Elle se maintint au pouvoir plus longtemps que toutes les autres, un siècle et plus ; ce fut la récompense de la guerre d’extermination que son fondateur fit à Baal et à ses prêtres. Malheureusement Jéhu s’arrêta à moitié chemin dans sa réforme ; il laissa subsister le culte du veau d’or à Béthel et à Dan, et les bocages d’Astarté à Samarie (2 Rois 13.6). Aussi ses fils ne furent-ils assis sur le trône d’Israël que jusqu’à la quatrième génération (2 Rois 10.30). D’ailleurs, le sang de la famille d’Achab criait vengeance contre celle de Jéhu. « Dans peu de temps, dit l’Éternel en Osée 1.4, je ferai sur la maison de Jéhu la punition du sang de Jizréel. »
Au point de vue politique, le royaume d’Israël fut très malheureux sous Jéhu, et plus encore sous son fils Joachaz ; Hazaël l’envahit à plus d’une reprise et le pays de Galaad fut tout particulièrement maltraité (Amos 1.3) ; il fit même momentanément partie de la Syrie.
Au milieu de la détresse générale, le rôle des prophètes se modifia. Au lieu de faire une opposition qui n’aurait du reste été que trop justifiée, ils furent les premiers à ranimer les esprits abattus. Elisée mourant promet au pauvre Joas la victoire sur les Syriens (2 Rois 13.14) ; et plus tard Jonas, le fils d’Amittaïe, annonce que le royaume recouvrera bientôt toutes ses provinces perdues. Joas battit les Syriens et le roi de Juda ; son fils Jéroboam II (825-784) fut encore plus heureux ; non seulement il rendit à son royaume ses anciennes limites, mais encore il conquit une partie de la Syrie. Mais cette prospérité extérieure ne fut pas le signal d’un retour au vrai Dieu. Loin de là, le peuple ne fit que de se corrompre toujours davantage, et jamais le royaume d’Israël ne marcha aussi rapidement à sa ruine que sous ce règne brillant. Cette ruine prochaine, Amos et Osée furent chargés de l’annoncer. Amos, le berger de Técoa, laisse son troupeau dans les montagnes de Juda et se rend en Israël, pour dénoncer les jugements de Dieu aux seigneurs de Samarie ; ils vivaient dans la luxure, ils opprimaient le pauvre, ils oubliaient qu’il y a un Dieu qui ne tolère pas à toujours l’injustice ; il vient le leur rappeler (Amos 5.10 ; 6.1-6). La masse du peuple se confiait en sa fausse piété ; et, en effet, elle ne manquait pas d’un certain zèle ; on allait en pèlerinage à Béthel, à Guilgal, on courait même jusqu’à Béerscéba (Amos 5.5 ; 8.14), on sacrifiait, on payait la dîme, on encourageait les dons volontaires (Amos 4.4) ; bref, on était content de soi, on croyait n’avoir rien à redouter (Amos 5.14) ; pour braver les prophètes, on allait jusqu’à hâter de ses vœux le jour de l’Éternel, dont ils parlaient souvent dans leurs remontrances (Amos 5.18). Malheur, s’écrie Amos, à ceux qui désirent le jour de l’Éternel ! — Un peu plus tard, vers la fin du règne de Jéroboam II, c’est Osée qui élève la voix. L’heure fatale va sonner ; le troisième descendant de Jéhu est depuis longtemps sur le trône (2 Rois 10.30). Voilà ce qu’il rappelle d’abord à Jéroboam, qui semble l’avoir oublié, puis à tout le peuple ; et quand le roi sera mort, et que le royaume tombera dans l’anarchie, même alors il ne se taira pas (ch. 4).
e – Le même qui fut envoyé à Ninive. La prophétie à laquelle fait allusion 2 Rois 14.25, n’existe plus. Hitzig n’a pas eu la main heureuse quand il a cru la retrouver dans Esaïe ch. 15.