Préparation évangélique

LIVRE VIII

CHAPITRE III
LETTRE DE DÉMÉTRIUS DE PHALÈRE AU ROI ÉGYPTIEN PTOLÉMÉE

« Au grand Roi, de la part de Démétrius.

« Vous avez ordonné, Prince, que les livres qui manquent aux collections de votre bibliothèque fussent recherchés et rassemblés, et que ceux qui, par cas fortuit, ne seraient pas dans un état de conservation désirable fussent réparés, par l’importance et le soin que vous mettez a compléter cette réunion.

« Je viens donc vous exposer qu’elle est encore dépourvue, des livres de la loi des Juifs, ainsi que d’un petit nombre d’autres ouvrages, par la raison que ces livres sont écrits en lettres hébraïques et dans la langue hébraïque. Or, autant que j’ai pu m’en assurer auprès de ceux qui possèdent cette langue, les copies qui circulent sont faites sans soin, et non comme il convient à des livres qui ont mérité l’attention du roi. Il est à propos que ces livres soient placés parmi les vôtres, mais soigneusement écrits, par la raison que la législation qu’ils contiennent est empreinte d’une haute philosophie et d’une pureté qui tient à sa source divine. Par quelle cause, dira-t-on, les orateurs, les poètes, la multitude des historiens, n’ont-ils fait aucune mention des livres susdits, ni des hommes politiques qui ont gouverné d’après ces lois ? C’est, dit Hécatée d’Abdère, parce que les notions théoriques qu’ils renferment sont trop pures et trop relevées. S’il vous paraît convenable, ô Prince, il faudrait écrire au grand-prêtre qui est à Jérusalem, pour lui demander d’envoyer des hommes d’une vie exemplaire, d’un âge avancé, parfaitement versés dans la connaissance de la loi de leur pays, au nombre de six, pris dans chaque tribu, afin que discutant la concordance des différents textes, en faisant la traduction la plus fidèle, nous la déposions dans un lieu digne du mérite de l’ouvrage et de l’intérêt que vous lui accordez.

« Soyez heureux à jamais. »

« Ce mémoire ayant été remis, le roi ordonna d’écrire à ce sujet à Eléazar, en lui faisant connaître la liberté qui venait d’être rendue aux prisonniers. Il délivra de plus un lingot d’or du poids de 50 talents et un de 70 d’argent avec une quantité suffisante de pierres fines, pour en fabriquer des cratères, des lécythes, une table et des vases propres aux libations. Il ordonna aux gardes du trésor de donner aux ouvriers dont ils auraient fait choix, pour une valeur de 100 talents de monnaie, d’objets propres aux sacrifices et à d’autres usages.

« Je vous en ferai la description, lorsque j’aurai fait donner les copies des lettres.

« Celle du roi était en ces termes : »

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