Après ce que nous venons de dire, personne ne sera surpris que la parole joue un rôle assez peu considérable dans le culte mosaïque, et que les actes y soient presque tout. Les prêtres sont chargés d’enseigner à leurs frères les lois de l’Éternel (Deutéronome 33.10. § 95), mais la prédication n’existe pas dans le culte de l’ancienne alliance, et il n’est question qu’une fois de la lecture de la parole de Dieu, et encore est-ce lors d’une fête qui ne revenait que tous les sept ans (Deutéronome 31.11). Les lieux de culte et les actes du culte étaient les deux principaux moyens par lesquels se conservaient en Israël la connaissance du vrai Dieu et le souvenir des grands événements de son histoire (Exode 29.43-46 ; Psaumes 27.4 ; Exode 16.26-27 ; 13.14 et sq. § 105). — Si la prédication est nulle et la lecture rare, en revanche, l’emploi de formules liturgiques est assez fréquent ; nous en trouvons une dans la bénédiction sacerdotale (Nombres 6.24-26). Lors de la fête des Expiations, Aaron, imposant les deux mains sur la tête du bouc vivant, confessait sur lui toutes les iniquités des enfants d’Israël (Lévitique 16.21) ; et lorsqu’un Israélite offrait un sacrifice pour le péché, il devait, chose assez remarquable, confesser à haute voix son péché (Lévitique 5.5 ; Nombres 5.7). Puis, il y avait des vœux. Pour ce qui est des prières relatives à des circonstances déterminées, le Deutéronome (ch. 26) n’en indique que pour deux cas, l’offrande des prémices et l’offrande de la dîme. Mais à côté des prières prévues par la loi et prescrites pour telles ou telles circonstances, il y avait dans le peuple de Dieu un puissant courant, un puissant esprit de prière : tous les grands hommes du Pentateuque sont des hommes de prière.
[Moïse ne recommande nulle part expressément la prière ; mais il en donne l’exemple : La lutte de Jacob, la bataille de Réphidim, son intercession en faveur du peuple que Dieu veut rejeter, voilà certes qui crie d’une manière bien persuasive à quiconque a des oreilles : Invoque-moi et je te délivrerai !]
C’est cet esprit de prière qui donne naissance au chant sacré que, dès Exode 15.20 ; Juges 21.21, nous voyons apparaître avec la danse comme une partie du culte. [Jusqu’à David, le chant ne figure toutefois dans le culte que comme une manifestation tout à fait libre et imprévue de la piété.]