L’ancien disciple des apôtres nous continuait ses enseignements, et il nous démontrait que le même Dieu était l’auteur de l’un et l’autre Testament, et que ce Dieu était également celui de qui nous tenions l’existence ; et il réfutait facilement les assertions de ceux qui veulent que ce monde dans lequel nous vivons soit l’ouvrage, ou des anges, ou de quelque autre puissance que nous ne connaissons pas, ou enfin de quelque autre Dieu. Car, pour peu qu’on laisse s’égarer sa foi sur ce point, et qu’on avoue un créateur différent ou un différent mode de création, dès ce moment on tombe de contradiction en contradiction, et on ne peut plus rien prouver, non-seulement par des raisons vraies, mais même par des raisons vraisemblables. Voilà pourquoi ceux qui nous élèvent des difficultés sur d’autres points se gardent bien de nous faire connaître leurs sentiments sur la nature de Dieu, sentant combien est futile et vaine leur doctrine à ce sujet, et craignant qu’étant vaincus sur ce point, ils ne le fussent bientôt sur tout le reste. En effet, si l’on croit à un Dieu unique, créateur de tout ce qui existe par le ministère de son Verbe, selon cette parole de la Genèse : « Et Dieu dit : Que la lumière soit ; et la lumière fut ; » et ce passage de l’Évangile : « Tout a été fait par lui, et rien n’a été fait sans lui ; » et encore, selon ce passage de saint Paul : « Il n’y a qu’un Seigneur, qu’une foi et qu’un baptême ; il n’y a qu’un Dieu, père de tous, qui est au-dessus de tous, et qui réside en nous tous ; » dès que l’on reconnaît cette vérité, il faudra aussi reconnaître « que, par lui, tout le corps dont les parties sont unies ensemble avec une si juste proportion, reçoit, au moyen des vaisseaux qui portent l’esprit et la vie, l’accroissement par une vertu secrète, selon la mesure qui est propre à chacun des membres, afin qu’il se forme ainsi et se perfectionne par la charité. » Et ainsi de suite il faudra reconnaître toutes les autres vérités du Christianisme, dans lequel on fortifiera de plus en plus sa croyance, à mesure que l’on entendra la lecture et l’interprétation des Écritures, qui sont faites par les prêtres, véritables dépositaires de la doctrine des apôtres, ainsi que nous l’avons démontré.
En effet, les apôtres ont tous unanimement enseigné que les deux Testaments, qui ont été donnés pour deux peuples différents, avaient un seul et même auteur, Dieu, qui en a coordonné toutes les dispositions, selon la plus grande utilité des hommes, pour qui ils ont été publiés, et suivant le degré de leur foi. Cette démonstration a été l’objet de notre troisième livre ; nous avons prouvé en même temps que l’ancien Testament avait un grand but d’utilité pour la partie du genre humain à qui il était destiné (car Dieu n’a nullement besoin de la subordination de l’homme), en soumettant les hommes par degrés à l’obéissance de Dieu. Ce Testament laissait voir en figures un ordre de choses plus élevé et plus spirituel, parce que l’homme ne pouvait pas voir encore par ses propres lumières les choses divines ; en même temps il annonçait d’une manière figurative tout ce qui constituerait l’Église nouvelle, afin que la foi des hommes de la loi nouvelle puisât une nouvelle force dans ces prophéties, et afin que l’homme se pénétrât de cette vérité, que Dieu connaît l’avenir, comme il connaît le passé et le présent.