La fête de Pentecôte s’appelle en hébreu la fête des semaines, חג השבעות parce qu’elle se célébrait sept semaines après Pâque, « Vous compterez depuis le lendemain du Sabbat, dès le jour que vous aurez apporté la poignée qu’on doit faire tourner, sept Sabbats entiers. » (Lévitique 23.15) Mais quel est le Sabbat qui doit servir ici de point de départ à ce calcul ? Si, comme nous le pensons (§ 153), c’est le premier jour de fête de la semaine de Pâque, alors les sept sabbats entiers doivent être pris dans le sens de semaines. Tel est, du reste, le sens du mot Sabbat en Araméen. Le prédicat de entiers parle également en faveur de cette interprétation. De cette façon, la fête de Pentecôte aurait toujours eu lieu le même jour de la semaine que celui sur lequel était tombé cette année-là le 16 Nisan. Telle est aussi la coutume chez les Juifs modernes. Ainsi en 1871, le 15 Nisan était un Jeudi (6 avril), le 16 Nisan, un Vendredi (7 avril). La Pentecôte tomba sur un Vendredi, le 6 Sivan (26 mai).
Mais on a aussi vu dans les Sabbats entiers de Lévitique 23.15, des jours de Sabbat (Samedis). Alors Pentecôte serait toujours tombée sur un Dimanche.
La fête des semaines est aussi appelée quelquefois la fête de la moisson, חג הקציר, ou celle des prémices, חג הבכורים. Israël remerciait son Dieu pour la moisson qui venait de se terminerf. Ce n’est que plus tard que cette fête a été consacrée à célébrer le don de la loi en Sinaï. Exode 19.1, dit simplement que la promulgation de la loi a eu lieu le troisième mois ; mais la tradition crut savoir qu’elle avait eu lieu le 50me jour après la sortie d’Egypte. Philon lui-même ne connaît rien encore de cette signification historique de Pentecôte. Cette fête ne durait qu’un jour.
f – La moisson commençait à Pâque par la récolte de l’orge et se terminait à Pentecôte par celle du froment.
[Chez les Juifs postérieurs, toutes les fêtes solennelles (accompagnées de repos), à l’exception du jour des expiations, duraient deux jours de suite. Chacun des deux grands jours de Pâque, Pentecôte, le Nouvel-An et les Tabernacles, étaient des fêtes de 48 heures. Les Juifs de la dispersion eurent une raison particulière pour conserver cette pratique. Toutes les fêtes dépendaient de la nouvelle lune, dont l’apparition était signalée officiellement depuis Jérusalem. A cause de la distance, les Juifs de l’Asie mineure, de la Grèce, de l’Egypte, etc., n’étaient jamais certains d’avoir reçu la nouvelle à temps, et ils célébraient à double toutes les grandes fêtes pour que, l’un des deux jours tout an moins, il y eût simultanéité dans leur célébration.]
La présentation dans le sanctuaire de deux pains, les premiers de l’année, en formait l’acte capital.
[Non pas deux pains par famille, mais deux pains pour tout le peuple. Ils étaient tournoyés, élevés (לחם התנופה) dans le sanctuaire. Cette cérémonie, qui s’accomplissait une fois la moisson terminée, correspondait au tournoiement de la première gerbe au commencement de la moisson, lors de la fête de Pâque.]
Ils étaient levés, car cette cérémonie avait pour but de sanctifier la nourriture ordinaire du peuple (Lévitique 23.17). Ce levain ne permettait pas qu’ils fussent consumés sur l’autel ; ils étaient mangés par les prêtres. La présentation de ces deux pains à l’Éternel était accompagnée d’un holocauste, d’un sacrifice pour le péché et d’un sacrifice de prospérité, v. 18. La loi de Nombres 28.27 et sq. diffère légèrement de celle-ci. Si elles n’ont pas la même chose en vue, il est probable que Nombres ch. 28 parle des sacrifices de la fête de Pentecôte en général, et Lévitique 23.17, de ceux qui accompagnent spécialement la présentation des deux pains.
Des repas joyeux embellissaient cette fête (Deutéronome 16.11). Les Lévites, les étrangers, les veuves et les orphelins devaient y être admis. On y consommait les dons volontaires offerts à l’occasion de cette solennité. « Tu donneras selon que l’Éternel ton Dieu t’aura béni. » (Deutéronome 16.10)