L’apôtre, voulant parer aux objections de mauvaise foi que ne manqueraient pas de faire les hérétiques, explique ce qu’il faut entendre par des œuvres charnelles ; il s’en explique franchement et de manière à ne laisser aucun doute à cet égard, dans l’épître aux Galates, lorsqu’il dit : « Or, il est aisé de connaître les œuvres de la chair, qui sont la fornication, l’impureté, la luxure, l’idolâtrie, les empoisonnements, les discutions, les inimitiés, les jalousies, les animosités, les querelles, les divisions, les hérésies, les envies, les meurtres, les ivrogneries, les débauches et autres crimes semblables ; je vous l’ai déjà dit et je vous le répète encore, ceux qui les commettent ne posséderont point le royaume de Dieu. » Certes, il explique bien ici clairement ce qu’il faut entendre par ces mots, que la chair et le sang ne peuvent posséder le royaume de Dieu. En effet, ceux qui commettent les actions qu’il vient d’énumérer, vivent selon les passions de la chair et ne peuvent ainsi vivre en Dieu. Il explique ensuite ce qu’il faut entendre par les œuvres spirituelles qui vivifient l’homme, en lui communiquant l’Esprit saint, il les énumère, comme il suit : « Mais les fruits de l’esprit sont la charité, la joie, la paix, la patience, l’humilité, la bonté, la longanimité, la douceur, la foi, la modestie, la tempérance, la chasteté. Il n’y a point de loi contre ceux qui vivent de cette sorte. » Ainsi celui qui va toujours en avançant dans la voie de la perfection en faisant des œuvres de l’esprit, sera sauvé infailliblement par l’influence même de cet esprit avec lequel il est en rapport ; celui, au contraire, qui sera resté en proie aux œuvres charnelles dont nous avons parlé tout à l’heure, ne pouvant se mettre en rapport avec l’esprit de Dieu, sera incapable d’entrer dans le royaume des cieux. C’est ce que l’apôtre affirme de nouveau dans le passage suivant : « Ne savez-vous pas que ceux qui commettent l’injustice, ne seront point héritiers du royaume de Dieu ? Ne vous y trompez pas : ni les fornicateurs, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les abominables, ni les voleurs, ni les avares, ni les ivrognes, ni les médisants, ni les ravisseurs du bien d’autrui, ne seront héritiers du royaume de Dieu. C’est ce que quelques-uns de vous ont été autrefois : mais vous avez été lavés, vous avez été sanctifiés, vous avez été justifiés, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, et par l’esprit de Dieu. » Il est impossible d’expliquer plus clairement quelles sont les causes qui font périr l’homme, quand il persiste à vivre selon la chair, et quels sont les moyens qui le sauvent. Or, ce qui sauve, c’est le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, et l’esprit de notre Dieu.
Ainsi, après avoir énuméré les œuvres charnelles qui éloignent de nous l’Esprit saint et qui nous donnent la mort spirituelle, saint Paul résume tout ce qu’il a dit dans cette même épître, quand il s’écrie : « Comme nous avons porté l’image de l’homme terrestre, portons aussi l’image de l’homme céleste, je veux dire, mes frères, que la chair et le sang ne peuvent posséder le royaume de Dieu. » Or, quand il dit : Comme nous avons porté l’image de l’homme terrestre, c’est absolument la même pensée qu’il a énoncée ailleurs, et que nous venons de rapporter, lorsqu’il a dit : C’est ce que quelques-uns de vous ont été autrefois ; mais vous avez été lavés, vous avez été sanctifiés, vous avez été justifiés au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, et par l’esprit de Dieu. Mais quand avons-nous porté l’image de l’homme terrestre ? N’est-ce pas quand nous nous livrions à ces œuvres charnelles que saint Paul énumère ? Quand avons-nous porté l’image de l’homme céleste ? N’est-ce pas lorsqu’on a pu dire de nous que nous avions été lavés de nos souillures au nom du Christ, et que nous avions reçu son esprit ? Mais nous avons été purifiés, non pas matériellement et selon le corps, mais par notre retour à l’état d’innocence de l’homme avant le péché. Ainsi, nous sommes vivifiés en faisant des œuvres de l’esprit, dans ce corps, dans lequel notre âme périssait en faisant des œuvres de péché.