Chaque chose en son lieu. L’autel des holocaustes qui, de tous les instruments du culte, est le seul avec lequel le peuple ait directement affaire, se trouve dans le parvis. — La terre ou les pierres non taillées qui en remplissent l’encadrement, ne sont point destinées à rappeler que l’homme est une chétive créature, tirée de la poudre et condamnée à retourner en poudrea ; — cela veut dire simplement que l’autel doit être fait de matériaux que la main de l’homme n’a pas souillés. — Les cornes de l’autel ont été fort diversement comprises. On y a vu le symbole de la puissance que Dieu peut déployer pour sauverb ; et en effet, les cornes sont toujours le symbole de la force, et nous avons déjà parlé de l’asile assuré que trouvaient auprès de l’autel les malfaiteurs involontaires, si l’on peut s’exprimer ainsi, qui avaient réussi à en saisir les cornes. — D’autres, s’appuyant surtout sur le rôle que jouent ces cornes dans les sacrifices, estiment qu’elles ne sont en quelque sorte que les points culminants de l’autel, les points où par conséquent le sang de la victime, lorsqu’on les en arrose, se trouve le plus rapproché du Dieu qu’il s’agit d’apaiserc. Lorsqu’elles sont abattues, l’autel a perdu toute son importance (Amos 3.14).
a – Ainsi que le pense Bæhr. Passe encore pour la terre, mais qu’auraient à faire ici les pierres non taillées ?
b – Riggenbach et Keil.
c – Ainsi Hofmann, à l’opinion duquel je me range aussi.
La cuve d’airain forme la transition entre les sacrifices, qui sont une partie du culte auquel tous les Israélites prennent une certaine part, et cette autre partie du service divin qui est exclusivement l’affaire des prêtres. Avant d’entrer dans le sanctuaire proprement dit pour travailler à l’expiation du peuple, les prêtres doivent se laver pieds et mains, et cela sous peine de mort (Exode 30.21). Quelle manière frappante de leur faire comprendre que quiconque veut travailler au salut de ses frères, doit lui-même le premier se sanctifier dans toute sa conduite !
L’autel des parfums est dans le lieu saint, en face du voile intérieur et par conséquent de l’arche et de la présence de l’Éternel. Soir et matin, un prêtre y offrait de l’encens, image des prières du peuple qui, plus tard (Luc 1.10), se réunissait à ces heures dans le parvis pour prier (Psaumes 141.2 ; Apocalypse 5.8 ; 8.3). Dans Nombres 16.46 (dans les Bibles hébraïques 17.11), l’encens représente l’intercession du grand prêtre. — La table d’or avec les douze pains de proposition est aussi une espèce d’autel sur lequel les douze tribus offrent au Dieu qui les nourrit une partie de leur pain quotidien. Ce n’est pas l’opinion de chacun. Bœhr voit dans les pains de la face, non pas les pains qui sont exposés par le peuple devant Dieu, mais les pains par lesquels on arrive à voir Dieu ; or, voir Dieu est la nourriture par excellence. Mais comment expliquer alors l’expression de table de la face (Nombres 4.7), si cela ne veut pas dire la table qui est continuellement devant l’Éternel ? Que faire en outre des mots : « de la part des enfants d’Israël. » (Lévitique 24.8)d ? Pourquoi Lévitique 24.7, en ordonnant de répandre de l’encens sur chaque rangée de pains, mettrait-il ces pains sur le même pied que les offrandes ? Voyez encore Exode 25.29 et Nombres 4.7, où les vases servant aux aspersions sont cités parmi les ustensiles qui accompagnent la table d’or. Comment enfin, si Bæhr avait raison, le fait qu’au bout de huit jours les prêtres mangeaient ces pains, ne serait-il qu’un accessoire ? Ce devrait être la cérémonie la plus importante, tandis qu’il saute aux yeux que c’est uniquement là un moyen de les soustraire à toute espèce de profanation, et qu’après cette semaine passée dans le temple, ils ont accompli leur mission.
d – Les pains de proposition, est-il dit dans le même verset, sont une alliance perpétuelle, c’est-à-dire un gage fourni par Israël de l’alliance éternelle qui existe entre Dieu et lui. Voyez la même expression appliquée à la circoncision (§ 87).
[Hengstenberg y voit le symbole de la nourriture spirituelle que le peuple a produite pendant la semaine. On ne comprend pas d’abord ce qu’il entend par là. Mais notre Seigneur a dit : βρῶσιν ἐγγάζεσθε τὴν… acquérez, produisez la nourriture.… (Jean 6.27. Comparez Jean 4.32). Les Israélites auraient donc à présenter à Dieu des bonnes œuvres. Mais cette manière de voir nous paraît n’avoir absolument aucun appui dans l’A. T.]
Quant au chandelier d’or, Philon prétend que c’est à cause des sept planètes connues des anciens, qu’il avait sept becs. Chez d’autres peuples de l’antiquité, il se peut que ce soit à cela que le nombre sept doive son caractère sacré (§ 148), mais chez Moïse, il n’y a pas trace de rien de semblable. Chez Moïse, le nombre sept appliqué aux institutions théocratiques en marque l’excellence. Le chandelier aux sept becs est le symbole de la lumière parfaite qui éclaire ceux qui ont le bonheur de faire partie du peuple de l’alliance ; lumière sainte qui non seulement fait voir, mais qui encore sauve et communique la grâce (Nombres 6.25). Voyez à cet égard Apocalypse ch. 1 et Zacharie 4. Dans la vision de Jean, le chandelier représente l’Église éclairée par son Dieu, et dans celle de Zacharie, où le chandelier est toujours plein d’huile sans qu’aucun homme y en mette, se trouve exprimée la précieuse pensée que l’Esprit de Dieu est pour le peuple élu une source intarissable de bénédictions, v. 6. — Les ornements du chandelier sont en forme de fleurs d’amandiers et de grenades, deux fleurs qui sont l’emblème de la vitalité ; l’amandier fleurit quand la sève dort encore sous l’écorce de tous les autres arbres. De même que la branche d’amandier qui fleurit en faveur d’Aaron (Nombres 17.1-9, dans les Bibles hébr., 16 à 24), montre la vitalité du sacerdoce que Dieu a confié à cette famille et l’impuissance des attaques dont il peut être l’objet, — de même ces ornements représentent la plénitude de vie divine qui est communiquée au peuple élu, quand il cherche son Dieu. Lumière et vie, ce sont là deux notions très voisines l’une de l’autre : « La source de la vie est avec Toi, et c’est par Ta lumière que nous sommes éclairés. » (Psaumes 36.10) Le peuple ne peut se présenter devant son Dieu qu’éclairé de la lumière, et qu’animé de la vie que ce même Dieu commence par lui communiquer.