Si David est en Israël la personnification de la poésie lyrique, Salomon est le père de la poésie sententieuse (1 Rois 4.29 et sq.). Sous son règne paisible, les esprits se recueillirent et le produit de cette réflexion s’appelle, non pas la philosophie, ce serait trop peu dire, mais la sagesse. A partir de Salomon, nous trouvons dans le peuple de Dieu une classe d’hommes toute particulière, qui n’y existait pas auparavant. Ce sont les sages (חכמים Proverbes 1.6 ; 22.17 ; 24.23). Ils étudiaient, le cœur de l’homme et le monde. Ce n’étaient pas des naturalistes. Ewald conclut de 1 Rois 5.13 ; 4.33, que Salomon a jeté les bases d’une histoire naturelle complète. Mais il peut fort bien avoir parlé des arbres depuis le cèdre qui est au Liban jusqu’à l’hysope qui sort de la muraille, sans qu’il nous faille pour cela le regarder comme un botaniste dans le sens ordinaire de ce mot. Il a parlé de toutes ces choses et de tous les animaux, oiseaux, reptiles et poissons, comme le font, par exemple, le Psaumes 104, ou les chapitres 39 à 41 de Job, à un point de vue tout moral et religieux. On voit, par ses Proverbes qu’il a trouvé dans le monde extérieur une foule de rapports avec le monde spirituel, et c’est là ce qui l’intéresse avant tout dans la nature. — Les Sages sont quelque chose d’autre que les prêtres et les prophètes (Jérémie 18.18 ; 8.9) ; l’objet de leurs études n’est ni la loi, ni la prophétie, mais bien plutôt, l’homme, la nature humaineb, ce qui ne veut pourtant, point dire, comme l’a prétendu Bruch, dans sa Philosophie des Hébreux, qu’ils aient été les rationalistes de la théocratie. Qui voyons-nous, en effet, à leur tête ? Salomon, le constructeur du temple ; Ethan et Héman, qui sont probablement les maîtres-chantres cités en 1 Chroniques 15.17. Il est permis de supposer que le roi avait appelé à sa cour un certain nombre de sages au milieu desquels il brillait par l’étendue de son esprit et par son habileté à résoudre toutes sortes de problèmes (1 Rois 5.13 ; 10.1). Sous Ezéchias nous trouvons l’académie des sages occupée aussi à des travaux littéraires (Proverbes 25.1).
b – Voyez l’excellent article de Delitzsch sur les Proverbes de Salomon dans Herzog XIV, 715.
[Qu’étaient ces gens d’Ezéchias ? Une commission nommée pour sauver de la destruction les monuments antiques de la littérature nationale, ou bien une association libre, travaillant au même but ? C’est ce qu’il est impossible de décider et ce qui, du reste, importe-assez peu.]
Mais on ne saurait prouver que ces sages aient jamais exercé parmi, le peuple un ministère régulier, comme les prophètes, ni qu’il y ait jamais eu des écoles de sages, je me représente plutôt que lorsqu’un homme apparaissait, doué d’une sagesse particulière et célèbre bientôt par sa grande science, les jeunes hommes désireux de s’instruire ne tardaient pas à se grouper autour de lui. (Rapprochez Proverbes 13.20 ; 15.12 de Proverbes 1.6.)
Mais cela ne formait pas une école dans le sens que nous donnons à ce mot ; c’est au dehors que crie la Sagesse des Proverbes, elle fait retentir sa voix dans les rues ; elle crie dans les carrefours, là où l’on fait le plus de bruit, aux entrées des portes ; elle prononce ses paroles par la ville (Proverbes 1.20). C’était sur les places, là où se rendait la justice, où l’on s’entretenait des affaires publiques, où parfois les prophètes venaient faire connaître au peuple la volonté céleste, que les sages venaient aussi, suivant les circonstances, donner des conseils, instruire, exhorter, reprendre ou dissiper l’obscurité qui pouvait régner dans les esprits (Ézéchiel 18.2). Ce que Job raconte de l’influence qu’il exerçait sur ses concitoyens dans le temps de sa prospérité (Job 29.7-11, 11-25), peut nous donner une idée de ce qu’était un sage.