1 J’aurais bien d’autres passages semblables à vous citer, de Moïse et des prophètes, mais tous ceux-ci doivent suffire, je pense, pour vous convaincre lorsque vous lisez ces paroles : « Le Seigneur disparut de devant Abraham, » ou bien : « le Seigneur dit à Moïse ; » et ailleurs, « le Seigneur descendit pour voir la tour qu’avaient élevée les enfants des hommes ; » ou ces autres paroles : « Dieu ferma en dehors l’arche de Noé ; » pour vous convaincre, dis-je, que ce n’est pas le Dieu incréé qui est descendu ou monté de quelqu’endroit. 2 Car le père, le souverain maître de toutes choses, dont le nom est inénarrable, ne va pas d’un lieu à un autre, il ne marche, ni ne dort ; il demeure dans son séjour qui est partout ; il n’est rien qu’il ne discerne, qu’il n’entende parfaitement sans yeux et sans oreilles ; mais par sa seule vertu ineffable il voit tout, il entend tout ; personne ne lui échappe, il ne change point de lieu ; l’espace, que dis-je, le monde tout entier, ne peut le contenir, car il était avant le monde ; et 3 comment pourrait-il parler ou apparaître à quelqu’un, ou se montrer sur un petit coin de terre, puisque le peuple sur le mont Sinaï ne put supporter l’éclat de celui qu’il avait envoyé, puisque Moise lui-même n’aurait pu entrer dans le tabernacle qu’il avait fait, si Dieu l’eût rempli de sa gloire ; puisque le grand-prêtre ne put se tenir debout à la porte du temple, quand Salomon fit entrer l’arche sainte dans la demeure qu’il venait d’élever au Très-Haut à Jérusalem ? 4 Ainsi donc, ni Abraham, ni Isaac, ni Jacob, ni aucun homme n’a vu le souverain arbitre dont le nom est inénarrable, le Père de toutes choses et du Christ lui-même ; mais ils ont vu celui qui, selon la volonté du Père, est son fils et Dieu lui-même, et son ange, parce qu’il exécute ses ordres ; c’est lui qui s’est fait homme et a voulu naître d’une vierge, et qui autrefois s’était entretenu du milieu d’un buisson avec Moïse, sous la forme du feu. 5 Si ce n’était pas le sens des divines Ecritures, qu’arriverait-il ? Il faudrait dire que le Père, le maître de toutes choses, n’était point dans le Ciel dans cette circonstance ou Moïse nous dit : « Le Seigneur a fait tomber du ciel sur Sodome, par le Seigneur, une pluie de soufre et de feu ; » ou lorsqu’il est dit ailleurs par David : « Princes, ouvrez vos portes, élevez vos portes éternelles, et le roi de gloire entrera ; » ou bien lorsque le même prophète dit encore : « Le Seigneur a dit à mon Seigneur : asseyez-vous à ma droite jusqu’à ce que je réduise vos ennemis à vous servir de marchepied »