Ensuite, Moïse ayant écrit fort au long l’histoire du patriarche des Hébreux, Abraham, Josèphe dit à cette occasion, que beaucoup d’écrivains du dehors lui servent de garant.
« Bérose fait mémoire de notre père Abraham, lui donnant toutefois un autre nom. Dans la 10e génération qui suivit le déluge, dit-il, il se trouva parmi les Chaldéens un homme juste, qui était grand et fort versé dans l’astronomie. »
Hécatée a fait plus que d’en faire mention ; il a laissé tout un livre écrit sur son sujet. Nicolas de Damas, dans le 4e livre de son histoire s’exprime ainsi :
« Abraham fût roi de Damas : c’était un étranger venu avec une armée de sa terre au-delà de Babylone, dite des Chaldéens. Peu de temps après, ayant quitté celle contrée avec tous ses sujets, il se transporta dans la terre, dite de Canaan, qu’on appelle maintenant Judée. Je parcourrai dans un autre livre les récits historiques, concernant ceux qui sont descendus de lui, et se sont fort multipliés ; quant à Abraham, son nom s’est conservé et est honoré encore aujourd’hui dans le royaume de Damas ; on montre un bourg nommé d’après lui, Ἀβραάμ οἴκησις. Dans des temps subséquents, la famine ayant éclaté dans le pays de Canaan, Abraham ayant ouï dire que les Égyptiens étaient dans l’abondance, fut désireux de se transporter parmi eux, ‘pour y jouir de leur bien-être et pour écouter les enseignements des prêtres sur les dieux ; dans l’intention, soit de suivre leurs doctrines, si elles lui semblaient meilleures, ou de les réformer en mieux s’il avait conçu des sentiments plus convenables. »
Plus bas, il ajoute :
« il vécut donc dans la société des hommes les plus instruits de l’Égypte, et sa vertu comme sa renommée en devinrent plus illustres ; car les Égyptiens se complaisant dans des usages opposés, et rabaissant mutuellement les institutions les uns des autres, et par conséquent étant dans un état d’hostilité permanente ; les ayant mis en présence, et développant les raisons pour et contre, il fit ressortir ce qu’il y avait de vide et de contraire à la vérité, dans ce que chacun mettait en avant. Ayant donc été admiré dans leurs colloques, comme doué d’une haute intelligence, et non seulement comme capable de concevoir, mais comme propre à persuader dans tout ce qu’il entreprenait de leur enseigner, il leur donna les premières notions d’arithmétique et d’astrologie ; car avant l’arrivée d’Abraham en Égypte, les habitants, de ce pays ignoraient les éléments de ces sciences ; c’est des Chaldéens qu’elles ont pénétré en Égypte, et de là elles sont parvenues aux Grecs. »
Ici s’arrête Josèphe.