7e siècle
… Ce que j’ai pu dire de bien, je l’ai reçu d’en haut, et ma misère n’a fait que le gâter ; car si je détourne mes regards des mots et des phrases qui sont les feuilles et les branches, et que j’examine de près la racine de mon intention, je sais bien que mon ardent désir est de plaire à Dieu ; mais l’amour des louanges humaines vient insensiblement se mêler à cette intention. Je le découvre lentement et plus tard, et je trouve que l’exécution ne correspond pas à la première conception. Nous avons bien d’abord l’intention de plaire à Dieu ; mais l’amour des louanges, se glissant dans notre cœur, accompagne et détruit ce pur dessein, comme les repas que nous commençons par besoin se terminent trop souvent par des excès. Si le divin Juge nous examine rigoureusement, comment échapperons-nous ? Ce qu’il y a de bien, nous le souillons par l’impureté.
… En général, ceux qui excellent le plus dans la contemplation divine sont aussi ceux qui sont le plus accablés par la tentation. Par la contemplation, l’âme s’élève à Dieu ; par la tentation, elle s’affaisse sur elle-même. S’il en était autrement, cette âme ne manquerait pas de tomber dans l’orgueil. Dieu, sous ce rapport, a établi un admirable tempérament, afin que le saint ne puisse ni s’élever trop haut, ni descendre trop bas.