Sonnets Chrétiens


Livre Quatrième — Sonnet XXXVI

Sur la Résurrection
Prosopopée de l’âme

Lève-toi, mon cher corps, mon ami précieux,
Mon hôte naturel, mon compagnon fidèle.
La trompette résonne, et l’archange t’appelle :
Tu dois prendre à ce coup ta place dans les Cieux.

Mais quels rayons déjà paraissent dans tes yeux ?
Tu laisses au tombeau ta nature mortelle ;
Je te vois revêtu d’une beauté nouvelle ;
Je te sens immortel, agile et glorieux.

La mort est maintenant engloutie en victoire ;
Et tu vas aujourd’hui recevoir, dans la gloire,
L’incomparable prix de ta fidélité.

L’impitoyable main, qui ferma ta paupière,
Rompit pour quelque temps notre union première ;
Mais Dieu nous a rejoints pour une éternité.


1 : Après l’amour que tu dois à Jésus-Christ, il n’est point de créature, ô âme ! que tu doives tant aimer que ton corps, puisqu’il renaît en Dieu avec toi. (Tertullien) 4 : Si l’âme est l’épouse, elle sera suivie de la chair, comme de son équipage, comme de sa dot, de son ornement, de sa servante et de sa sœur de lait. (Tertullien) 11 : En tant que la chair prête son service à l’âme, elle est appelée avec elle à la possession de tous ses biens, et temporels et éternels. (Tertullien)

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