Sonnets Chrétiens


Livre Quatrième — Sonnet XXVIII

Sur la Mort d’une Fille Unique
Prosopopée

Chers parents, dont les pleurs trempent mon monument,
N’arrêtez point vos yeux sur cette tombe noire ;
Mais contemplez mon âme au séjour de la gloire,
Et par ce doux aspect cessez votre tourment.

De près je vois mon Dieu, je le vois clairement.
J’habite un palais d’or, de cristal et d’ivoire ;
La palme, dans ma main, annonce ma victoire ;
La lumière est ma robe, et Jésus mon amant.

La mort m’enlève-t-elle au printemps de mon âge ?
J’en suis plus promptement à couvert de l’orage,
Et je fleuris plus jeune au paradis de Dieu.

Ne souhaitez donc pas, vous qui m’avez aimée,
De voir par vos soupirs ma cendre ranimée.
Songez plutôt, songez, à me suivre en ce lieu.


5 : Si l’on voulait tirer votre fils d’auprès de vous pour le faire roi d’un grand royaume, refuseriez-vous de le laisser aller, pour ne pas perdre le vain plaisir de le voir ? Et maintenant qu’il est passé dans un Royaume infiniment plus grand et plus heureux que tous ceux de la Terre ensemble, vous ne pouvez souffrir d’être séparé de lui ! Mais songez que vous l’irez trouver bientôt. (St. Chrysostôme) 11 : Les saints fleurissent devant Dieu comme des lys. (St. Augustin)

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