A des notions diverses doivent répondre aussi des cérémonies différentes. Le bélier, qui n’est jamais employé pour les sacrifices pour le péché, l’est au contraire toujours pour le délit. De là, l’expression consacrée de bélier du délit (El Haasham, איל האשם). Les Naziréens et les lépreux pouvaient seuls offrir en sacrifice pour le délit un agneau (Kévess, כבש), c’est-à-dire un jeune bélier (Nombres 6.12), ce qui provenait sans doute de ce que leur délit était moins grave. — On s’est demandé pourquoi il fallait toujours une victime mâle pour les sacrifices pour le délit. On n’a pas encore pu expliquer la chose d’une manière satisfaisante. Riehm suppose que c’est parce que toute violation de droit implique une violence. Contentons-nous de faire observer que dans toute l’antiquité les béliers et autres animaux mâles ont été employés pour les sacrifices qui avaient le caractère d’amendes à payer et de satisfaction à accorder.
Autre particularité : la victime ne varie point suivant la position sociale de la personne qui l’offre et aucune substitution n’est admise, — car il ne s’agit pas tant, comme dans le sacrifice pour le péché, de délivrer le pécheur de la coulpe qui pèse sur lui, — que bien plutôt de réparer un tort dont la gravité est à peu près toujours la même. S’il y a quelque différence à cet égard, il y est pourvu par le fait que d’après Lévitique 5.15, il est laissé une assez grande marge au prêtre chargé d’établir la valeur que doit avoir le bélier.
L’imposition des mains n’est pas mentionnée parmi les cérémonies qui accompagnaient le sacrifice pour le délit (Lévitique 7.1-7). Mais cela ne veut pas dire qu’elle n’eût pas lieu ; il n’en est pas non plus fait mention à propos du sacrifice pour le péché à la fin du chapitre précédent. — La victime était immolée, comme pour les holocaustes et les sacrifices pour le péché, au nord de l’autel. Rien absolument ne peut donner à penser que la victime subit la mort à la place du coupable ; pour le Naziréen la chose serait bien surprenante. Le délit est expié par la valeur du bélier plutôt que par sa mort. Le sang était répandu sur l’autel comme dans les holocaustes et les sacrifices de prospérité, et nous verrons qu’il n’en sera pas ainsi dans les sacrifices pour le péché. On consumait sur l’autel les mêmes pièces de graisse que dans les sacrifices de prospérité et pour le péché. Le reste de la viande était consommé en lieu sacré dans un repas auquel les prêtres seuls prenaient part, à l’exclusion de leurs femmes. La personne qui offrait le sacrifice n’y était pas non plus admise ; c’eût été faire retrait d’une partie de l’indemnité et rendre ainsi la satisfaction imparfaite et insuffisantef.
f – Nous consacrerons un chapitre spécial au grand sacrifice pour le péché du jour des expiations, et nous ne parlerons ici que des sacrifices pour le péché ordinaires.