Mon Dieu, ta Parole m’a dit que là où serait mon trésor, là serait mon cœur. Mon expérience me répète ce que m’a dit ta Parole. Je sens que je m’attache aux objets dont je m’occupe, et que, lorsque mon esprit se nourrit trop exclusivement des affaires de ce monde, mon cœur suit bientôt la même pente, et à la fin, je roule dans l’abîme ; je perds de vue le ciel ; je fouille le sein de la terre ; je ne vois plus, ne pense plus, ne rêve plus qu’à travers des nuages de gloire ou la poussière d’or ! Alors mon âme est absorbée dans l’objet de ma passion ; mon cœur tout entier passe dans mon trésor.
Oh ! Seigneur, que cette maladie est pénible, misérable, honteuse ! Comme elle porte bien avec elle son digne salaire, dans le rangement d’esprit qu’elle amène et le désenchantement qu’elle laisse. Oui, mon cœur, tour à tour idolâtre des faux biens de ce monde et fatigué de son idolâtrie, revient aujourd’hui vers toi pour te demander pardon. Mais surtout, Seigneur, donne-moi de mettre mes affections dans les biens que la rouille ne saurait consumer, dans cette contemplation de mon Créateur et de ses œuvres, dans cette étude assidue de sa Parole et de sa volonté ; et surtout, donne-moi de mettre mon ambition dans ce qui vaut plus qu’un royaume : la sainteté de vie, le dévouement à mes frères, l’instruction de l’ignorant, la patience dans les épreuves, la foi à tes promesses, et l’attente paisible et joyeuse du jour où je verrai, dans le ciel, confondus en toi seul, mes affections et mon trésor. En attendant, que ma richesse ici-bas soit puisée dans le bien à faire, les pauvres à soulager, les pécheurs à évangéliser ; que je mette là toutes mes préoccupations ; que je vive dans ce sanctuaire où les larrons ne sauraient pénétrer.