des sept qui nous tenons devant Dieu. » Donc les anges envoyés continuent à se tenir en présence de Dieu.

3. Tout ange bienheureux est plus proche de Dieu que Satan. Or Satan se tient en présence de Dieu d'après Job (Job 1.6) : « Tandis que les fils de Dieu se tenaient devant Dieu, parmi eux il y avait aussi Satan. » Donc, à plus forte raison, les anges envoyés en mission demeurent auprès de Dieu.

4. Si les anges inférieurs ne demeuraient pas devant Dieu, ce serait parce qu'ils ne reçoivent pas directement les illuminations divines, mais à travers les anges supérieurs. Or tout ange ne reçoit les illuminations divines qu'à travers un ange supérieur, sauf celui des anges qui les surpasse tous. Donc, seul cet ange suprême se tiendrait en présence de Dieu. Et cela est contraire à ce passage de Daniel (Daniel 7.10) : « Des dizaines de milliers, des centaines de milliers siégeaient devant lui. » Donc, même ceux qui sont dans le ministère siègent devant Dieu.

En sens contraire, S. Grégoire, commentant ce texte de Job (Job 25.3) : « Peut-on dénombrer ses troupes ? » dit « Auprès de lui demeurent les puissances qui ne sortent pas pour aller annoncer des choses aux hommes. » Donc, ceux qui sont envoyés en ministère ne siègent pas.

Réponse

Les anges se répartissent en assistants et en administrateurs, à la ressemblance des familiers d'un roi. Parmi ceux-ci, il en est qui l'assistent toujours et entendent directement ses préceptes. Les autres reçoivent les préceptes royaux grâce à ceux qui se tiennent toujours près du roi ; c'est le cas de ceux qui dirigent l'administration des villes ; ceux-là sont appelés ministres, mais non assistants. Nous devons donc penser que tous les anges voient immédiatement l'essence divine ; à ce point de vue, nous dirons que tous, même ceux qui sont dans le ministère, se tiennent devant Dieu. C'est pourquoi S. Grégoire dit que « ceux qui sont envoyés dans le ministère extérieur pour notre salut peuvent toujours siéger et voir la face du Père ». Mais tous les anges ne peuvent pas percevoir les secrets des mystères divins dans la clarté même de l'essence divine, car cela est réservé aux anges supérieurs par lesquels ces secrets sont annoncés aux inférieurs. D'après cela, seuls, les anges supérieurs, qui sont de la première hiérarchie, sont dits siéger devant Dieu, eux dont c'est le propre, selon Denys, d'être illuminés directement par Dieu.

Solutions

1 et 2. Tout cela donne la solution aux deux premières objections, qui se réfèrent au premier mode d'assistance.

3. Ce texte de Job ne signifie pas que Satan ait siégé devant Dieu, mais seulement qu'il se trouvait au milieu de ceux qui siégeaient, parce que, comme dit S. Grégoire, « bien qu'il ait perdu la béatitude, il n'a pas perdu sa nature, semblable à celle des anges ».

4. Tous ceux qui siègent devant Dieu voient certaines choses dans la clarté de l'essence divine. C'est pourquoi l'on dit qu'il appartient en propre à tous les membres de la première hiérarchie d'être illuminés directement par Dieu. Mais les plus élevés parmi eux perçoivent plus que les inférieurs, et illuminent ceux-ci, de même que, parmi les assistants d'un roi, certains connaissent ses secrets plus que d'autres.


4. À quel ordre d'anges appartiennent ceux qui sont envoyés ?

Objections

1. Il semble que tous les anges de la deuxième hiérarchie sont envoyés. En effet, selon Daniel (Daniel 7.10), tous les anges ou siègent devant Dieu, ou sont envoyés en ministère. Or les anges de la deuxième hiérarchie ne siègent pas ; ils sont en effet illuminés par les anges de la première hiérarchie, selon Denys. Donc ils sont tous envoyés en mission.

2. S. Grégoire, assure que les anges qui sont envoyés en mission sont plus nombreux que ceux qui siègent. Cela ne serait pas si les anges de la deuxième hiérarchie n'étaient pas envoyés. Donc ils le sont tous.

En sens contraire, Denys affirme : « Les Dominations sont au-dessus de toute sujétion. » Être envoyé en ministère relève d'une sujétion. Donc les Dominations ne sont pas envoyées en ministère.

Réponse

Comme nous l'avons dit, c'est le propre de l'ange d'être envoyé dans le ministère extérieur, du fait que par le commandement divin il s'occupe de quelque créature corporelle ; c'est requis pour l'exécution du ministère divin. Les actions propres des anges nous sont manifestées par leur nom, selon Denys. C'est pourquoi les anges envoyés dans le ministère extérieur sont ceux dont le nom indique qu'ils sont chargés de l'exécution de quelque mission. Or le nom de Dominations n'implique pas une exécution, mais seulement la disposition prise et le commandement donné en vue de l'exécution. Au contraire, les noms d'anges inférieurs nous donnent à entendre l'exécution. En effet « anges » et « archanges » indiquent une annonce, tandis que « Vertus » et « Puissances » marquent un rapport avec quelque action. C'est le propre du Prince, dit S. Grégoire, « de se trouver le premier parmi d'autres réalisateurs ». C'est donc que l'envoi pour un ministère extérieur appartient à ces cinq ordres, mais non aux quatre ordres supérieurs.

Solutions

1. Les Dominations sont comptées parmi les anges de ministère, non en tant qu'elles exécutent elles-mêmes ce ministère, mais en tant qu'elles disposent et ordonnent ce qui doit être fait par d'autres, tout comme les architectes ne mettent pas eux-mêmes la main aux constructions, mais seulement disposent et commandent ce que les autres doivent réaliser.

2. Au sujet du nombre de ceux qui sont assistants et de ceux qui vont en ministère, on peut considérer deux points de vue différents. S. Grégoire dit qu'il y a plus de ministres que d'assistants. Il estime en effet que l'expression « des milliers de milliers étaient ses ministres » ne doit pas être prise au sens de multiplication, mais d'une division, comme on dirait « des milliers parmi les milliers » ; en ce cas, le nombre des ministres est indéfini pour signifier qu'il est fort élevé, tandis que le nombre des assistants est limité, puisqu'on ajoute : « et des dizaines de milliers, des centaines de milliers l'assistaient ». Et cela suit le raisonnement des platoniciens qui disaient que plus les choses sont proches d'un seul principe premier, plus leur nombre est réduit, de même que plus un nombre est proche de l'unité, moins il est élevé. Cette opinion serait sauvegardée quant au nombre des ordres, puisque six sont ministres et trois assistants. Mais Denys établit que la multitude des anges dépasse toute multitude matérielle. Ainsi, de même que les corps supérieurs transcendent les corps inférieurs par leur grandeur, immensément, de même les natures incorporelles supérieures transcendent par leur multitude toutes les natures corporelles. Car Dieu recherche et multiplie davantage ce qui est meilleur. Selon ce principe, puisque les assistants sont supérieurs aux ministres, les assistants seront plus nombreux que les ministres. « Des milliers de milliers » devrait alors se comprendre au sens d'une multiplication, comme si l'on disait « mille fois mille ». Et puisque dix fois cent fait mille, si l'on disait des dizaines de centaines de mille, on donnerait à entendre qu'il y a autant d'assistants que de ministres. Mais puisqu'il est dit « des dizaines de milliers de centaines de mille », il y aurait beaucoup plus d'assistants que de ministres. Cependant cela ne signifie pas qu'il y ait exactement autant d'anges, et pas davantage, mais bien plutôt que leur nombre dépasse toute multitude matérielle, ce qu'on veut signifier par la multiplication des chiffres les plus élevés, à savoir, des dizaines, des centaines, des milliers, comme dit Denys.


Étudions maintenant le rôle des anges gardiens ; et nous étudierons ensuite les attaques des anges mauvais (Q. 114).

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