Histoire de l'Église - Théodoret de Cyr

LIVRE V

CHAPITRE XIX
PIÉTÉ DE L'IMPÉRATRICE FLACILLE

L'Empereur Théodose trouva encore une autre occasion fort heureuse de faire de notables progrès dans la vertu. L'impératrice sa femme lui rappelait souvent dans l'esprit la loi de Dieu, dont elle faisait le sujet de méditation continuelle. La grandeur de sa puissance, bien loin de lui donner de la vanité, ne servait qu'à exciter l'ardeur de son zèle, et à redoubler les sentiments de sa reconnaissance. Elle prenait un soin incroyable des malades, et des estropiés, les visitant, et les servant elle-même. Elle allait, avec le même zèle aux Hôpitaux de l'Église, goûtait du bouillon des malades, inspectait leur potage, le leur portait, lavait leurs verres, et leur rendait tous les devoirs que leur peuvent rendre ceux qui sont destinés à leur service. Quand quelqu'un entreprenait de la détourner de cet emploi, elle lui disait :

il n'y a rien qui convienne si bien aux Princes que de faire des largesses. Pour moi je rends ce service-ci à Dieu, en reconnaissance de l'autorité Souveraine qu'il m'a mise entre les mains.

Elle disait souvent à l'Empereur son mari :

Vous devez toujours penser à ce que vous avez été autrefois, et à ce que vous êtes aujourd'hui. Cette pensée vous portera à la reconnaissance envers votre bienfaiteur, et à un bon usage de la puissance qu'il vous a confiée.

Elle entretenait par ces saintes remontrances les semences de vertu que l'Empereur avait dans le cœur. Elle mourut avant lui, et peu après sa mort, il arriva une affaire qui fit paraître la grandeur de l'affection qu'il lui avait portée durant la vie.

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