Dès la première année de son règne, Cyrus permit aux Juifs, de s’en retourner chez eux et. de relever le temple de Jérusalem (2 Chroniques 36.22 ; Esdras 1.1). C’était 536 ans av. J.-C. Il ordonna aux habitants des divers lieux où ils avaient vécu et qu’ils allaient quitter, de les soulager en leur fournissant de l’argent pour leur voyage et pour la construction de la maison de leur Dieu (Esdras 1.4). Lui-même il leur rendit les vases sacrés que Nébukadnézar avait emportés (v. 7), il leur accorda une allocation sur les finances royales (Esdras 6.8), pour les aider à rebâtir le temple, et même des dons en nature pour leurs sacrifices. Josèphe rapporte (Ant. 11.1.2), que ce qui disposa si favorablement Cyrus à leur égard, ce fut la lecture qu’on lui fit d’Ésaïe 44.28, prophétie que Josèphe suppose avoir été écrite 210 ans auparavant. On peut, si l’on veut, mettre en doute l’exactitude de cette notice ; l’historien juif est une autorité assez suspecte en de pareilles matières. Mais l’édit de Cyrus est et demeure fort étonnant : « Ainsi a dit Cyrus, roi de Perse : L’Éternel, le Dieu des cieux, m’a donné tous les royaumes de la terre, et Lui-même m’a ordonné de Lui bâtir une maison à Jérusalema. » Esdras 1.2. Une mesure semblable ne s’explique guère sans quelque fait de la nature de celui que raconte Josèphe, et ce fait au contraire n’a rien de surprenant quand on songe à la position éminente que Daniel occupait à la courb.
a – Dans Hérodote aussi, les oracles jouent un grand rôle dans la vie de Cyrus.
b – Qu’on songe aussi à l’intérêt que Nébukadnézar témoigna à Jérémie, et même, si l’on veut, à la considération dont Josèphe jouit auprès de Vespasien (Bell. jud. III, 8, 9).
Winer cherche à expliquer l’édit de Cyrus, en disant que Jérusalem pouvait lui rendre d’importants services, comme ville forte, d’où il lui était facile de tenir en sujétion les peuplades voisines. — Mais il oublie que ni cet édit, ni celui de Darius, fils d’Hystape, ne parlent, des murailles de Jérusalem, mais uniquement du templec. Les rois perses, on le conçoit sans peine, et la suite des événements l’a prouvé, ne pouvaient voir de bon œil que Jérusalem redevint une place forte : les Juifs étaient trop remuants pour cela, et Jérusalem trop difficile à prendre. C’est évidemment par un sentiment religieux que fut inspiré l’édit de Cyrus ; ce fut pour lui une affaire de conscience et non point d’intérêt politique.
c – Voir Auberlen, le prophète Daniel, p. 116.
Zorobabel, (זרוע ב.ֻבל, Zeroua Babel, né à Babyloned), נשיא un prince de Jiida, ayant aussi le titre de gouverneur perse, de Pécha (pacha, פ_הּ), un rejeton du tronc de Jessé, un petit fils du roi Jéhojachin qui était mort à Babylone (2 Rois 25.27), se mit à la tête des Juifs qui profitèrent de l’édit de Cyruse.
d – Son nom chaldéen est Sçesçbatsar.
e – Ils avaient pour chef spirituel le souverain sacrificateur Josçuah (Josué, ou Jésus).
[Petit-fils du roi Jéhojachin par Pédaja, d’après 1 Chroniques 3.19. par Salathiel, d’après Esdras 3.2. Peut-être y a-t-il eu ici un cas de lévirat, ou bien Zorobabel fut-il simplement, après la mort de son père Pédaja, adopté par son oncle Salathiel.]
Ils étaient au nombre de 42 360. Le troisième livre d’Esdras (3 Esdras 5.41) rapporte que, dans ce nombre, ne furent pas compris les enfants de moins de 12 ans. Ils étaient accompagnés d’environ 7 000 esclaves des deux sexes. Un corps de cavalerie perse les escorta jusqu’à Jérusalem. Mais à peine y étaient-ils arrivés qu’ils se dispersèrent « chacun dans sa ville. » (Esdras 2.1.70 ; Néhémie 7.6) Il ne faut pas. prendre trop à la lettre ces derniers mots, car le territoire occupé par la nouvelle colonie était loin de correspondre à celui de l’ancien royaume de Juda ; d’après Esdras 2.20 ; Néhémie 7.25 et sq., ce n’était guère que la partie des tribus de Juda et de Benjamin la plus rapprochée de Jérusalem. En effet, les nouveaux arrivés étaient pour la plupart des Israélites de la tribu de Juda (Néhémie ch. 11). Il se trouvait aussi parmi eux beaucoup de prêtresf (4 289), et juste assez d’Israélites des autres tribus pour qu’ils pussent se considérer comme les représentants du peuple tout entier, et que, lors de la dédicace du nouveau temple, l’on offrit douze jeunes boucs pour le péché, un pour chaque tribu (Esdras 6.17). Voyez aussi Esdras 8.35 ; Néhémie 7.7, qui renferme douze noms propres et 3 Esdras 5.8.
f – En revanche, très peu de lévites ; 341 d’après Esdras 2.40 ; 360 d’après Néhémie 7.43.
[Dans Esdras 2.2, il en manque un. On voit par Esdras 2.59 et sq. quelle importance on mit à ce que les Juifs du retour pussent prouver qu’ils faisaient bien réellement partie du peuple de Dieu. Toutefois l’absence de généalogies n’excluait pas de la nation sainte. Les prêtres seuls qui ne pouvaient prouver qu’ils descendaient réellement d’Aaron, se voyaient suspendus dans l’exercice de leurs fonctions. Pourquoi, du moment qu’on admettait des prosélytes dans l’assemblée de l’Éternel, en aurait-on banni les Israélites dont les papiers n’étaient pas en règle ? — Au reste Néhémie ch. 11 montre qu’on s’efforça toujours de maintenir l’antique division du peuple par tribus. Il est vrai que cette liste (Néhémie ch. 11) n’appelle par leur nom que les ressortissants de Juda, de Benjamin et de Lévi ; les autres sont désignés d’une manière vague : « le reste d’Israël. » Peut-être étaient-ce surtout les Israélites des 10 tribus qui avaient perdu leurs registres. Luc 2.36, mentionne toutefois une femme de la tribu d’Ascer.]
Le talmud rapporte que les Juifs riches et heureux restèrent presque tous à Babylone, et que ce ne furent que les pauvres et les chétifs qui retournèrent dans leur patrie. La chose est assez probable en soi et Sophonie 3.12 l’avait annoncé. Cependant, à en juger par la grandeur des sommes qu’on recueillit à Jérusalem pour rebâtir le temple (Esdras 2.68 ; Néhémie 7.70-72), il devait s’y trouver aussi quelques familles aisées.
On se réunit d’abord pour la célébration du culte autour d’un simple autel (Esdras 3.2), et les sacrifices réguliers commencèrent (v. 6) le premier du septième mois. C’est peut être en souvenir de ce fait que depuis le retour de l’exil, le premier Tisri fut considéré comme le premier jour de l’année civile ; voyez-en la célébration solennelle dans Néhémie 8.1, 9-12 (§ 150).
Mais il fallait rebâtir le temple ; on se mit courageusement à l’œuvre, et les fondements en furent posés au milieu des cris de joie de tout le peuple. Les quatre Psaumes 96 à 99, qui n’ont pas de noms d’auteurs, ont, peut-être été composés à cette occasion, ainsi que le Psaume 102. On place ordinairement ce dernier à la fin de l’exil, mais il me paraît convenir mieux encore au temps des petits commencements, après l’exil, voyez v. 14 et 20 à 23. On peut voir à ces divers Psaumes quelles espérances nourrissaient alors pour l’avenir tle leur peuple les Israélites croyants.
De dures épreuves étaient encore réservées au nouveau peuple de Dieu. Les Samaritains ayant demandé de pouvoir prendre part à la construction du temple et ayant essuyé un refus péremptoire, se vengèrent en faisant suspendre ce travail jusqu’à la seconde année du règne de Darius, fils d’Hystaspe (Esdras 4.1-5).