Notre Seigneur a pris soin de réfuter lui-même à l’avance ceux qui ne voudraient pas confesser que c’est son Père, et non point quelque autre substance céleste, qui a envoyé les prophètes sur la terre ; que c’est ce même Dieu le père qui est l’auteur de tout ce qui existe, lorsqu’il a dit : « Un homme, père de famille, planta une vigne et l’enferma d’une haie ; et, creusant dans la terre, il fit un pressoir et bâtit une tour ; puis l’ayant louée à des vignerons, il s’en alla dans un pays éloigné. Or, le temps des fruits étant proche, il envoya aux vignerons ses serviteurs pour recueillir le fruit de la vigne. Et les vignerons s’étant saisis de ses serviteurs, battirent l’un, tuèrent l’autre, et en lapidèrent un troisième. Il leur envoya encore d’autres serviteurs en plus grand nombre que les premiers, et ils les traitèrent de même ; enfin il leur envoya son propre fils, disant en lui-même : Ils respecteront mon fils. Mais les vignerons voyant le fils, dirent entre eux : Celui-ci est l’héritier ; venez, tuons-le, et nous posséderons son héritage. Et s’étant saisis de lui, ils le jetèrent hors de la ville, et le tuèrent. Lorsque le maître de la vigne sera venu, comment traitera-t-il ces vignerons ? Ils lui dirent : Il fera périr misérablement ces méchants, et il louera sa vigne à d’autres vignerons, qui lui en rendront les fruits en leur temps. Jésus leur dit : N’avez-vous jamais lu cette parole dans les Écritures : La pierre qu’ont rejetée ceux qui bâtissaient est devenue la pierre de l’angle ? c’est le Seigneur qui a fait ces choses, et cela est admirable à nos yeux. C’est pourquoi je vous dis que le royaume de Dieu vous sera ôté, et qu’il sera donné à un peuple qui en portera les fruits. » Notre Seigneur a enseigné à ses disciples, par cette parabole, qu’il n’y a qu’un seul père de famille, c’est-à-dire un seul et même Dieu, dont le pouvoir opère toutes choses ; qu’il a sous ses ordres des serviteurs et des vignerons, dont les uns sont vains, paresseux, et méchants jusqu’à tuer le fils de leur maître, tandis que les autres sont des fermiers fidèles, qui paient exactement au temps marqué le prix de leur loyer ; et ce même père de famille envoie auprès de ceux qui cultivent son domaine, tantôt ses serviteurs, et quelquefois même son fils. Il est donc vrai de dire que c’est le même père de famille, le même Dieu, qui a envoyé ses prophètes et son fils auprès de ces vignerons, c’est-à-dire de ce peuple qui l’a mis à mort. Voilà pourquoi le Fils, c’est-à-dire le Christ, parlant comme investi de l’autorité du Père, disait, or, je vous dis… tandis que les serviteurs, c’est-à-dire les disciples du Seigneur, disaient, au contraire, voici ce que dit le Seigneur.
Ainsi le Christ, par son avènement sur la terre, a donné pour maître à ceux qui suivent sa loi ce même Dieu que les prophètes avaient annoncé au monde corrompu : mais ceux que Dieu avait reconnus pour ses serviteurs dans les anciens temps, lui obéissaient sous une loi d’esclavage, tandis que sous le nouveau Testament ceux qui le servent deviennent ses serviteurs par une loi d’adoption et de liberté. Car Dieu a planté la vigne du genre humain par la création d’Adam et ensuite par son alliance avec nos pères ; et il l’a donnée d’abord à cultiver à des vignerons qui la travaillèrent suivant les ordonnances de l’ancienne loi, c’est-à-dire de la loi de Moïse : il entoura cette vigne d’une haie, c’est-à-dire que cette culture fut renfermée dans un certain espace de terrain ; il y éleva, une tour, dans le choix qu’il fit de Jérusalem, où était son temple : il y plaça un pressoir, c’est-à-dire le livre des Écritures, qui devait recevoir le dépôt des inspirations de l’Esprit prophétique. C’est ainsi qu’il envoya des prophètes dès avant la captivité de Babylone, et il en envoya ensuite et en plus grand nombre, après le retour des Israélites, après cette servitude, pour recueillir les fruits de la vigne du Seigneur, car il disait au peuple : « Redressez vos voies et vos désirs ; et j’habiterai avec vous dans ce lieu, si vous redressez vos voies et vos désirs, si vous rendez le jugement entre l’homme et son voisin, si vous ne faites point d’injustice à l’étranger, au pupille et à la veuve, si vous ne répandez pas en ce lieu le sang innocent. Que l’homme ne médite pas dans son cœur le mal contre son frère ; fuyez les serments menteurs. Lavez-vous, purifiez-vous, faites disparaître de devant mes yeux la malice de vos pensées ; cessez de pratiquer l’injustice. Apprenez à faire le bien, aimez la justice, relevez l’opprimé, protégez l’orphelin, défendez la veuve. Et venez, accusez-moi, dit le Seigneur. » Et encore : « Préservez votre langue de la calomnie, et vos lèvres des discours artificieux. Éloignez-vous du mal et pratiquez le bien ; cherchez la paix et poursuivez-la sans relâche. » C’est par ces avertissements que les prophètes cultivaient le fruit de la vigne de justice. Enfin, lorsque le peuple eut cessé de croire aux prophètes, Dieu envoya vers lui son propre Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, que les vignerons infidèles tuèrent, et jetèrent hors de la vigne. Voilà pourquoi Dieu loua cette même vigne, qui n’était plus entourée d’une haie, mais qui s’étendait par toute la terre, à de nouveaux vignerons fidèles, qui lui firent porter des fruits abondants, et élevèrent au milieu d’elle une tour d’élection, dont l’univers admira l’éclat et la beauté. Et en effet, l’Église dont cette tour est la figure, jette de toutes parts un brillant éclat, et de tous côtés la tour est munie d’un pressoir, c’est-à-dire qu’il vient de tous côtés à l’Église de nouveaux fidèles qui reçoivent l’esprit de Dieu. Mais quant à ceux qui, après avoir mis à mort le Fils de Dieu, l’ont rejeté en dehors de la vigne, ils ont été justement réprouvés de Dieu ; et Dieu a eu raison de donner sa vigne à cultiver à d’autres, c’est-à-dire aux gentils, qui jusque-là n’étaient pas encore entrés dans la vigne. C’est pour cela que le prophète Jérémie a dit : « Le Seigneur a rejeté et abandonné la génération dévouée à sa fureur ; car les enfants de Juda ont fait le mal devant mes yeux, dit le Seigneur ; j’ai établi des sentinelles sur vous, et je vous ai dit : Écoutez le bruit de la trompette, et ils ont dit : Nous ne l’écouterons point. C’est pourquoi écoutez, nations, écoutez, peuples assemblés, tout ce que je ferai contre eux. » Il est donc démontré, que c’est un seul et même Dieu le père qui a planté la vigne, qui a tiré son peuple de la captivité, qui a envoyé ses prophètes, et ensuite son Fils, et qui a donné sa vigne à cultiver à des vignerons, qui paient leur loyer au temps convenu.
C’est à cette vérité que se rapportent ces paroles de notre Seigneur, lorsque voulant nous donner le moyen de devenir de bons ouvriers de la vigne, il a dit : « Prenez donc garde à vous, de peur que vos cœurs ne s’appesantissent dans les festins et dans l’ivresse et dans les soins de cette vie, et que ce jour ne vienne soudain sur vous ; car il enveloppe comme un filet tous ceux qui habitent sur la surface de la terre. Que vos reins soient entourés d’une ceinture ; et que vos lampes brûlent en vos mains, comme des serviteurs qui attendent que leur maître revienne des noces, se tenant prêts à lui ouvrir dès qu’il frappera à la porte : et comme il est arrivé dans les jours de Noé, ainsi il arrivera dans les jours du Fils de l’homme. Ils mangeaient et ils buvaient ; les hommes épousaient des femmes, et les femmes des maris, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ; et le déluge vint et les perdit tous. Il en sera de même qu’au jour de Loth : ils mangeaient et ils buvaient, ils achetaient et ils vendaient ; ils plantaient et bâtissaient. Mais le Jour que Loth sortit de Sodome, une pluie de feu et de souffre descendit du ciel et les perdit tous. Il en sera de même au jour où le Fils de l’homme sera révélé. Veillez donc, car vous ne savez à quelle heure votre Seigneur viendra. » On voit comment notre Seigneur proclame toujours un seul et même Dieu qui, au temps de Noé, punit les crimes des hommes par le déluge, et qui au temps de Loth doit tomber sur Sodome et Gomorrhe une pluie de feu, à cause de ses iniquités, et qui, à la fin des temps, fera lever le jour du jugement pour juger et punir ces mêmes iniquités. Mais aussi, nous apprend-il encore, le jugement porté sur Sodome et Gomorrhe sera mains sévère que celui qui sera porté sur toute cité ou toute maison qui n’aura pas reçu le verbe de Dieu ! « Et toi, Capharnaum, t’élèveras-tu toujours jusqu’au ciel ? Tu seras abaissée jusqu’à l’enfer, parce que si les prodiges qui ont été opérés au milieu de toi avaient été faits dans Sodome, elle subsisterait peut-être encore aujourd’hui. C’est pourquoi je te dis qu’au jour du jugement, la terre de Sodome sera traitée moins rigoureusement que toi. »
Il n’y a donc qu’un seul et même verbe de Dieu ; celui qui abreuve ceux qui croient en lui à la source de vie de l’éternité, et qui fait jeter au feu le figuier stérile ; c’est lui qui, au temps de Noé, a couvert la terre des eaux du déluge, afin d’anéantir dans les flots une race d’hommes, pervertie, devenue incapable de tout bien depuis la cohabitation avec les anges rebelles ; et qui en même temps qu’il châtiait l’iniquité des méchants, conservait dans l’arche avec Noé, le type et la semence de l’espèce humaine ; c’est lui qui, au temps où vivait Loth, a fait pleuvoir sur Sodome et sur Gomorrhe une pluie de feu qui fut la marque du juste jugement de Dieu, et afin d’apprendre aux hommes, « que tout arbre qui ne produit pas de bon fruit sera coupé et jeté au feu ; » enfin, c’est lui qui nous enseigne encore, qu’au jour du jugement dernier, le sort de Sodome sera moins triste que le destin de ceux qui, ayant vu ou connaissant les miracles qu’il a faits durant son séjour sur la terre, et la doctrine qu’il y a enseignée, n’auront pas cru néanmoins en lui. Car, de même que depuis son avènement et par son efficace, il aura accordé des grâces plus abondantes à ceux qui auront cru en lui et qui auront accompli ses commandements, de même aussi il jugera plus sévèrement ceux qui, depuis ce même avènement, ont résisté à croire ; parce que dans sa justice, qui est égale pour tous, il exigera davantage de ceux à qui plus de moyens de salut auront été donnés. Il demandera un compte plus sévère aux hommes, non pas parce qu’il leur aura enseigné un nouveau Dieu, autre que celui de leurs pères, ce que nous avons amplement démontré ne pouvoir être ainsi, mais parce que, par le mérite de son avènement sur la terre, une mesure plus abondante des grâces du Père aura été répandue sur le genre humain.
Si tout ce que nous avons dit jusqu’ici ne suffisait pas pour démontrer sans réplique, que c’est un seul et même Dieu qui a envoyé sur la terre et les prophètes et le Messie, nous dirions à ceux qui ne sont pas convaincus, d’ouvrir enfin leur cœur à la lumière de la vérité, et d’écouter notre Seigneur lui-même, notre maître, lorsqu’il a dit : « Le royaume des cieux est semblable à un roi qui fit les noces de son fils, et qui envoya des serviteurs appeler aux noces ceux qui y étaient conviés, et ils refusèrent d’y venir. Il envoya encore d’autres serviteurs, disant : Dites aux conviés : Voilà que j’ai préparé mon festin ; mon bœuf et tout ce que j’avais fait engraisser a été tué ; tout est prêt, venez aux noces. Mais eux ne s’en inquiétèrent pas, et s’en allèrent, l’un à sa moisson des champs, et l’autre à son négoce. Les autres se saisirent de ses serviteurs, et les tuèrent après les avoir accablés d’outrages. Or, le roi l’ayant appris, fut irrité, et il envoya ses armées, et il extermina ces meurtriers et brûla leur ville. Alors il dit à ses serviteurs : Le festin des noces est tout prêt ; mais ceux qui y avaient été appelés n’en ont pas été dignes. Allez donc dans les carrefours, et appelez aux noces tous ceux que vous trouverez. Et ses serviteurs se répandirent dans les voies publiques et assemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, bons et mauvais ; et la salle du festin fut remplie de convives. Le roi entra pour voir ceux qui étaient à table ; il vit un homme qui n’était point revêtu de la robe nuptiale, et il lui dit : Mon ami, comment êtes-vous entré ici sans avoir la robe nuptiale ? et cet homme se tut ; alors le roi dit à ses serviteurs : Liez-lui les mains et les pieds, et jetez-le dans les ténèbres extérieures ; là seront les pleurs et les grincements de dents ; car « il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus. » Ainsi le Christ nous apprend par ces paroles qu’il n’y a qu’un seul Seigneur, un seul roi, maître de toutes choses, qui est notre Père céleste, au sujet duquel il avait dit lui-même : « Vous ne jurerez pas par Jérusalem, parce qu’elle est la cité du grand Roi. » Or, c’est lui qui, dès le commencement, avait préparé les noces de son Fils, et qui, dans sa bonté infinie, avait fait convier au banquet par ses serviteurs, c’est-à-dire par ses prophètes, ceux qui étaient venus avant nous sur la terre ; mais comme ils n’ont pas répondu à cette invitation, il a envoyé d’autres prophètes pour les convier de nouveau ; et non-seulement ils ont refusé de se rendre au banquet, mais encore ils ont lapidé, ils ont tué ceux que le maître du festin avait envoyés vers eux ; celui-ci pour les punir a envoyé contre eux ses armées qui les ont fait périr et ont mis le feu à leur ville ; et c’est alors que de tous les chemins, c’est-à-dire de toutes les nations, ont été appelés à la noce du fils de Dieu de nouveaux invités, selon ces paroles de Jérémie : « Et j’ai envoyé vers vous tous mes serviteurs les prophètes, me levant dès le matin et les envoyant, et disant : Convertissez-vous, que chacun revienne de ses voies perverses, et purifiez vos désirs. » Et dans un autre endroit : « Et je leur ai envoyé tous mes serviteurs et mes prophètes chaque jour, et ils ne m’ont point écouté, et ils n’ont point prêté l’oreille ; et tu leur diras toutes ces choses, et ils ne t’écouteront point ; et tu leur diras : Voici le peuple qui n’a point écouté la voix du Seigneur son Dieu, et qui n’a point reçu sa doctrine : la fidélité a péri, la vérité a été enlevée de ses lèvres. » On voit donc, par les paroles de notre Seigneur lui-même, que ce Dieu qui appelait à lui par le moyen de ses prophètes les hommes qui vivaient alors, est le même Dieu qui, depuis le nouveau Testament, a appelé le genre humain à lui par ses apôtres. C’est donc ce même Dieu qu’ont proclamé et les prophètes et les apôtres, quoique les uns et les autres aient vécu dans des temps différents ; les uns ont annoncé le Père, les autres ont annoncé le Fils ; ceux-ci ont prophétisé l’avènement du fils de Dieu ; et ceux-là, après qu’il a été venu sur la terre, l’ont annoncé à ceux qui n’étaient pas encore, et qui devaient venir dans d’autres temps.
Notre Seigneur nous a encore enseigné, dans les paroles de l’Évangile que nous venons de rapporter, que nous devions amasser un trésor de bonnes œuvres, si nous voulions mériter que l’Esprit saint se reposât sur nous. C’est là ce vêtement nuptial dont parle l’apôtre, quand il dit, au sujet du corps : « Nous dépitons, non pas d’en être dépouillés, mais d’être comme revêtus par-dessus ; en sorte que ce qu’il y a de mortel soit absorbé par la vie. » Quant à ceux qui ont été conviés au banquet, et qui, à cause de leur indigne conduite, n’ont pas reçu l’esprit en eux, ils seront rejetés dans les ténèbres extérieures. Il résulte de ces rapprochements que c’est bien le même Dieu qui convoque de toutes parts les fidèles aux noces de son Fils, qui les convie au céleste banquet, et qui fait jeter dans les ténèbres extérieures celui qui se présente sans être revêtu du manteau nuptial, c’est-à-dire qui méprise sa loi. De même que, sous l’ancienne loi, la plupart des conviés ne furent point agréables à Dieu ; il en sera de même sous la nouvelle, où il y aura beaucoup d’appelés et peu d’élus. Ainsi, c’est le même Dieu qui punit les méchants et qui convoque les bons au banquet du salut ; le même Dieu qui fait don à ceux qui le méritent de la lumière éternelle, et qui rejette dans tes ténèbres extérieures ceux qui ne se sont pas pourvus du vêtement nuptial. C’est bien le même Dieu qui est le père de notre Seigneur, et par qui les prophètes ont été envoyés, qui, à cause de sa bonté infinie, convoque tous les hommes indistinctement, à son banquet, et qui ensuite examine ceux qui sont venus, pour voir s’ils ont le manteau nuptial, et un vêtement convenable pour assister aux noces de son Fils. Or il ne tolère rien de ce qui est mal, rien de ce qui est contraire à l’ordre ; et comme l’a dit notre Seigneur à celui qu’il avait guéri miraculeusement : « Voilà que tu es guéri, ne pêche plus désormais, de peur qu’il ne t’advienne pire. » Car celui qui est la bonté, la justice, la pureté et la perfection, exclura de son banquet nuptial tout ce qui est mauvais, injuste et coupable. C’est ce Dieu, le père de notre Seigneur Jésus-Christ, dont la providence soutient et gouverne tout ce qui existe ; miséricordieux et plein de bonté pour ceux qui en sont dignes, juge juste et inflexible de ceux qui méconnaissent ses dons dans leur ingratitude ; aussi il nous le dit : « Il a envoyé ses armées pour exterminer les mauvais serviteurs et pour brûler leur ville. » Il dit ses armées, parce que tous les hommes appartiennent à Dieu : la terre, et tout ce qu’elle renferme, est au Seigneur ; l’univers, et tout ce qui l’habite est à lui. C’est ce qui fait dire à l’apôtre, dans son épître aux Romains : « Il n’y a point de puissance qui ne soit de Dieu ; et toutes celles qui sont sur la terre sont ordonnées par Dieu. Celui donc qui résiste aux puissances, résiste à l’ordre de Dieu ; et ceux qui résistent attirent sur eux la condamnation ; car on n’a rien à craindre des princes en faisant le bien, mais en faisant le mal. Voulez-vous donc n’avoir point à craindre la puissance, faites le bien et vous en recevrez des louanges ? Car le prince est le ministre de Dieu pour votre bien. Que si vous faites mal vous avez raison de craindre, parce que ce n’est pas en vain qu’il porte le glaive. Il est le ministre de Dieu pour exécuter sa vengeance, en punissant celui qui fait le mal. Il est donc nécessaire de vous y soumettre, non-seulement par la crainte du châtiment, mais aussi par le devoir de la conscience. C’est pour cela que vous payez les tributs aux princes, parce qu’ils sont les ministres de Dieu, remplissant en cela une mission. » Nous voyons donc que notre Seigneur et ses apôtres proclament toujours un seul et même Dieu, qui a donné la loi au monde, qui a envoyé les prophètes, et qui enfin a fait tout ce qui existe. Aussi envoie-t-il ses armées ; car tout homme, en tant que créature formée par lui, et quand même il ne le connaîtrait pas, lui appartient. « C’est lui qui donne à chaque chose le moyen d’être ce qu’elle est ; c’est lui qui fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants, et pleuvoir sur les justes et sur les injustes. »
Mais s’il fallait encore de nouvelles preuves pour démontrer cette vérité, que c’est le même Dieu qui a envoyé sur la terre et les prophètes de l’ancien Testament et les apôtres du nouveau, nous citerions encore la parabole de l’enfant prodigue, où l’on voit que le plus jeune, celui qui a dissipé son bien avec des gens de mauvaise vie, est l’objet de toutes les caresses lorsqu’il revient dans la maison paternelle, alors qu’on le croyait perdu ; que c’est pour lui que l’on tue le veau gras, et qu’on lui met la plus belle tunique, tandis que l’aîné n’obtient même pas le sacrifice d’un bouc. Il faudrait citer encore la parabole des ouvriers qui furent envoyés par le Seigneur à la vigne, à différentes heures du jour ; c’est-à-dire, qui ont été appelés par le même Dieu, les uns, dès les premiers temps de la création, et d’autres plus tard ; ceux-ci vers le milieu du jour, et ceux-là encore plus tard ; les autres enfin, vers la fin du jour. Car, il faut qu’à toute heure du jour il y ait des ouvriers à la vigne ; mais c’est toujours le même père de famille qui les y envoie. En effet, il n’y a qu’une seule vigne, c’est-à-dire une seule justice ; et un seul distributeur des travaux, c’est-à-dire l’esprit de Dieu, qui dirige toutes choses. Il n’y a aussi qu’un seul et même salaire ; car tous reçoivent leur paiement en même monnaie, portant l’image et l’inscription royale, c’est-à-dire la croyance et la foi au fils de Dieu, qui est la promesse de la vie éternelle. Et les derniers venus ont été les premiers payés, à cause du mérite de l’avènement de notre Seigneur sur la terre dans ces derniers temps, lorsqu’il s’est offert lui-même aux yeux des hommes.
La même vérité ressort encore de la parabole relative à la prière du pharisien et du publicain ; si la prière du publicain fut mieux accueillie, s’il fut justifié et si le Christ lui rendit témoignage, ce n’est certes pas parce qu’il aurait prié un autre Dieu que le Dieu des Écritures ; mais c’est au contraire parce que, avec un grand sentiment d’humilité et de componction, il aurait rendu gloire à Dieu le père. Il résulte donc de toutes ces paraboles, que notre Seigneur Jésus-Christ nous a constamment annoncé un seul et même Dieu le père, soit dans celle de l’enfant prodigue, soit dans celle des ouvriers employés à la vigne, soit dans celle des deux fils que le père de famille veut envoyer à la vigne, dont l’un refuse d’abord, puis revient à un meilleur sentiment ; tandis que l’autre a promis d’abord d’aller travailler à la vigne, et ensuite n’y est pas allé ; car tout homme est sujet au mensonge, parce que la volonté de faire le bien ne suffit pas pour l’accomplir. Mais il y a plus ; la parabole du figuier, dans laquelle notre Seigneur dit : « Il y a trois ans que je viens chercher du fruit à ce figuier, et je n’en trouve point, » se rapporte évidemment à la prédiction de son avènement sur la terre par les prophètes qui, plusieurs fois, avaient paru en ce monde pour demander aux hommes des œuvres de justice, et n’en avaient point trouvé ; voilà ce que signifie ce figuier stérile, qui doit être coupé et jeté au feu. Et d’ailleurs, notre Seigneur n’avait-il pas dit, sans parabole, à Jérusalem : « Jérusalem ! Jérusalem ! qui tue les prophètes et lapide ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses petits sous ses ailes ! et tu ne l’a pas voulu. Voilà que votre maison sera abandonnée. » Car les termes de la parabole : Voilà trois ans que je viens chercher du fruit à ce figuier ; et ensuite cet autre passage : J’ai voulu rassembler les enfants, annoncent évidemment la mission des prophètes, et ensuite l’avènement du Christ lui-même dans Jérusalem. Mais ce qui prouve encore que c’est le même Verbe de Dieu qui a fait choix des prophètes dans l’ancienne loi, et de ses fidèles sous la nouvelle loi ; qui a inspiré du même esprit et les uns et les autres, et qui nous a conviés par son avènement au banquet éternel, c’est quand il a dit : « Plusieurs viendront d’orient et d’occident, et s’assiéront avec Abraham, Isaac et Jacob, dans le royaume des deux ; mais les enfants du royaume seront jetés dans les ténèbres extérieures ; là seront les pleurs et les grincements de dents. » Si donc, ceux qui croient en lui, comme nous le disent les apôtres, seront rassemblés de l’orient à l’occident, et s’assiéront avec Abraham, Isaac et Jacob, dans le royaume des cieux, et prendront part au même banquet, il faut conclure que cette vérité nous démontre un seul et même Dieu, qui a envoyé les prophètes, qui a visité son peuple, et qui a ensuite appelé à lui les gentils.