Toute l’écriture sainte des Hébreux nous, donne des enseignements nombreux à ce sujet, tantôt lorsqu’elle dit : le ciel sera roulé comme un livre (Is., XXXIV, 4) ; tantôt lorsqu’elle ajoute : il y aura un ciel nouveau, une terre nouvelle, que je ferai demeurer en ma présence (Is., LXVI, 17) ; enfin quand elle dit ailleurs : La figure de ce monde passe.
Ecoutez maintenant de quelle manière Platon fonde ce dogme, dans le Timée : « Il a constitué le monde de manière à le rendre visible et sensible au toucher, et pour cet effet, son corps à été produit d’après les règles de proportion, tant, d’autres choses semblables que des éléments au nombre de quatre ; il tira de ceux-ci l’amitié (φιλία) afin que confondant un même corps en soi, il fut indissoluble par tous les autres, excepté par celui qui a enchaîné leur existence. » Il dit ensuite :
« Le temps est donc venu avec le ciel, afin qu’étant nés en même temps, ils cessassent au même moment, si un jour leur dissolution doit avoir lieu. » Il dit encore :
« Dieux issus des dieux dont je suis le créateur, comme père des œuvres qui sont émanées de moi, ma volonté est qu’elles soient indissolubles. » Il ajoute en suivant :
« Tout ce qui a été lié peut être délié ; mais ce qui offre une organisation parfaite et un heureux ensemble, vouloir le détruire serait le fait d’un être pervers. Or, puisque votre existence a eu un commencement, vous n’êtes pas immortels ni essentiellement indestructibles, néanmoins vous ne retomberez pas en dissolution, ni ne serez soumis au destin des mortels, étant par ma volonté, formés d’un lien plus fort et vainqueur des éléments dont vous provenez, puisque vous avez commencé. »
Dans le Politique, on lit ce qui suit :
« Cet univers que voici, tantôt c’est Dieu même qui le dirige lui imprimant une marche circulaire, tantôt il l’abandonne, quand les périodes de temps convenable ont atteint leur mesure ; d’autres fois encore, il tourne machinalement dans un sens contraire, en sa qualité d’animal, ayant reçu un instinct providentiel de celui qui l’a combiné dans le principe. Quant à cette marche rétrograde, voici pourquoi elle lui est advenue ; c’est par une nécessité innée.
« Par quelle cause donc ?
« Il n’appartient qu’aux seuls êtres les plus divins de tous, d’être constamment de même, et dans des données immuables, enfin d’être toujours semblables à eux. La nature du corps n’appartient pas à cet ordre de choses ; c’est pourquoi ce que nous nommons ciel et univers participe, il est vrai, à beaucoup de béatitudes qu’il tient de son auteur ; mais en même temps il avait les attributs du corps, de sorte qu’il lui est complètement impossible de se soustraire au changement ; cependant, par son aptitude virtuelle, il se meut d’un mouvement égal dans le même orbite ; c’est pourquoi la rotation circulaire lui est échue en partage avec la moindre parallaxe qui se puisse, dans son mouvement propre. Cependant, comme il est presque impossible à qui que ce soit de tourner constamment sur soi-même, sinon à celui qui a été le premier moteur de tous les mouvements (pour celui-là, il ne lui est permis ni de se mouvoir autrement, ni de se mouvoir contrairement à son entraînement premier) ; d’après tous ces précédents on ne doit donc dire ni que l’univers se meut de lui-même, ni toujours, ni non plus que deux mouvements circulaires opposés entre eux lui ont été imprimés par Dieu, ni enfin que deux divinités mues par des sentiments de rivalité, l’ont poussé également ; mais ce qui vient d’être déclaré, qui seul peut subsister, est, que tantôt il est lancé par une cause divine, autre que lui-même, ensuite, qu’ayant reçu de son créateur, de vivre et de posséder une immortalité réparatrice, lorsqu’il est abandonné à lui-même, il marche de son propre mouvement pendant une durée de temps telle qu’il redéfait les innombrables révolutions qu’il avait accomplies, par la raison que, bien qu’il soit de la plus grande dimension, étant aussi dans un équilibre parfait, il doit se mouvoir d’après les lois de retour du plus petit balancier.
« Il me paraît que ce que vous venez de dire pour exprimer votre pensée, a été dit de la manière la plus satisfaisante.
« Remettons-nous, donc dans la pensée l’effet que nous avons constaté par les raisonnements dont nous nous sommes servis : celui qui est cause lui-même de toutes les merveilles que nous soyons ; c’est bien celui-là.
« Lequel ?
« Celui par lequel l’entraînement de l’univers autour de son centre est tantôt tel que nous le voyons maintenant, tantôt diamétralement contraire.
« Comment donc ?
« C’est qu’on doit considérer cette variation dans tous les solstices, comme le dérangement le plus grand et le plus complet qui puisse se passer dans le ciel.
« Cela me paraît ainsi.
« Et l’on est forcé de penser que ceux d’entre nous qui alors habiteront au sein de cet univers, éprouveront des changements infinis ?
« Cela est encore probable.
« Cependant ne savons-nous pas, que le tempérament des animaux supporte difficilement les changements répétés fréquemment, qui apportent un violent trouble, en se heurtant de toutes façons,
« Comment cela pourrait-il ne pas être ?
« Il y aura donc alors nécessairement des épidémies et épizooties, des plus destructives-, en sorte qu’il ne survive à cette catastrophe qu’un petit nombre d’hommes et d’animaux. Ils seront exposés à une foule d’autres accidents, inconnus jusque-là, et tenant du prodige ; mais le plus grand sera sans doute celui qui se rattache à ce déroulement de l’univers, lorsque la marche régulière qui préside maintenant au maintien du monde éprouvera le bouleversement le plus complet. »
C’est à la suite de ces enseignements, qu’il parle de la résurrection des morts, d’une manière entièrement semblable aux opinions des Hébreux. Voici en quels termes :