Histoire de l'Église - Théodoret de Cyr

LIVRE V

CHAPITRE XXXVII
PIÉTÉ DE L'EMPEREUR THÉODOSE, ET DES PRINCESSES SES SŒURS

UN Moine d'un naturel fort hardi ayant demandé plusieurs fois une grâce à ce Prince, sans la pouvoir obtenir, le retrancha de la communion de l'Église, et se retira. Quand il fut retourné à son Palais, il ne voulut jamais se mettre à table, qu'il n'eût été absous, et rétabli dans la communion. Il envoya donc prier l'Évêque d'ordonner à celui qui l'avait excommunié, de l'absoudre. L'Évêque répondit, qu'il ne se fallait pas tenir excommunié si facilement, et qu'il l'assurait qu'il ne l'était point. Mais il ne se contenta point de cette assurance, et il salut chercher celui qui l'avait excommunié, et après qu'on l'eut trouvé avec beaucoup de peine, il reçut de lui l'absolution. Il fit ôter jusqu'aux moindres ruines des Temples des Païens, afin que la postérité n'en trouvât aucun vestige. Cette raison est insérée dans la loi. Sa piété lui est utile, puisqu'elle attire sur lui la protection du ciel. Roilas Prince des Scythes qui n'ont point de demeure assurée, ayant passé le Danube, et commencé à courir, et à piller la Thrace, et à menacer Constantinople, la foudre tomba sur lui, et dissipa son armée. Il arriva quelque chose de semblable aux Perses. Ces peuples ayant pris le temps, auquel les Romains se reposant sur la foi des traités, étaient occupés contre d'autres ennemis, firent irruption sur les Provinces les plus voisines. Dieu se servit de la pluie, et de la grêle pour les arrêter, de sorte qu'à peine leur cavalerie put faire vingt stades en vint jours ; et que les Généraux de l'armée Romaine, eurent le loisir d'amasser leurs troupes. Le même Dieu dissipa les projets, et rendit vains les efforts que ces mêmes peuples avaient faits à la guerre précédente, lorsqu'ils avaient mis le siège devant la ville de Théodosiopole. Eunome qui en était Évêque, démonta seul toutes les machines de Goraranes leur Roi, et comme les Chefs de notre parti n'osaient entreprendre de secourir la place, ni d'en venir aux mains avec les assiégeants, il s'opposa seul à eux, et sauva la ville. Un Prince qui relevait du Roi de Perse, ayant avancé des blasphèmes semblables à ceux de Rapsace, et de Sennacherib, et menacé de brûler l'Église, l'Évêque fit mettre sur la muraille une machine à laquelle on avait donné le nom de saint Thomas l'Apôtre, et commanda de la tirer au nom de celui contre qui les blasphèmes avaient été avancés, et à l'heure-même la pierre frappa, la bouche du blasphémateur, lui cassa la tête, et répandit sa cervelle sur la terre. Le Roi de Perse saisi de frayeur leva le siège, et fit la paix. Voilà le soin que le Souverain Maître de l'Univers prenait de récompenser la fidélité inviolable par laquelle l'Empereur était attaché a son service. Ce Prince fit transférer, comme je l'ai dit, le corps de Jean à Constantinople, mais cela n'arriva que depuis le temps où nous sommes selon l'ordre de notre histoire.

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant