Le corps de ce Docteur du monde fut transféré bientôt après à la ville Impériale. Une multitude incroyable de fidèles couvrit la mer, et éclaira l'embouchure du Bosphore d'une quantité innombrable de lumières. Ce fut le jeune Théodose, qui gouverne aujourd'hui si heureusement l'Empire, et qui suit si religieusement les exemples de piété que son aïeul lui a laissés, qui fit apporter ce trésor à sa Capitale. En baisant le cercueil il demanda pardon à Dieu des fautes que l'Empereur, et l'Impératrice ses père, et mère avaient commises en persécutant le saint Évêque. Ils l'avaient laissé fort jeune, mais Dieu le protégea dans son bas âge, le fit élever dans la piété, et détourna les séditions, et les guerres qui auraient pu troubler la tranquillité de son règne. Le souvenir d'une protection si singulière est continuellement présent à son esprit, et il en témoigne sa reconnaissance par l'assiduité avec laquelle il publie les louanges de son protecteur. Il a pour compagnes dans ce louable exercice, des sœurs qui ont consacré à Dieu leur virginité, qui sont leurs délices de la méditation de sa loi, et leur trésor des besoins des pauvres. Parmi les excellentes qualités de ce Prince, on remarque son humanité, sa douceur, une tranquillité d'esprit que rien ne peut troubler, une foi qui n'est jamais ébranlée, comme ce que je rapporterai ici le fera voir.