Ephrem fleurissait dans le même temps à Edesse, et Didyme à Alexandrie : ils écrivaient tous deux contre les hérétiques. Ephrem écrivait en Syriaque, parce qu'il ne savait point la langue Grecque, et ne laissait pas néanmoins de réfuter les erreurs des Grecs d'une manière invincible. Et parce que Hamonius fils de Bardesànès avait composé des Hymnes, où sous la beauté de la Poésie il avait caché le venin de l'erreur, Ephrem en composa d'autres, qui avec l'élégance des termes, avaient la sincérité de la piété, et qui servent encore aujourd'hui à rendre les Fêtes des saints Martyrs plus célèbres. Pour Didyme bien qu'il eût perdu la vue dès sa jeunesse, il ne laissa pas d'apprendre la Poétique, la Rhétorique, l'Arithmétique, la Géométrie, et l'Astronomie. Il apprit aussi par le seul sens de l'ouïe, la Logique d'Aristote, et la doctrine de Platon, non comme des sciences qui continrent la vérité, mais comme des arts dont la vérité se peut servir pour confondre le mensonge. Il apprit encore non seulement les termes, mais il pénétra le sens de l'Écriture. Voilà les Moines qui se rendirent en ce temps-là les plus célèbres par leur vertu.