La signification symbolique du temple est absolument la même que celle du tabernacle. Moïse avait fait faire le tabernacle d’après le modèle qu’il avait vu sur Sinaï (Exode 25.40). De même ici, c’est l’Éternel qui communique à David le plan du temple (1 Chroniques 28.19). Comment donc ces deux constructions auraient-elles une signification différente ? On l’a prétendu néanmoins ; on a cru retrouver dans le temple de Salomon des traces d’influence phénicienne ; des artistes phéniciens n’y ont-ils pas travaillé ? Des artistes, c’est trop dire ; un artiste, voilà la vérité : Hiram était de Tyr. Mais Hiram n’a absolument travaillé qu’aux deux colonnes du portique et aux ustensiles d’airain (1 Rois 7.13), et en outre il n’a fait que ce qu’on lui a donné à faire (2 Chroniques 2.14).
[Vatke prétend que le temple d’Hercule à Tyr a servi de modèle à celui de Jérusalem. Mais K. O. Muller, d’autre part, nous apprend que l’on ne sait absolument rien de ce temple d’Hercule ! On se rabat sur le temple de la déesse syrienne à Hiérapolis. dont parle Lucien (De Dea syra, chap. 28) ; mais la description qu’il en fait est si peu détaillée, qu’il est tout à fait ridicule de vouloir baser une argumentation sur quelque chose d’aussi vague.]
Pour ce qui est d’abord des deux colonnes, je demande si, parce que les colonnes sont peut-être chez les païens le symbole de Saturne, du Dieu sur lequel repose l’ordre universel, elles devaient donc être à jamais bannies du temple du vrai Dieu ? Bruno Bauer se plaît à y voir le symbole de la force pénétrante des rayons du soleil ; il confond tout simplement les colonnes avec les obélisquesa. Non ! songeons aux noms de ces deux colonnes, et nous comprendrons leur présence dans le temple de Salomon. Jakin signifie « celui qui affermit », Boaz « en lui se trouve la force. » Dieu maintenant n’habite plus sous une tente, son domicile est fixe. « Son fondement est sur les saintes montagnes. » (Psaumes 87.1) Lisez aussi 2 Samuel 7.5-7. Et c’est aussi pour cela qu’il y a dans le lieu très saint des chérubins qui sont là posés, qui ont leurs pieds sur le plancher du sanctuaire, et qui semblent dire : « C’est ici que Dieu a établi son domicile. »
a – Vatke va jusqu’à parler, à propos des colonnes, du phallus, le symbole de la fécondité.
[Ewald suppose que Salomon a donné à ces deux colonnes les noms de deux de ses amis ou de deux de ses enfants, qu’il aurait ainsi voulu immortaliser ; mais à quoi bon se livrer à de pareilles suppositions ? Movers prétend que la colonne appelée Boaz était le symbole du mouvement eu Dieu, — du mouvement par lequel Dieu est sorti de son repos éternel pour créer l’univers. Une colonne, symbole du mouvement ! Lucus a non lucendo !]
Les douze bœufs de la mer d’airain ont aussi paru suspects : ce sont les douze mois de l’année, et l’eau de la cuve, c’est le temps qui s’écoule et que les mois servent à mesurer dans sa fuite. Fort bien ; mais qu’a donc à faire tout ceci avec un réservoir servant tout simplement à des purifications ? N’est-il pas bien plus naturel de penser ici aux douze tribus, qui offrent à Dieu les sacrifices dont ces eaux servent à laver les ustensiles et les victimes ?
Les palmes, les lys et les grenades sont de gracieuses ornementations empruntées aux productions les plus précieuses de la Terre-Sainte. Plus tard, sur les monnaies juives, le palmier symbolise à lui seul la Palestine.
Le temple de Salomon a dix chandeliers, au lieu d’un seul. C’est qu’il est plus grand. Dix n’est d’ailleurs qu’une autre sorte d’unité.
La meilleure preuve que le temple de Salomon n’a jamais été dédié à Saturne ni au soleil, c’est que, lorsque Manassé y introduisit le culte des astres (2 Rois 21.5-7 ; 23.11), il fut obligé d’y introduire aussi de tout autres symboles.
Lorsque le temple fut achevé, Salomon y transporta l’arche. L’ancien tabernacle de Gabaon fut démonté et y fut aussi transporté (1 Rois 8.4) ; on le déposa probablement avec ses ustensiles dans une des chambres, dont le temple était garni de trois côtés. Désormais, le culte de Gabaon fut aboli et celui de Sion fut remplacé par celui de Morija. Le roi en personne consacra les nouveaux édifices par la prière et d’abondants sacrifices (1 Rois ch. 8). C’était au septième mois ; la fête dura 15 jours (v. 2 et 65 ; 2 Chroniques 5.3 ; 7.9), c’est-à-dire qu’à la semaine de la consécration, du 8 au 14 Thisri, succéda immédiatement la fête des tabernacles, du 15 au 21. Puis, vint la journée de la Conclusion ou Atzéret, dont nous avons parlé au § 150, et en laquelle le peuple fut congédié. Ce fut, d’après 1 Rois 8.66, le 22me, d’après 2 Chroniques 7.10, le 23me jour du mois.
Un sanctuaire durable était maintenant fondé, et Salomon dans sa prière de consécration exprime l’espoir que cette maison deviendra un jour une maison de prière pour toutes les nations (1 Rois 8.41-43). Mais en même temps, il reçoit en songe un bien solennel avertissement (1 Rois 9.6) : « Si vous vous détournez de moi, je rejetterai loin de moi cette maison que j’ai consacrée à mon nom, et Israël sera la raillerie et la fable de tous les peuples. »
Salomon offrait trois fois l’année, sans doute aux trois grandes fêtes, des holocaustes et des sacrifices sur l’autel qu’il avait bâti à l’Éternel (1 Rois 9.25). Abiathar s’étant déclaré pour Adonija (1 Rois 2.7), avait été dépouillé de sa charge, en sorte que ce fut la famille d’Eléazar, à laquelle appartenait Tsadok, qui désormais fournit les souverains sacrificateurs.