Préparation évangélique

LIVRE VIII

CHAPITRE IV
LETTRE DU ROI PTOLÉMÉE À ÉLÉAZAR, GRAND-PRÊTRE DES JUIFS

« Le roi Ptolémée, au grand-prêtre Eléazar. Joie et santé.

« Comme il est arrivé qu’un grand nombre de Juifs s’est fixé dans notre pays, depuis qu’ils ont été enlevés de Jérusalem par les Perses lorsqu’ils dominaient dans ces contrées, et aussi depuis que les prisonniers de votre nation ayant été transportés en Égypte par notre père, il forma de la plupart d’entre eux un corps de troupe régulière, en leur assignant une plus forte solde ; et, comme il avait éprouvé la fidélité de ceux qui habitaient précédemment l’Égypte, il construisit des forts dont il leur remit la garde, afin de contenir la nation égyptienne par la crainte, nous avons résolu, en montant sur le trône, de faire aussi ressentir à tous nos sujets les effets de notre philanthropie, et principalement à vos concitoyens. En conséquence, nous avons mis en liberté plus de 100,000 esclaves, en ayant payé à leurs maîtres le juste prix de leur rançon, et réparé les désordres qui auraient pu résulter du rassemblement d’une aussi grande multitude.

« Nous avons cru, en cela, faire une œuvre pieuse et offrir un hommage de notre reconnaissance au Dieu très grand qui a maintenu notre royaume dans la paix et en a répandu la gloire dans tout l’univers. Nous avons placé dans nos aimées les hommes qui sont dans la fleur de l’âge. Quant à ceux que leur rang mettait en position de nous approcher, après nous être assurés de leur fidélité, nous les avons admis dans notre cour. Voulant de plus faire une chose qui vous soit agréable ainsi qu’à tous les Juifs répandus dans l’univers, même à ceux qui sont à naître, nous avons résolu de faire traduire votre loi. en lettres grecques, des lettres hébraïques dans lesquelles elle est écrite, afin de la déposer dans notre bibliothèque au milieu de tous les livres royaux. Vous ferez donc bien et répondrez dignement au zèle dont nous sommes animés pour vous, en choisissant des hommes de bonnes mœurs, d’un âge avancé, ayant acquis une grande habitude de votre loi et en état de la translater, au nombre de six par chaque tribu, pour qu’on acquière une concordance d’autant plus parfaite des textes, que le nombre de ceux qui y auront apporté leur soin, sera plus considérable. Je crois tirer beaucoup d’honneur de l’accomplissement de ce dessein. Je vous envoie, à cet effet, André, l’un de mes gardes du corps, et Aristée, qui jouissent de mon estime : ils vous entretiendront de mes projets et vous porteront en dons des consécrations destinées à votre temple pour les sacrifices et autres intentions, pour une valeur de 100 talents d’argent. Écrivez-nous donc sur ce que vous désirez ; vous nous ferez un grand plaisir et mériterez en cela notre amitié. Soyez sûr que les désirs que vous nous aurez manifestés seront satisfaits le plus promptement possible, « Portez-vous bien. »

Eléazar répondit avec la plus grande bienveillance à cette lettre, ainsi qu’il suit.

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