Cette période s’ouvre par un règne relativement heureux, et par la lutte suprême de la foi contre l’idolâtrieb.
b – Voyez, pour le règne de Josias, 2 Rois ch. 22 et sq., et 2 Chroniques ch. 34 et sq. Pour accorder ces deux récits, il faut prendre pour base celui des Chroniques.
Ammon ayant été assassiné, le peuple s’éleva contre les conspirateurs, les fit périr et proclama roi Josias, qui n’avait alors que huit ans. Dès l’âge de seize ans, ce pieux fils d’un roi impie commença à chercher l’Éternel, et quatre ans après il se mit en devoir de purifier son royaume de tout culte idolâtre. Il profana la vallée de Hinnon, qui désormais fut le symbole de l’enfer, auquel elle donna même son nom : Géhenne signifie vallée de Hinnon. Mais ce n’est qu’à partir de la 18me année de son règne, après que Hilkija, le grand prêtre, eut retrouvé le livre de la loi, complètement oublié pendant les 60 années de paganisme d’où l’on sortait à peine, — que Josias organisa une réforme vraiment radicale. Il fut épouvanté à l’ouïe des menaces que la loi renferme à l’adresse de l’idolâtrie, et la prophétesse Hulda, qu’il consulta à ce propos, lui répondit d’une manière qui n’était point propre à calmer ses justes craintes. Il prit les mesures les plus sévères pour abolir entièrement l’idolâtrie dans toute l’étendue de son royaume et jusque chez les Samaritains. Il fit renouveler à tous ses sujets une alliance solennelle avec l’Éternel, et l’on célébra une Pâque telle qu’on n’en avait jamais célébré sous les Juges, ni sous les Rois.
[Tel est le vrai sens de 2 Rois 23.22. La Pâque de Josias l’emporta sur celle d’Ezéchias elle-même (2 Chroniques ch. 30) en sérieux et en solennité. Voyez dans Néhémie 8.17, un passage absolument identique relativement à la fête des Tabernacles. C’est bien à tort que Thénius a conclu de ces passages, que ces deux fêtes ne s’étaient plus jamais célébrées depuis le temps des Juges.]
On a dit que le livre de la loi que le souverain sacrificateur trouva en purifiant le temple, ne renfermait probablement qu’une partie du Pentateuque, et que c’est à cette occasion que, dans l’intérêt de la réforme, les prêtres et les prophètes, Jérémie en particulier, ont composé le Deutéronome et l’ont fait passer pour un livre de Moïse.
[Telle est l’hypothèse de Gramberg et de P. de Bohlen. — Ewald fait composer le Deutéronome en Egypte 30 à 40 avant Josias. — Mais toutes ces suppositions viennent échouer contre deux faits : les prophètes antérieurs connaissent évidemment le Deutéronome, et l’on en trouve dans l’histoire du royaume d’Israël des traces manifestes.]
Les malédictions qui ont effrayé le roi sont bien celles de Deutéronome ch. 28, mais à part cela, cette hypothèse est absolument dénuée de tout fondement. De quel droit prétend-on que l’auteur du livre des Rois n’entend parler que d’une partie de la loi, quand il dit que Hilkija a retrouvé la loi, — ou bien que le Pentateuque n’a pas-pu se perdre tout entier ? Il n’existait bien probablement alors que quelques rares exemplaires de la loi, en sorte qu’il n’y a absolument rien d’étonnant à ce que, pendant les 60 ans durant lesquels la religion de Moïse cessa d’être la religion nationale des Juifs, les livres de la loi aient été oubliés et mis de côté. Ce serait bien plutôt le contraire qui aurait lieu de surprendre.
[Voyez la Bible avant, la Réformation ; et l’imprimerie était inventée, et combien d’éditions latines n’en avait-on pas faites ? — Si un certain parti venait à triompher aujourd’hui et restait au pouvoir pendant 60 ans, que resterait-il après cela dans le peuple en fait de connaissances bibliques ?]
La réforme de Josias, — la dernière qui fut accordée à Juda, — ne réussit pas, en dépit de sa sévérité, à guérir le peuple de sa disposition à l’idolâtrie. Le culte légal fut rétabli, mais les cœurs ne furent pas touchés. On pensa avoir assez fait pour Dieu quand on fut revenu aux formes régulières du culte mosaïque. « Juda, la perfide, ne s’est point retournée à moi de tout son cœur, mais elle l’a fait en mentant, dit l’Éternel. » (Jérémie 3.10) Les ruines de Samarie étaient là pour témoigner de la manière dont l’Éternel exécute ses menaces ; Jérusalem aveuglée en prenait au contraire occasion de se plonger toujours plus dans la sécurité : « C’est ici le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternelc ! » Les prêtres avaient secondé Josias dans sa tentative de réformation, mais sans droiture, hypocritement ; c’étaient alors pour la plupart des gens profanes et grossiers (Jérémie 5.31 ; 6.13 ; 8.10 ; 23.11).
c – Voyez dans Jérémie 7.1-15, comment le prophète cherche à ouvrir les yeux de ses concitoyens.
[Jérémie, bien que d’origine sacerdotale, dut s’élever contre les sacrificateurs dans le commencement de son ministère (Jérémie 1.18), et fut constamment l’objet de leur haine et de leurs poursuites (Jérémie 11.21 ; 26.7).]
Ils faisaient peu de cas de la loi, ils lui faisaient violence (Ézéchiel 22.26), ils l’interprétaient faussement, de manière à en faire sortir le mensonge et non pas la vérité (Jérémie 8.8) ; et tout en agissant ainsi avec elle, ils en parlaient continuellement comme d’une garantie certaine de prospérité pour leur patrie. Avec la loi, Juda ne peut périr. Et cette loi, ce sont justement les prêtres qui en assurent l’observation, car « la loi ne peut pas échapper aux prêtres » (Jérémie 18.18 ; 7.4 ; 8.11).
Après cela, n’oublions cependant pas que Jérémie et Ezéchiel étaient tous deux de race sacerdotale, ce qui prouve qu’il s’était conservé parmi les descendants d’Aaron un noyau d’hommes fidèles. Voyez également Ézéchiel 44.15.
La vocation de Jérémie tombe sur la treizième année du règne de Josias. C’était donc le moment où le roi entreprenait la réforme de son royaume (Jérémie 1.2 ; 25.3). C’est aussi à peu près la date de la vocation de Sophonie, mais Jérémie fut le plus grand des serviteurs de l’Éternel de ce temps-là. Après que les Juifs eurent renouvelé l’alliance sainte, il parcourut tout le pays pour leur rappeler la portée des engagements qu’ils venaient de prendre (Jérémie 11.1-8), et il chercha jusqu’à la fin à sauver par sa prédication sévère ceux de ses compatriotes qui pouvaient l’être encore.