Un Dieu que sa force et sa gloire élèvent infiniment, au dessus du monde, qui intervient librement dans les affaires d’ici-bas, qui se sert parfois pour cela des éléments et des forces de la nature, mais qui peut s’en passer aussi et qui peut agir sur la terre au moyen des puissances invisibles du monde supérieur, tel est l’Éternel des armées. Les dieux du paganisme sont loin d’être indépendants des astres ou des éléments avec lesquels l’imagination des hommes s’est plu à les mettre en rapport ; l’Éternel des armées est au contraire le souverain maître de la nature entière (Psaumes 24.10, comparé à v. 1 ; Ésaïe 6.3 : Saint, saint, saint est l’Éternel des armées, s’écrient les séraphins, et ils ajoutent immédiatement : tout ce qui est dans toute la terre est sa gloire. Ésaïe 51.15 : Je suis l’Éternel ton Dieu qui sonde la mer, et ses flots bruient ; l’Éternel des années est son nom. Ésaïe 54.5 : L’Éternel des armées est son nom.… Il sera appelé le Dieu de toute la terre. Amos 9.9 : L’Éternel des armées est celui qui touche la terre et elle se fond… Voyez surtout Jérémie 10.1-16 et particulièrement ce dernier verset : « C’est Lui qui a tout formé, l’Éternel des armées est son nom ! »
Cependant, il y a aussi quelque chose de Jéhovah dans l’Éternel des armées (§ 41) ; outre tant de passages déjà cités, Psaumes 46.7, 11 ; 80.8, 15, prouvent bien que c’est particulièrement en faveur de son peuple et pour l’avancement de son règne, que l’Éternel des armées déploie sa puissance. Rien donc de surprenant à ce que les monuments de la sagesse israélite, les livres dont nous nous occuperons dans la troisième partie de notre étude, ne se servent jamais de ce nom de Dieu, puisqu’ils n’ont pas pour objet les révélations que Dieu a successivement accordées à son peuple pour avancer son règne sur la terre.
[Si ce nom ne se rencontre pas non plus dans le Pentateuque, cela vient probablement de ce que l’Ange de l’Éternel y occupe une place si importante qu’il éclipse et qu’il laisse complètement dans l’ombre les années célestes.]
Plus tard, il se forma un nom spécial, le Dieu du ciel, pour exprimer la notion de transcendance que nous venons de signaler dans le nom plus général d’Éternel des armées (Daniel 2.37, 44).