Préparation évangélique

LIVRE VII

CHAPITRE XXI
EXTRAIT DE PHILON SUR LE MÊME SUJET

« Toute cette matière a-t-elle été créée ? Examinons. Dieu avait si bien prévu ce qu’il lui fallait de matière, qu’il n’en a eu ni trop ni trop peu. Car il serait absurde de penser que, comme certains ouvriers dans des choses d’un grand prix, il en ait pesé la quantité nécessaire, ou bien encore qu’il ait déterminé les nombres, les mesures, les proportions de son ouvrage sans rien déterminer sur la matière. Avouons-le franchement, la formation du monde n’en exigeait ni plus ni moins : autrement il n’eût été ni parfait ni achevé dans certaines parties, sa construction eût laissé quelque chose à désirer. C’est le propre d’un sage ouvrier, avant de se mettre à l’œuvre, d’examiner la matière dont il a besoin. A la vérité l’homme, quoique supérieur par son intelligence aux autres animaux, ne peut pas toujours éviter certaines erreurs attachées à la nature mortelle, et se trompe quelquefois sur la quantité : tantôt il est obligé d’ajouter, tantôt de retrancher ; mais celui qui est la source de toutes les connaissances n’a pu en employer ni plus ni moins qu’il ne fallait, lui qui possède les mesures les plus exactes, les appréciations les plus justes. On ne nous fera point une objection sérieuse des ouvrages humains qui deviennent plus parfaits selon que l’on ajoute ou que l’on retranche de la matière : le sophiste s’arrête aux paroles, le sage cherche la vérité dans le fond des choses. »

Ainsi parle Philon. Maxime, illustre philosophe chrétien, a composé aussi un traité sur la matière. J’en choisirai quelques fragments tout à fait propres à éclaircir la question.

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant