Préparation évangélique

LIVRE XI

CHAPITRE II
TIRÉ D’ATTICUS SUR LA TRIPLE DIVISION DE LA PHILOSOPHIE SUIVANT PLATON

« La philosophie tout entière se divisait donc en trois parties·, savoir l’éthique, la philosophie physique, et la logique ; la première a pour objet de définir en quoi consiste le beau et bon (καλὸν καὶ ἀγαθὸν), de régler, dans le meilleur ordre possible, les relations de la famille ; aussi bien que d’ordonner la réunion entière du peuple, dans des rapports qui soient les meilleurs, en lui donnant des lois en parfaite harmonie avec l’état social le plus prospère. La seconde division s’élevant à l’étude des choses divines, se propose de nous faire connaître les premières causes, et les causes secondes qui procèdent des premières ; c’est là ce que Platon a décoré du nom de (ἡ περὶ φύσεων ἱστορία) histoire ou recherche de la nature. La troisième partie embrasse les moyens de parvenir, à la discussion et à la découverte des deux premières. Quant à ce que Platon, le premier, et par-dessus tous les autres, a rapproché et concentre toutes les parties de la philosophie, dispersées avant lui, et comme jetées çà et là, à la manière des membres de Penthée, en sorte de faire apparaître, comme on l’a dit, la philosophie telle qu’un corps vivant et complet ; certes, c’est un fait évident pour tous. Ce ne furent en effet, ni Thalès, ni Anaximène, ni Anaxagore, ni aucun de ceux qui furent adonnés aux mêmes études, dont on sait pertinemment que l’attention fut exclusivement fixée sur la nature des choses. Ce ne furent pas non plus Pittacus, Périandre, Solon ni Lycurgue, ni ceux qui les suivirent, que l’on connaît pour avoir renfermé toute leur philosophie dans la constitution politique des Etats. Zénon et toute l’école d’Hélée, est notoirement signalée comme s’étant occupée principalement de l’art oratoire. Platon succédant à tous ceux que nous venons de nommer, doué d’un génie accompli, et infiniment supérieur à ses devanciers, peut être regardé comme véritablement envoyé des Dieux, pour faire embrasser la philosophie dans son ensemble : il n’a rien omis, en effet, de tout ce qui pouvait être nécessaire à ce plan : il a discuté avec soin chaque partie, sans rien retrancher d’essentiel, sans rien ajouter de superflu. Puis donc qu’il appartient au disciple de Platon, comme nous l’avons dit, d’aspirer à connaître toute la philosophie, en étudiant les lois de la nature, en dissertant sur les mœurs, en traitant des règles de la dialectique, livrons-nous à l’examen de chacune de ses parties. » Telles sont les expressions d’Atticus, auquel le Péripatéticien Aristoclès vient joindre son suffrage dans le septième livre de son traité de la physiologie, ou étude de la nature. »

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant