Homri quitta Thirza pour Samarie, qu’il venait de bâtir sur un magnifique emplacement et qui fut bientôt la brillante rivale de Jérusalem. A partir de ce moment, le royaume des dix tribus est aussi quelquefois appelé le royaume de Samarie, bien que les successeurs de Homri semblent avoir résidé de préférence à Jisréel.
Homri s’efforça de procurer quelque repos à ses sujets ; pour cela il rechercha l’amitié, non seulement du roi de Juda, mais aussi des rois étrangers. La Syrie était devenue une puissance menaçante sous la dynastie de Hadad (Benhadad, fils de Hadad) ; Bahasça avait déjà eu l’occasion de s’en apercevoir à ses dépens (2 Chroniques 16.4). Homri, c’est du moins ce qu’on peut conclure de 1 Rois 20.34, acheta la neutralité de Benhadad en lui cédant quelques villes israélites. L’alliance tyrienne n’était pas à négliger non plus : Homri obtint pour son fils Achab la main de Jésabel. Mais cette femme énergique ne tarda pas à exercer sur le royaume de Samarie la plus funeste influence ; elle remplaça résolument Jéhovah par Baal ; au lieu d’un faux culte de l’Éternel, c’était le culte des faux dieux (1 Rois 16.32 ; 18.19). Baal eut un temple à Samarie et ses nombreux prophètes furent l’objet d’attentions toutes particulières de la part de la reine, tandis que ceux du vrai Dieu étaient cruellement persécutés (1 Rois 18.4, 13). Pendant ce temps et malgré tout, le gros du peuple garda une attitude passive, clochant des deux cotés (v. 21), et aimant à se persuader qu’il est des cas où l’on peut servir deux maîtres.
C’est au moment où triomphait ainsi le paganisme qu’apparut Elie le Thisbite, le prophète de feu, dont les paroles brûlaient comme une torche, selon la belle expression de Jésus, fils de Sirach (Sira.48.1). Elie, « Jéhovah est mon Dieu ! » ce nom à lui seul voulait beaucoup dire ; c’était un sévère reproche à l’adresse de ses contemporains, race infidèle, génération désespérément indécise. Tandis que le reste des prophètes de l’Éternel se tenait soigneusement caché, Elie, soutenu par la conviction qu’il était le champion du Dieu vivant, s’avança seul (1 Rois 18.22) contre ses nombreux et puissants adversaires. Il n’a pas lieu de rougir de sa foi ; sur le Carmel il voit l’Éternel se déclarer pour luia ; pensant le moment venu de porter un coup-mortel à l’idolâtrie, il fait égorger les prophètes de Baal. Mais Dieu ne peut l’approuver en ce point ; sur Horeb, dans une vision nocturne, Il s’approche de lui dans le son doux et subtil, et non point dans la tempête, le tremblement, ni le feu. Il lui parle de sa miséricorde et de sa longue patience ; Il lui apprend qu’au reste il y a encore en Israël 7 000 fidèles inconnus qui n’ont pas ployé le genou devant Baal. Ce n’est qu’après cela qu’il lui ordonne d’aller oindre Hazaël pour roi sur la Syrie, et Jéhu pour roi sur Israël. Le jugement, pour tarder, ne s’en exécutera pas moins.
a – Hitzig, dans son Histoire du peuple d’Israël I, page 176, explique le miracle en disant que l’eau avec laquelle Elie arrosa son autel était du naphte.
[Chose remarquable que cette intervention d’un prophète dans la politique d’un Etat étranger. Ce n’est probablement que plus tard (2 Rois 8.7-15 ; 9.2) que Hazaël et Jéhu reçurent l’onction, qui les appelait au trône. Elie se hâta au contraire de se choisir un successeur en la personne d’Elisée. — Les nombreux miracles d’Elie et d’Elisée s’expliquent, comme ceux de Moïse (§ 63), par le fait qu’il y avait alors lutte à toute outrance entre les adorateurs des faux dieux et ceux de l’Éternel.]
Cependant, on ne peut pas dire que la journée du Carmel ait été complètement inutile. Elle a rendu quelque courage aux autres prophètes ; on les voit sortir de leurs retraites, et circuler librement jusque dans Samarie, où ils viennent annoncer au roi que l’Éternel le rendra vainqueur des Syriens (1 Rois 20.13,28). Et quand, après deux victoires signalées qui ont prouvé à Achab la vérité des promesses divines, ce monarque insensé retombe dans la désobéissance et qu’il épargne l’ennemi qu’il aurait dû détruire, — les prophètes sont encore là pour lui dénoncer les jugements célestes (v. 42).
A côté de ces vrais messagers de Dieu, les faux prophètes ne manquent malheureusement pas. Le chapitre 22, ne nous présente pas moins de 400 de ces prophètes de mensongeb, tandis que Michée, fils de Jimla, se trouve seul de son bord en face de toute cette multitude.
b – On en a fait des prophètes païens : on a voulu y retrouver les prophètes d’Astarté qui avaient échappé au massacre du Carmel. Mais 1 Rois 22.17-21 s’oppose absolument à cette manière de voir. C’étaient ces hommes qui se dormaient pour des messagers du vrai Dieu, mais qui au fond n’avaient qu’un but, celui de plaire au roi. Ils se rattachaient probablement au culte de Béthel.
Ainsi que Michée le lui avait annoncé, Achab fut battu par les Syriens dans une troisième rencontre, et il perdit la vie dans la bataille. Son fils Achazia lui succéda. Son règne fut court et mauvais ; il suivit le train de son père et de sa mère. Son frère Achazia fit aussi ce qui est mauvais devant l’Éternel, sans aller pourtant aussi loin que son père et sa mère.