Sonnets Chrétiens


Livre Troisième — Sonnet XL

Sur la Mort d’Hérode Agrippa

Voyez ce Roi superbe, en sa magnificence.
Il brille sur un trône, au milieu des flatteurs ;
Ses sujets, étonnés, sont les adorateurs
Des charmes surprenants de sa rare éloquence.

Ce n’est pas un mortel, dit leur folle insolence ;
D’une céleste voix nous sommes auditeurs,
Et d’un visible dieu les heureux spectateurs ;
O Majesté divine ! ô suprême Puissance !

Mais un ange renverse et l’idole, et l’autel.
Et tout à coup ce dieu, faible, infirme, et mortel,
Est rongé par les vers, et par la pourriture.

Vous qui, le sceptre en main, régnez dans l’univers,
Pourrez-vous échapper aux lois de la nature,
Si, vivants, vous pouvez être mangés des vers ?


1 : Il était fils d’Aristobule, et petit-fils du grand Hérode. C’est lui à qui Caligula donna une chaîne d’or, du même poids qu’était sa chaîne de fer sous Tibère. 2 : Haranguant le peuple de Césarée dans une robe toute d’argent, d’une tissure sans pareille, et qui étant frappée des rayons du soleil, jetait un éclat céleste. 10 : Hélas ! s’écria-t-il alors, que votre mensonge est sensible ! Moi, que vous venez de nommer dieu, je reçois l’ordre de mourir incontinent. (Josèphe)

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