L’histoire du royaume de Juda sous le gouvernement des deux premiers rois, Roboam et Abijamf, n’offre rien de bien remarquable. L’idolâtrie gagne du terrain et les revers marchent à sa suite. Sous Roboam, Sisak, le roi d’Egypteg, pénètre jusqu’à Jérusalem en dépit de la ceinture de forteresses dont le roi avait pris soin d’entourer sa capitale, et Jérusalem tombe entre ses mains (1 Rois 14.25 et sq.). C’est dans ce moment que le prophète Scémahja, dont nous avons déjà dit un mot au § 170, prêche avec force la repentance dans le royaume de Juda (2 Chroniques 12.5 et sq.).
f – Abija dans les Chroniques.
g – Le Sésonchis des Grecs.
Abijam remporte une victoire sur Jéroboam et lui enlève quelques villes (2 Chroniques ch. 13) ; mais, qu’est-ce que cet agrandissement éphémère en comparaison de l’humiliation imprévue que le royaume avait eu à subir de la part des Egyptiens, sous le fils même de Salomon ?
Quelque chose de mieux qu’une conquête eut lieu sous le troisième roi : Asa, après avoir battu Zéraph, un roi d’Egypte d’origine éthiopienne, organise dans son royaume, à l’instigation de Hazaria, fils de Hoded, une grande réforme religieuse (2 Chroniques 15.1)h. C’est la première. Malheureusement elle n’est pas radicale. Asa ne réussit pas à déraciner complètement l’idolâtrie. Hanani est un autre fidèle serviteur de Dieu de ce temps-là (2 Chroniques 16.7). Asa ayant fait alliance avec Damas contre Israël, Hanani lui adresse de la part de l’Éternel de sévères remontrances, et le roi irrité le jette en prison.
h – Au v. 8, il est parlé de Hoded, le prophète. C’est une erreur. Il faut lire : Hazaria, fils de Hoded, comme au v. 1.
Josaphat est l’un des meilleurs rois de Juda (914-889). Il établit à Jérusalem, sans doute d’après les indications fournies par Moïse en Deutéronome 17.8 et sq., un tribunal de dernière instance, à propos de l’organisation duquel nous voyons apparaître pour la première fois la distinction entre le spirituel et le temporel (2 Chroniques 19.5-11 : affaire de l’Éternel et affaire du roi, v. 11, דבר יהוה et דבר המלכ.ֻ). Après avoir pourvu à l’administration de la justice, il songe à l’instruction religieuse de ses sujets ; il nomme une commission de 16 membres, — 2 prêtres, 9 Lévites et 5 grands officiers, — pour faire le tour de toutes les villes de Juda et aller expliquer partout au peuple le livre de la loi (2 Chroniques 17.7-9). Il comblait ainsi une lacune ; la tradition orale ne suffisait évidemment pas à maintenir à un niveau satisfaisant les connaissances religieuses des Israélites. Toutefois, il ne parait pas que Josaphat ait voulu créer une institution permanente, et c’est à tort qu’on a vu dans cette mesure extraordinaire l’origine des synagogues.
Si les prêtres secondent puissamment Josaphat dans ses pieux efforts, les prophètes ne lui font pas défaut non plus. Nommons Jéhu, fils de Hanani, que nous avons déjà vu (§ 172) exercer un ministère énergique en Israël (1 Rois 16.1), et dont il est également parlé en 2 Chroniques 19.2 ; Eliézer (2 Chroniques 20.37), qui condamne aussi absolument que Jéhu l’alliance que Josaphata conclue avec les rois d’Israël ; et enfin le Lévite Jahaziel (2 Chroniques 20.14), qui annonce aux hommes de Juda que Dieu va les rendre victorieux des Moabites et des Hammonites ; et en effet, ces deux peuples alliés, frappés d’aveuglement, se détruisirent mutuellement. C’est probablement à l’occasion de cette délivrance qu’ont été composés par les enfants de Coré, les Psaumes 47 et 48. — Ainsi donc, le règne de ce roi fidèlei fut un règne béni.
i – La seule faute de Josaphat fut son alliance avec Israël.