4e siècle
Seigneur, fais naître en moi cette tristesse salutaire qui relève l’âme, loin de l’abattre ; donne-moi de pleurer sans cesse mes égarements ; que, répandant mon âme devant toi par de ferventes prières, je voie luire à mes yeux les doux rayons de l’espérance. Il est vrai que j’ai lassé pendant longtemps ton support, que la dureté de mon cœur est extrême ; mais tes compassions l’emportent sur mon indignité. O mon Sauveur ! ta grâce, toujours miséricordieuse, abandonna-t-elle jamais ceux qui l’implorent et qui espèrent en son secours ?
Tu vois l’ennemi de mon salut me poursuivre sans relâche ; mais nuit et jour j’implorerai ta bonté infinie, afin qu’elle me rende victorieux de ses attaques ; car sa vertu toute-puissante, comment pourrai-je en triompher ? A chaque instant il revient à la charge, il m’obsède. Ah ! parle-lui avec puissance, comme tu le fis autrefois aux flots de la mer en courroux ; et qu’au son de ta voix il soit vaincu, il fuie. Il n’est point d’artifices qu’il n’emploie pour m’asservir à ses funestes lois, et pour me faire secouer le joug de tes commandements, qu’il est si doux de méditer et si consolant de suivre. Seigneur, arrache-moi à toutes ces suggestions funestes ; que ta grâce daigne se déployer abondamment en moi, afin que, voyant mon adversaire vaincu, je n’aie plus qu’à louer ton saint nom, qu’à exalter ta miséricorde infinie.
Assez longtemps ma vie s’est écoulée dans la vanité et dans mille pensées dont je dois rougir. Revêts-moi de ta force, afin que j’emploie à ton service l’heure au moins qui me reste. Déjà ma vie est sur son déclin. Donne-moi de profiter soigneusement du peu de temps que je passerai encore ici-bas. Tends-moi la main, ô mon Sauveur et mon Dieu, afin que je gagne le port bienheureux du salut.