Le Messie est avant tout un roi ; un roi qui s’élève de la bassesse à la gloire, comme le fils d’Isaïee ; un roi qui trouve son peuple et sa famille dans le dernier abaissement, qui naît dans une ville chétive (Michée 5.1), comme le rejeton d’un arbre abattu (Ésaïe 11.1, גזע signifie la souche, ce qui reste d’un arbre quand on l’a abattu ; Job 14.8). Mais ce rejeton, — d’après Ézéchiel 17.22, cette bouture, — devient un cèdre immense dans les rameaux duquel toutes sortes d’oiseauxf viennent faire leur demeure, et qui reçoit une gloire plus grande que celle de tous les arbres des champsg.
e – C’est à cette conformité entre David et le Messie qu’est due la mention d’Isaïe dans Ésaïe 11.1,10.
f – C’est-à-dire les différents peuples de la terre.
g – Les puissances terrestres.
Nous retrouvons la même pensée dans Zacharie 9.9. Le Messie n’entre pas à Jérusalem en glorieux conquérant, mais humblement monté sur un âne. Il ne s’entoure pas d’un appareil guerrier, lui par la venue duquel les armes seront changées en instruments d’agriculture (Ésaïe 9.4). Son règne est un règne de paix, et c’est sans-guerre que sa domination s’étend peu à peu d’une mer jusqu’à l’autre, et depuis le fleuve jusqu’aux extrémités de la terre. Que si quelqu’un m’objecte Michée 5.4, et, sans sortir de Zacharie, Zacharie 9.11, où le Messie apparaît de nouveau comme un prince guerrier, je le renvoie à ce que nous avons vu, au commencement du § 216 sur l’apparente contradiction qui règne parfois entre les prophéties les plus rapprochées les unes des autres.
On sait combien la question de savoir si l’A. T. connaît un Messie souffrant pour les péchés de son peuple (Χριστὸς παθητός), a occupé l’ancienne Église. Vis-à-vis des Juifs, que la mort du Messie des Chrétiens scandalisait, la chose avait une importance capitale. Qu’en est-il ? Jusqu’à présent, nous n’avons rencontré aucun passage qui mette l’abaissement du Messie en rapport avec l’expiation des péchés du peuple. Dans Ésaïe 11.4,9, le Messie abolit bien l’iniquité, mais uniquement en jugeant avec justice, en consumant le méchant par le souffle de sa bouche, et en remplissant le pays de la connaissance de l’Éternel. De cette façon, il n’y aura plus personne qui fasse le mal sur la sainte montagne de l’Éternel.
Mais nous n’avons pas vu encore toutes les prophéties messianiques. Il y a tout un filon, dans cette riche mine, qui renferme les éléments d’un Messie souffrant pour les péchés de son peuple, d’un Messie qui est sacrificateur avant que d’être roi. Pour ne pas isoler cet important article du corps des doctrines de l’A. T., posons-nous d’abord une question plus générale et demandons-nous quelle est dans l’A. T. l’importance que paraissent avoir pour l’avancement du règne de Dieu les souffrances des justes ?